La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
des élèves, et l’on
entend partout, dit-on, le bruit des récitations et
le son des instruments de musique. Il existe
aussi, le plus souvent dans des retraites montagnardes, des académies privées, pourvues de
bonnes bibliothèques, pour les étudiants avancés. Mais, depuis le XI e siècle, l’enseignement
d’Etat n’est plus réservé aux fils de nobles et
de fonctionnaires. Des écoles de préfecture et
de sous-préfecture ont été ouvertes dans toutes
les provinces, sur l’initiative d’un conseiller de
l’empereur, à la fin du XI e siècle. C’est ainsi que
Hangzhou compte une école préfectorale et
deux écoles de sous-préfecture comprises dans
l’enceinte des bâtiments administratifs. De plus,
peu de temps après l’installation de la cour,
trois grandes écoles, qui existaient déjà à
Kaifeng, capitale des Song du Nord, furent établies à Hangzhou : l’Ecole supérieure, l’Ecole
militaire et l’Ecole impériale. On ouvrit en
outre une Ecole de médecine.
Installées dans de vastes enceintes, ces grandes
écoles comportent nombre de bâtiments et de
pavillons isolés qui servent de bibliothèques, de
salles d’étude ou de temples pour les cérémonies
religieuses. A l’Ecole supérieure, qui est celle
dont le recrutement est le plus large, mais qui
peut être prise pour modèle, il y a vingt salles
d’étude, un personnel administratif de quinze
membres et près de deux mille pensionnaires : le
nombre des étudiants, originaires de toutes les
régions de la Chine, en était fixé à 300 au milieu
du XII e siècle ; il fut porté ensuite à 1 000 et
atteint le chiffre de 1 716 vers 1270. L’Ecole de
médecine, la moins importante de ces grandes
écoles, ne comptait vers 1270 que 250 ou
300 étudiants et quatre professeurs. Le recrutement se fait, dans chacune de ces écoles, à la
suite de concours triennaux 21 .
Le budget de ces établissements d’Etat, ainsi
que celui de certaines écoles privées, est alimenté par les revenus de terres spéciales qui leur
ont été affectées dès leur fondation – pratique
inspirée sans doute par les fondations cultuelles
des communautés bouddhiques. Ainsi, l’Ecole
supérieure, fondée en 1142 à Kaifeng, dispose
à la fin du XIII e siècle, après son transfert à
Hangzhou, de revenus annuels qui s’élèvent à
33 600 ligatures de mille sapèques. Les étudiants
des grandes écoles d’Etat y sont entretenus gratuitement et fort bien nourris. Mais la discipliney semble relativement stricte : ils doivent subir
des examens mensuels et deux examens plus
complets au printemps et à l’automne. Quand ils
sortent en ville, ils sont astreints à porter tous la
même tenue. L’éducation religieuse qui, dans les
familles, se borne au respect et au culte des
ancêtres, et parfois à quelques bribes de textes
bouddhiques apprises par cœur, tient au contraire
une assez grande place dans la vie de ces écoles
supérieures. Chacune d’elles a ses divinités particulières, sages et héros de l’Antiquité, Terre
mère, grands généraux divinisés, patron de la
médecine, etc. ; et les cérémonies en leur honneur, les rites divers auxquels sont astreints les
pensionnaires semblent un élément important de
la discipline des grandes écoles 22 .
Toute l’instruction, lorsqu’elle cesse d’être
élémentaire, est orientée vers la formation de
candidats aptes aux concours officiels. Elle est
le plus souvent à base de textes classiques
anciens, dont la langue archaïque et d’une concision extrême diffère très sensiblement de la
langue parlée à l’époque par les gens du peuple.
Les élèves doivent s’imprégner de ces textes et
en tirer, tout à la fois, leurs façons de s’exprimer, de penser et de sentir : les Classiques leur
fournissent un riche lot d’images et de formules,
et c’est à la maîtrise avec laquelle il sait en faire
usage qu’on reconnaît le vrai lettré. Aussi, la
part de l’apprentissage mécanique est-elle trèsimportante ; un bon étudiant doit connaître
presque par cœur les principaux Classiques et
avoir suffisamment fréquenté les poètes anciens
et modernes pour être capable d’en composer
des sortes de pastiches.
Voici un exercice qui témoigne du sens littéraire très aigu de son inventeur – il est vrai que
ce fut l’un des plus grands poètes chinois – et
nous renseigne sur le genre de virtuosité qui était
requise des candidats aux concours : Su
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