La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
pommes de pin,
des pâtés et des gâteaux sur lesquels sont placés
de petits lions ou de petits personnages en
farine parfumée au musc. Sur les marchés, on
vend des pâtés de porc, de mouton, de canard
qui portent de petits drapeaux de couleurs vives.
Ce jour-là, on fait flotter sur des coupes d’alcool des pétales de chrysanthème ou de xanthoxyle, plantes qui passent l’une pour prolonger
la vie, l’autre pour chasser les mauvaises
influences.
Dans la dernière décade de la 9 e lune, on vend
en ville des vêtements de deuil, des savates, des
nattes, des bonnets, tous en papier, en vue du
premier jour de la 10 e lune où ces objets doivent
être brûlés en faveur des morts 36 .
Aux 10 e et 11 e lunes, les festivités sont rares,
sauf au palais impérial où sont célébrés l’« établissement de l’hiver », vers le 7 novembre, et le
solstice d’hiver, vers le 21 décembre.
Certaines fêtes, telles que la fête du 3 de la
3 e lune, qui a une grande importance dans d’autres
régions de la Chine et en particulier au Sichuan,
passent presque inaperçues à Hangzhou. D’autre
part, les cérémonies officielles qui ont lieu au
palais et dans certains grands temples situés en
pleine ville sont plus nombreuses et plus compliquées que la description qui précède ne le
laisserait soupçonner. Mais ces rites, dont le
détail serait extrêmement fastidieux, n’intéressent que les milieux de la cour. Il fallait se
limiter ici à l’essentiel 37 .
LA RELIGION
1. Conceptions générales
Rien de plus diversifié que la vie religieuse des
Chinois du XIII e siècle. Et pourtant, au risque de
simplifier les choses, il faut bien essayer de définir d’abord l’esprit qui anime cette vie religieuse
dans son ensemble. Avouons-le, on n’y trouve pas
l’équivalent de ce qui est pour nous, modernes
Occidentaux, le sentiment religieux : c’est-à-dire
que tout dialogue entre l’homme et la divinité,
toute effusion mystique qui s’adresserait à undieu personnalisé lui sont étrangers dans le principe. Dans ce qu’elle a de spécifiquement chinois, cette vie religieuse semble dominée par
une sorte d’obsession latente et inexprimée : celle
du désordre cosmique. Que les mers prennent la
place des montagnes, que les saisons n’obéissent
plus à leur ordre naturel, que la terre et le ciel se
confondent, voilà les dérèglements d’Apocalypse
que les cérémonies cultuelles sont destinées à
conjurer.
La plupart des actes de la vie religieuse visent à
fixer les espaces, à les maintenir littéralement en
place, et les montagnes tutélaires, couvertes d’une
multitude de sanctuaires officiels et privés, y pourvoient ; ces actes visent à fixer le temps, à l’inaugurer, à le recréer, et les fêtes annuelles contribuent à
lui assurer toujours une nouvelle jeunesse. Grâce à
elles, le monde n’est jamais vieux que d’une
année. Toute la nature, les montagnes, les collines,
les fleuves, les ruisseaux, les pierres et les arbres,
les moindres emplacements peuvent être le siège
d’émanations bonnes ou mauvaises, propices ou
néfastes : les tombes et les sanctuaires dédiés aux
ancêtres, aux personnages historiques divinisés et
aux divinités innombrables qui ont été empruntées
aux panthéons bouddhique et taoïste semblent
avoir pour objet de capter ces bonnes influences
au profit des hommes, et ils sont eux-mêmes le
siège d’émanations bénéfiques. La nature et le
divin se confondent.
Chaque divinité assure la protection de
régions définies de l’espace : telle ville, tel canton, tel village, telle maison ; et son culte garantit
contre les malheurs de tous genres qui peuvent
s’abattre sur le genre humain : guerres, inondations, sécheresses, épidémies, incendies… Culte
officiel, célébré par l’empereur, et culte familial
ne diffèrent pas dans leur essence. Une tombe
bien située peut avoir d’aussi heureux effets sur
la destinée d’une famille que, sur toute une
région de l’empire, le choix judicieux d’une
montagne sainte. Cependant, il existe des divinités spécialisées. On s’adresse à elles pour obtenir leur protection contre tel ou tel fléau ou dans
l’espoir de faire fortune, d’avoir une descendance mâle, de réussir aux concours de doctorat… On peut aussi obtenir des divinités de
certains sanctuaires des renseignements utiles.
Les candidats aux concours vont dormir dans les
temples afin d’y avoir des
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