La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
du
zèle et de l’économie.
Cependant, dans l’un des plus grands temples
taoïstes de la ville, se tient une assemblée en
l’honneur de l’anniversaire de la naissance de
Lao-tseu, saint taoïste. On allume près de son
autel des milliers de lampes bariolées et on prie le
dieu d’accorder le bonheur au peuple. Des fidèles
de toutes classes viennent en foule faire leurs
dévotions, un bâtonnet d’encens à la main. De
grandes cérémonies ont lieu également dans les
monastères bouddhiques, car le 15 de la 2 e lune
est le jour de l’entrée en nirvâna du Bouddha
Sâkyamuni. Cet anniversaire est fêté avec une
profusion de banderoles, de fleurs et de fruits. Les
moines exposent tous leurs trésors artistiques,
calligraphies, peintures et objets de valeur. Les
visiteurs ne cessent d’affluer tout le long du jour 23 .
Après les sacrifices aux génies domestiques et
les banquets du Nouvel An, après l’exaltation
et les jeux de la fête des lampes, les 14, 15 et 16
de la 1 re lune, l’ensemble de festivités le plus
important est constitué par la fête des morts, queprécède une fête du feu nouveau. Elle est fixée
au 105 e jour qui suit le solstice d’hiver, quinze
jours après l’équinoxe de printemps, c’est-à-dire
aux environs du 5 avril. C’est la seule fête populaire dont la date soit établie d’après l’année
solaire. Les trois jours qui la précèdent portent le
nom de fête du manger froid. Tous les feux sont
éteints, et ce n’est qu’au troisième jour, vers le
4 avril, qu’il est permis de les rallumer. A ce
moment, à la porte d’un des pavillons du palais
impérial, un fonctionnaire est chargé de produire
du feu avec un foret en bois de saule. La
flamme, douée de toutes les vertus du feu nouveau, sert à allumer une multitude de torches
que les fonctionnaires de la cour se remettent les
uns aux autres. Le désir de renouveau et de purification dont témoigne ce rite se retrouve dans
un autre usage : tous les habitants, dès le premier
jour de la fête du manger froid, fixent au-dessus
de leur porte des branches de saule, car le saule,
comme le pêcher et maints autres végétaux,
passe pour écarter les pestilences. Toute la ville
est soudain envahie de verdure 24 .
Cinq jours plus tôt, les femmes du gynécée
impérial se rendent au palais de la Restauration
des Song ainsi qu’aux tombeaux de la famille
impériale pour y déposer des offrandes. Leurs
suivantes portent des robes de soie pourpre, un
fichu de forme triangulaire et des bandes molletières de couleur verte 25 .
Quelques jours avant la fête des morts, on
célèbre le vin nouveau. Cette fête est organisée
par le personnel des entrepôts d’alcool. Courtisanes et prostituées y participent et sont classées en quatre catégories. Selon le groupe
auquel elles appartiennent, leurs vêtements et
leurs ornements diffèrent. Même les plus
pauvres d’entre elles sont tenues, sous peine
d’amende, de se procurer de belles parures
pour cette occasion et doivent au besoin les
emprunter. Des troupes de danseurs et de
musiciens sont louées, et un défilé pittoresque
parcourt la ville : en tête du cortège s’avancent
de grandes bannières de près de dix mètres de
long que portent au bout d’immenses perches
des groupes de quatre ou cinq hommes. Puis
viennent des tambours et des musiciens, des
hommes portant deux à deux de lourdes jarres
d’alcool, huit personnages déguisés en Immortels
taoïstes et des délégués des corporations : marchands de poissons d’agrément, de gâteaux
sucrés, de nouilles, de plats tout préparés,
d’arbres nains, changeurs, pêcheurs, chasseurs,
etc. Des groupes de garçonnets et de fillettes
les suivent, tenant en main des guitares à cinq
cordes. Ce cortège, que ferment des personnages à cheval, se rend à la préfecture où les
participants reçoivent des autorités des pièces
de tissu, de la monnaie de cuivre, des billets de
banque et des tasses en argent 26 .
Le jour de la fête des morts, toute la population, fonctionnaires, nobles, marchands, gens du
peuple, sort de la ville pour se rendre sur les
bords du lac et sur les collines environnantes. Il
y a des embouteillages aux portes des remparts.
Certains promeneurs vont sur les tombeaux de
leurs proches, les nettoient, y font brûler des
bâtonnets d’encens, y déposent des mets ;
d’autres vont pique-niquer dans les jardins qui
bordent le lac, à l’ouest des remparts et dans
Weitere Kostenlose Bücher