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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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êtrefréquente ni dans les campagnes de la région de
Hangzhou ni dans les milieux populaires de la
ville. Même dans les hautes classes, elle est loin
d’être générale. L’exode vers le sud, devant les
guerres et les famines qui ravagèrent la Chine du
Nord à partir de 1126, devait amener une dispersion des familles et un affaiblissement des liens
familiaux. Les émigrés, qui, pour la plupart,
appartenaient à la haute société des provinces du
Nord, furent décimés par le paludisme dans l’extrême Sud, affamés par un hiver exceptionnellement rigoureux dans la région du lac Dongting 2 .
Ils furent plus heureux dans la région de
Hangzhou. Mais, coupés de leurs pays d’origine,
séparés souvent pour toujours de leurs proches,
beaucoup d’exilés durent sentir naître en eux plus
d’indépendance d’esprit. La liberté des mœurs
qui règne dans la grande ville de Hangzhou s’explique peut-être en partie par le grand nombre de
ses réfugiés.
     

LA NAISSANCE
     
    On a souvent insisté, et à juste titre, sur le
besoin qu’éprouvaient les familles chinoises,
dans la Chine traditionnelle, de se perpétuer et
d’assurer, grâce aux naissances, la pérennité du
culte des ancêtres et, en fin de compte, la survie
de l’individualité familiale. Assurément, cebesoin se fait sentir d’autant plus vivement que
l’individu lui-même n’a point de réalité en
dehors de son groupe. Mais il va de soi que c’est
dans les familles puissantes, aux relations étendues, dont de nombreux membres se sont illustrés dans la carrière mandarinale, que le culte
des ancêtres prend toute son importance. C’est
dans ces familles, peu nombreuses, que règnent
dans toute leur vigueur les principes traditionnels. Or, si ces principes exigent une nombreuse
descendance, ce n’est pas seulement afin que le
culte ancestral ne soit jamais interrompu, mais
aussi parce que les enfants permettent de renforcer la puissance familiale. A ce niveau, religion
et prestige social se confondent.
    « Toute la structure politique de l’ancienne
société chinoise, dit un sinologue moderne,
exige des enfants, car le pouvoir est exercé par
des familles ou des groupes de familles liées
entre elles par des mariages. Ainsi, les enfants
mâles sont nécessaires au maintien et au renforcement de la puissance familiale, ces enfants
étant destinés à occuper des postes de commande dans l’administration 3 . » Plus la famille
est riche et influente, plus elle s’efforce d’accroître sa puissance et le nombre de ses membres
par les naissances, par les alliances matrimoniales les plus profitables et par l’extension de
sa clientèle. Mais cette constatation a son corollaire : plus la famille est pauvre, sans appui, plusles difficultés de l’existence l’obligent à se fractionner, plus faibles en même temps sont les
motifs qui la poussent à avoir une nombreuse
descendance. Le culte des ancêtres ne peut être
perpétué que par les enfants mâles, car les filles
sont destinées à être complètement intégrées à la
famille de leur mari. C’est pourquoi les naissances d’enfants mâles sont généralement vues
avec plus de faveur, et les épouses et concubines
cherchent par tous les moyens – médicaux,
magiques ou religieux – à mettre au monde des
fils. Mais c’est une erreur de croire que les naissances de garçons sont toujours bien accueillies
et que celles de filles provoquent dans tous les
cas le dépit des parents. Les conditions économiques peuvent tout changer, et c’est le cas dans
les classes les plus défavorisées à Hangzhou. En
effet, alors qu’il est toujours difficile pour un
homme du peuple de trouver un moyen de vie,
les filles, au contraire, peuvent être placées dans
les familles riches comme concubines, dames de
compagnie, brodeuses, actrices, joueuses de
cithare ou joueuses d’échecs, cuisinières… et
leur parents s’efforcent de leur donner une éducation conforme à leurs aptitudes particulières 4 .
    Aux XII e et XIII e siècles, le fractionnement des
familles et la réduction du nombre de leurs
membres chez les gens du peuple sont d’autant
plus accusés que les conditions économiques
leur sont plus défavorables. Bien que la chosesoit blâmée et contraire aux mœurs (en cette
matière, ce sont les familles de la haute société
qui donnent le ton), il est courant, dans les campagnes du Zhejiang, de voir les fils s’établir à
part du vivant de leurs parents. On

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