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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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la potence installée à demeure.
    À peine aperçut-il Venetianelli, assis au pied de la croix, qu’il courut vers lui.
    — Mes enfants? demanda-t-il plein d’angoisse.
    — Je les ai vus et ils sont tout gaillards, même s’ils sont fort dolents de ne pas avoir leurs parents. Je leur ai dit où était leur mère, et que je vous avais vu vaillant. Ils ont été rassérénés, répondit le comédien en le prenant par l’épaule pour le conduire à la taverne la plus proche afin qu’on ne surprenne pas leur conversation.
    Il poursuivit plus bas :
    — Ils logent toujours avec vos beaux-parents chez Hauteville, mais le Drageoir Bleu a été mis à sac. On m’a dit aussi que votre logis a été fouillé par les gens de la Ligue.
    Ils s’installèrent dans un coin sombre et demandèrent du vin. Nicolas lui expliqua qu’il cherchait à entrer dans le palais,
     ce dont Il Magnifichino tenta de le dissuader :
    — La situation s’aggrave. J’arrive de l’Université. J’y ai vu des prédicateurs qui s’étaient nommés colonels enrôler des centaines d’écoliers et de moines. Cette armée va déferler ici dans l’après-midi. Ils sont décidés à aller quérir frère Henri dans son Louvre, disent-ils. Rien ni personne ne pourra les arrêter, et la populace se joindra à eux. Le Louvre sera tombé ce soir. Si vous êtes à l’intérieur, vous serez pris et pendu.
    — Je ne suis pas si pessimiste. J’ai entendu ici et là que Guise négociait. Le roi aurait assuré être prêt à retirer ses forces à sept lieues de Paris, voire à dix, si le peuple lève les barricades et dépose les armes.
    — Cela ne changera rien, affirma Venetianelli. Le peuple ne veut pas être volé de sa victoire. La grande offensive commencera dans la soirée et ni Guise ni les Seize ne pourront l’arrêter.
    — Raison de plus pour que j’entre au Louvre pour prévenir le roi, décida Poulain. Je vais t’expliquer ce que j’ai décidé de faire.
    De mauvaise grâce, Venetianelli accepta de l’aider et ils se rendirent à la barricade qui fermait la rue du Petit-Bourbon.
     Le barrage de barriques et de pavés, qui donnait sur la rue de l’Autriche, se situait presque en face du corps de garde du
     pont dormant. C’était le plus imposant du quartier. Il avait été dressé par un cabaretier nommé François Perrichon qui se
     disait capitaine de la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois.
    Il y avait là énormément de monde et ils jouèrent des coudes pour parvenir au premier rang. Le tavernier, un colosse ventripotent
     coiffé d’une barbute et cuirassé comme un vétéran des guerres d’Italie, donnait ses ordres, écartant de la barricade ceux
     qu’il jugeait trop tièdes 3 . Il fit place de bon cœur à Poulain et à Venetianelli quand il entendit qu’ils ne proféraient que des mots ligueux et injurieux
     envers le Bougre . Nos amis restèrent un moment près de lui, le félicitant pour la tenue de ses troupes comme s’il était un vrai capitaine.
    Bien que la rue de l’Autriche fût barrée à ses extrémités, des messagers l’empruntaient du côté de la rue saint-Honoré et
     les hommes de Perrichon les voyaient se présenter au corps de garde avant de passer le pont dormant. Malgré le tumulte, les
     négociations entre Guise et Catherine de Médicis se poursuivaient. Ils virent ainsi arriver M. de Richelieu avec un détachement
     d’archers. Le Grand prévôt fut hué par la foule qui lapida son escorte.
    — Si Tristan l’Ermite quitte sa maison, se réjouit Perrichon, c’est qu’il considère la ville de Paris perdue!
    Nicolas et Venetianelli s’en félicitèrent avec lui.
    Chaque fois que des négociateurs sortaient, ils étaient pris à partie par les barricadiers qui leur demandaient ce qui s’était
     dit. Ceux qui refusaient de répondre recevaient des pierres, sauf s’ils avaient une escorte ou s’ils portaient des croix de
     Lorraine.
    La barricade ayant vocation d’assiéger le Louvre, ses factionnaires n’empêchaient personne de passer dans la rue de l’Autriche,
     bien qu’elle soit sous le feu des gardes du Louvre. Seuls quelques fous s’y risquaient, sous l’œil goguenard de Perrichon.
     C’était surtout des moines ou des écoliers qui se défiaient à braver les soldats du roi en s’approchant du corps de garde
     pour lancer des pierres. Parfois un coup de mousquet éclatait, tiré par un des arquebusiers installés en haut du mur d’enceinte,
     et un

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