La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
qui précèdent son départ et on
n’hésite pas à la corrompre en lui offrant des
sucreries. Dans les rues et sur les marchés, on
vend à la criée des plats de riz teints des cinq
couleurs (couleurs des quatre points cardinaux,
vert, rouge, blanc, noir et couleur jaune, symbole du centre du temps et de l’espace).
Le 25, une bouillie de haricots rouges est
offerte aux génies de la maison et ceux qui ont
des chats et des chiens leur en donnent également à manger. Dans les boutiques de la ville,
on s’affaire à peindre des images représentant
les génies des portes, des bandes de papier portant des caractères fastes pour « accueillir le
printemps » ; on imprime des images de Zhong
Kui, héros de l’époque Tang divinisé comme
protecteur contre les démons, on confectionne
de petits chevaux en papier. Tous ces menus
objets sont offerts à leurs clients par les boutiquiers. De même, les pharmaciens distribuent
gratuitement à leur clientèle des amulettes et de
petits sacs qui contiennent des produits propres à
écarter les mauvaises influences. Dans les rues,
des marchands ambulants vendent des atractyles,
de petites jujubes et des pétards faits avec des
bâtonnets de bambou chargés de poudre. Des
groupes de trois à cinq mendiants, déguisés en
génies, parcourent la ville en frappant sur des
gongs et des tambours 12 . La veille du Nouvel
An, « fin des lunaisons et terme de l’année »,chacun arrose et balaie le devant de sa porte,
enlève les anciennes peintures représentant les
deux génies de la porte, suspend des images de
Zhong Kui, le dompteur de démons, cloue sur la
porte des amulettes en bois de pêcher, y colle
des bandes de papier rouge pour « accueillir le
printemps ».
Quand vient la nuit, chacun s’enferme chez
soi pour y sacrifier aux ancêtres familiaux et à
tous les génies de la maison (dieux de la porte,
du fourneau, du lit, de la cour, dieu de la terre).
On leur offre des fleurs, de l’encens et des mets
de choix, on leur demande paix et santé pour
l’année à venir. Du palais impérial sort une procession de personnages déguisés, portant des
masques, tenant en main des hampes dorées, des
piques argentées, des sabres de bois, des étendards verts, rouges, blancs, noirs et jaunes. Il y a
là toute une foule de divinités. Chassant les pestilences au son des tambours et des flûtes, ce
cortège sort de la porte de la Floraison orientale
et fait le tour de l’étang des Dragons. Ce rite a
pour nom « l’enterrement des pestilences ».
Comme les cérémonies qui ont lieu dans les
maisons privées, il a pour but de chasser les
influences néfastes d’une année qui tire à sa fin
et dont les vertus se sont entièrement épuisées 13 .
Le calme qui règne dans la ville le Jour de
l’An ainsi que le 2 et le 3 de la 1 re lune contraste
avec l’animation des jours précédents. Il y a trèspeu de passants dans les rues, et toutes les boutiques sont fermées. Seuls de rares colporteurs
vendent à la loterie des plats tout préparés, des
pièces de tissu, des peignes, des fleurs et des
jouets. Dans chaque demeure, les familles se
sont réunies pour festoyer. On ne sort guère que
pour aller souhaiter la bonne année à ses parents
et amis. Hommes et femmes, même dans le petit
peuple, mettent des vêtements neufs.
A l’aube du Jour de l’An, dès que les cloches
du palais ont fini de retentir, l’empereur fait brûler de l’encens et adresse au Ciel des prières
pour lui demander de bonnes récoltes pour l’année à venir pendant que les fonctionnaires de la
cour, en tenue de cérémonie, sont rangés à la
porte du temple où le souverain officie. Les
délégués de toutes les préfectures de l’empire et
les ambassadeurs étrangers viennent lui offrir
des présents 14 .
Une fête officielle dont la date, fixée d’après
l’année solaire, correspond au 5 février, jour de
l’établissement du printemps, est célébrée par
les fonctionnaires de la cour et de la préfecture.
C’est une fête agraire. La veille de ce jour, une
procession de chanteuses et d’hommes frappant
sur des tambours et sur des gongs va chercher à
la préfecture le « bœuf du printemps ». C’est un
petit animal en argile qui doit être conduit dès le
lendemain, à l’aube, par le préfet, les fonctionnaires et les employés de la préfecture au palaisimpérial. La coutume exige que ce bœuf soit
fouetté avec des verges de couleurs vives, afin
de hâter
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