La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
debout, à ne pas
refuser de boire quand un supérieur les y invite.
On a retrouvé parmi les manuscrits de la fin de
l’époque des Tang découverts en Asie centrale
des textes édifiants qui contiennent des recommandations de ce genre. Le fils pieux, l’ami ou
l’épouse fidèles qui poussent jusqu’à l’héroïsme
piété filiale et fidélité, tels sont les idéaux que
l’on propose à la jeunesse.
Cette éducation freine les tendances individualistes et ne forme en général que des gens admirablement adaptés à la vie sociale. Elle ne produit
guère de révoltés ni d’ambitieux. Elle ne favorise
pas non plus les tempéraments guerriers et belliqueux. Notons qu’au XIII e siècle les sports ne sont
pas très cultivés et que leur pratique est même en
régression par rapport à l’époque des Tang, où
les gens des hautes classes montraient en particulier un engouement extraordinaire pour un jeu
venu d’Iran : le polo. Au XIII e siècle, au contraire,
boxe, lutte, escrime, polo, tir à l’arc, football sont
pratiqués presque exclusivement par les officierset les soldats. L’opposition s’est accentuée à
l’époque des Song entre les jeux de force et
d’adresse qui restent très appréciés dans le
peuple et les jeux nobles du lettré : échecs, calligraphie et composition littéraire. Le goût des
armes est rare et il n’est pas encouragé. Aussi
est-ce principalement chez les illettrés et dans la
paysannerie que naissent les vocations militaires
et que se recrutent les braves.
« Les gens de la ville de Quinsay (Hangzhou),
dit Marco Polo dont on comprend assez l’étonnement quand on pense aux mœurs qui régnaient
alors en Europe, sont de manières tranquilles. Ils
ne savent rien du maniement des armes et n’en
ont pas dans leurs maisons (ce qui est en effet
interdit par les lois 17 ). Jamais de brouilles entre
familles, de querelles bruyantes, de discordes
quelconques… et il y a un tel degré de bienveillance et de bon voisinage entre hommes et
même entre femmes, que les gens vivant dans la
même rue semblent être de la même famille 18 . »
La petite enfance est une des périodes les plus
heureuses de l’existence. On laisse les enfants
vaquer librement dans les rues, en groupes. On
ne les bat point et, pour faire taire les plus insupportables, on se borne à les menacer en évoquant
des sortes de croquemitaines. L’un d’eux est Liu
le Barbare, au teint foncé comme celui des
Indiens ou des Malais. Dans la vallée de la Huai
et au Hubei, on effraie les petits enfants en leurannonçant la venue de Yang les Gros Yeux, à la
voix terrible. Dans le sud du Jiangsu, au
contraire, on fait appel à une sorte de démon guérisseur du paludisme 19 . A en juger par le nombre
des marchands de sucreries et de jouets qui parcourent les rues de la ville, les enfants sont plus
souvent gâtés que punis. C’est seulement assez
tard, semble-t-il, vers l’âge de sept ans, qu’on les
envoie à l’école ou qu’on leur donne, dans les
familles riches, un précepteur. Pour les enfants
de l’aristocratie impériale et du haut mandarinat,
il existe à Hangzhou une école spéciale où ils
restent de sept à treize ans. Ils y apprennent
chaque jour vingt caractères d’écriture 20 .
Il est probable que, dans cette ville commerçante, un grand nombre d’enfants reçoivent une
instruction élémentaire, c’est-à-dire qu’on leur
enseigne quelques rudiments d’écriture et l’usage
du boulier qui sert en permanence pour les
comptes. Seuls les enfants des familles les plus
pauvres restent illettrés. Dans les campagnes des
environs, ils vont ramasser le bois, puiser l’eau,
mènent boire le buffle. A la ville, ils aident assez
tôt le père dans son métier et la mère dans son
ménage.
Favorisé par le développement de la vie urbaine,
par l’accroissement des classes moyennes, peut-être aussi par la diffusion du livre xylographié
(il y eut, dès le X e siècle, deux impressions officielles des Classiques), l’enseignement public etprivé est très florissant dans les villes de la
Chine du Sud-Est. C’est pourquoi on assiste,
depuis le X e siècle, à une augmentation du
nombre des candidats aux examens officiels
grâce auxquels sont recrutés les fonctionnaires
et à un renouvellement des classes dirigeantes.
Il y a, à Hangzhou, d’innombrables petites
écoles dont les maîtres, anciens lettrés, candidats malheureux aux examens officiels, sont
entretenus par les parents
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