La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
hautes classes.
Dans le mois qui précède l’accouchement, les
grands-parents maternels envoient à la mère des
« présents pour hâter la naissance ». Ce sont des
plats d’argent pleins de paille de riz et recouverts de brocart ou de papier. Sur le dessus sont
disposés des fleurs et des mets de choix, des
jujubes, des châtaignes et des vêtements brodés
de couleurs vives pour le bébé. Le jour de l’accouchement, ainsi que le septième, le quatorzième et le vingt et unième jour après la naissance,
parents et amis offrent à la mère du riz fin, du
charbon et du vinaigre.
Au bout d’un mois a lieu la cérémonie du
bain : on plonge l’enfant dans un bac d’argent
plein d’eau chaude parfumée. Les anciens de la
famille agitent cette eau avec des épingles de
tête en or ou en argent. On jette dans le bac des
jujubes que les jeunes femmes présentes se disputent et qu’elles mangent. Ce rite, qui garde
peut-être le souvenir d’anciennes coutumes (passage des rivières à gué et cueillette des plantes
fécondantes), passe pour favoriser la naissance
d’enfants mâles. On renferme dans un petit coffret d’or ou d’argent les premiers cheveux de
l’enfant. La mère, prenant ensuite le bébé dans
ses bras, fait le tour de l’assistance et adresse àchacun ses remerciements. Puis elle remet l’enfant à ses belles-sœurs, et c’est là ce qu’on
appelle le « changement de nid ». Il y a de nouveau une grande fête au centième jour qui suit la
naissance et une autre le jour du premier anniversaire. A ce moment, on dispose autour de
l’enfant divers objets : livres classiques et bouddhiques, boisseau, balance, couteau, tissus de
soie, fleurs, fil et aiguilles, jouets. Selon l’objet
dont il s’empare, on tire des pronostics sur sa
vocation future 14 .
Dans tous les milieux, on attache une importance extrême à la date de la naissance et on
prend bien soin de la noter à l’heure près. Cette
date passe en effet pour influer sur toute la destinée d’un homme, et sa connaissance est nécessaire pour tous les actes et événements principaux
de la vie, chaque fois en somme qu’on juge utile
de consulter un devin. Les naissances du cinquième jour de la cinquième lune, jour de fête
des animaux malfaisants (scorpion, guêpe, mille-pattes, serpent et crapaud), sont un objet de terreur. Les enfants nés ce jour-là sont en effet
prédestinés au suicide (Qu Yuan, le grand poète
du IV e siècle avant notre ère, s’est donné la mort
le 5 d’une 5 e lune) ou au meurtre de leurs père et
mère 15 .
« C’est une coutume, dit Marco Polo, chez les
habitants de Quinsay (Hangzhou), que, à la naissance d’un enfant, les parents inscrivent tout desuite le jour, l’heure, la minute de sa venue au
monde. Puis ils font dire par les astrologues sous
quels signes du zodiaque elle a eu lieu, et leurs
réponses sont consignées par écrit. Quand l’enfant est devenu grand et qu’il est sur le point
d’entreprendre un commerce, de partir en voyage
ou de se marier, ils donnent le document précité
à un astrologue, lequel, après examen et réflexion,
fait quelquefois des réponses qui se trouvent être
fondées et auxquelles on accorde la plus grande
confiance. De ces astrologues, qui sont plutôt
des magiciens, il se trouve un très grand nombre
sur les places publiques. On ne célébrerait pas
un mariage que l’astrologue n’ait d’abord été
consulté 16 . » Voilà pourquoi tous les Chinois
connaissaient très exactement leur âge.
L’ÉDUCATION ET L’ENSEIGNEMENT
L’éducation vise à former des caractères
affables, doux et obéissants. Elle enseigne
d’abord la retenue, elle apprend à chacun à se
contenter de son lot et à vivre en bonne intelligence avec ses proches, ses amis et les étrangers.
Répandues même dans les classes humbles, les
règles de la politesse n’ont pas d’autre objet.
Elles traduisent une certaine entente de la vie
dont émane un charme vrai et profond, car la
politesse n’est pas simple forme extérieure, elles’accompagne de sentiments et les suscite d’autant mieux qu’elle est l’unique moyen que chacun ait de s’extérioriser. C’est ainsi que les
règles du savoir-vivre qu’on inculque aux
enfants font naître en eux le respect des aînés et
des supérieurs. On leur apprend à ne pas
répondre aux remarques de leurs parents, à ne
pas s’asseoir quand un supérieur, père, mère,
ami des parents ou aîné est
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