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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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nous reprendre neuf cent mille livres.
    » Après quoi, dit-il à sa sœur, il vous a empêchée de mener à bien votre entreprise à Saint-Brice. Il a délivré la fille de Mornay sans que vous vous y attendiez, mais il y a pire! Savez-vous ce qu’il est advenu de Maurevert?
    La barbe en éventail, Mayenne éructait tel un ogre avant de se mettre à table.
    — On m’a dit qu’il a été tué en cherchant à s’en prendre à Navarre, répondit sa sœur.
    — Voici ce que je sais d’un gentilhomme présent là-bas et qui, mal récompensé de ses services, a rejoint M. de Soissons : Maurevert avait fabriqué un pétard pour tuer le Béarnais.
    — Il m’avait en effet demandé de la poudre et fait creuser une tranchée le soir où nous avons été attaqués.
    — Le pétard a bien sauté, ma sœur, mais juste avant quelqu’un avait prévenu Navarre. Et ce quelqu’un, c’était Hauteville!
    — Malédiction! gémit la duchesse.
    — Cette même personne m’a dit qu’avec des amis à lui, il a poursuivi et tué ceux qui avaient fait sauter la mine.
    — Hauteville aurait tué Maurevert? L’un des meilleurs escrimeurs que j’aie connus! s’exclama le duc de Guise. Mais où cet homme a-t-il appris à se battre? Vous avez parlé d’un commis, ma sœur! Comment peut-il être si habile? Et ce serait lui aussi qui aurait découvert ce Pierre de Bordeaux à Nérac, puis votre capitaine Clément?
    Il se tut un instant avant de lâcher d’une voix d’outre-tombe :
    — Si c’est vrai, ce n’est pas un homme mais un sorcier!
    — C’est un sorcier! sanglota la duchesse effondrée. Il m’a même jeté un sort! Si vous saviez, mon frère…
    — Hauteville n’est pas un sorcier! gronda Mayenne. Ce n’est qu’un homme adroit et audacieux! Il commandait l’artillerie à Coutras avec Rosny, m’a-t-on dit. C’est pour son courage et seulement pour ça qu’il a été anobli.
    Déconcerté par ce qu’il entendait, le duc de Guise regardait à tour de rôle ses deux frères et sa sœur. Il ne savait plus
     que dire et n’osait poser de question par crainte de paraître obtus.
    — Renvoyez Clément à Paris, ma sœur, décida le cardinal de Guise.
    — Je lui ai déjà ordonné de quitter Blois, dit-elle.
    — Je veux savoir où se trouve ce Hauteville, Catherine, décida finalement Henri de Guise de cette voix posée qu’il prenait quand il voulait affirmer son autorité. S’il est à Blois, débrouillez-vous pour que son logis soit pillé par des truands et qu’il ne reste rien de lui!
    Avec sa famille, Guise ne cherchait pas à cacher ce qu’il était vraiment : un prédateur brutal et sanguinaire.
    Elle hocha la tête pour approuver avant de se retirer.
    — Je vous accompagne, ma sœur, dit le cardinal en la suivant. J’ai quelques conseils à vous donner…
    Charles de Mayenne et Henri de Guise restèrent seuls. Sitôt la porte fermée, leurs attitudes changèrent. Charles, en posture
     agressive, considéra son frère avec un regard qui n’annonçait rien de bon.
    — Vous voulez quelque chose, Mayenne, demanda Henri, un glacial sourire aux lèvres.
    — Oui, Henri. Vous savez que je vous ai toujours suivi, même quand je vous désapprouvais, car vous êtes le chef de notre maison, seulement vous avez abusé de votre position.
    — Abusé? railla Guise qui devinait où son frère voulait en venir.
    — Mme de Sauves m’aime, vous le savez. Elle veut vous quitter et vous le lui avez interdit!
    Le duc garda un sourire figé, mais ses yeux étaient durs. Si Mayenne était officiellement son frère, Guise savait qu’il n’était
     qu’un enfant adultérin et il ne l’avait jamais considéré comme un membre de sa famille.
    — Mme de Sauves est à moi, Charles, répliqua-t-il d’un ton sec. C’est ma chose, et d’ailleurs elle est fière d’être la maîtresse du duc de Guise. Je crains que vous ne vous soyez mépris sur son intérêt à votre égard.
    Mayenne avait posé la main sur son épée. Allait-il tirer son arme contre son frère? Un silence pesant s’établit entre les deux hommes qui se défiaient du regard. Guise avait reculé d’un pas, lui aussi était prêt à dégainer. Finalement, Mayenne tourna le dos et sortit sans dire un mot. Il savait Henri meilleur escrimeur que lui et il avait songé à un moyen plus efficace de lui nuire.
    Le duc resta seul, maussade. Guise n’était pas d’une grande intelligence, mais il sentait les choses. Les États

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