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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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mari, M. de Fleur-de-Lis, et M. Caudebec, un valeureux capitaine.
    Olivier était légèrement surpris. Le marquis paraissait avoir oublié toutes leurs querelles. O dut surprendre ses pensées,
     car il ajouta en le regardant :
    — Vous vous interrogez sur les raisons de cette invitation?
    — Je l’avoue, monsieur le marquis.
    — Passons à table, voulez-vous? proposa O sans répondre.
    Avec une sorte d’indifférence, Charlotte leur désigna leur place, Cassandre étant au haut bout près de la cheminée. O à l’autre
     extrémité, en face d’elle. Il baissa la tête et commença un bénédicité repris par tous les participants.
    Apparemment, le service serait fait par Charles et le Sarmate, car l’action de grâce étant dite, Dimitri servit les vins et
     Charles, qui avait disparu, revint porteur d’une soupière.
    Le début du souper fut compassé. Le marquis d’O donna à ses invités quelques nouvelles sur les évènements dont il avait connaissance :
     mariages et décès de grandes familles, charges et honneurs attribués. Ses invités parlèrent peu et Charlotte de Villequier
     resta muette, les yeux baissés.
    De façon inattendue, tandis que Charles servait le troisième service composé de brochets et d’autres poissons, O interrogea
     Cassandre.
    — On m’a dit que le roi de Navarre aurait reçu trois cent mille écus d’un banquier, il y a trois ans, qu’en a-t-il fait?
    — Il a acheté l’armée des reîtres qui a été écrasée par le duc de Guise, répliqua-t-elle en plantant ses yeux dans les siens.
    — Quel gaspillage! laissa tomber le marquis avec un sourire factice.
    — Les mercenaires ne sont pas toujours les meilleurs combattants, intervint Caudebec.
    — En effet… Dites-moi, monsieur de Fleur-de-Lis, comment avez-vous rejoint le roi de Navarre? Je vous avais connu dans d’autres circonstances.
    Olivier avait remarqué que jusqu’alors, O n’avait jamais fait allusion à M. de Mornay ni ne l’avait appelé Hauteville. Sans doute ne voulait-il pas que son épouse sache exactement qui ils étaient. Craignait-il qu’elle rapporte leur conversation à son père?
    — Je cherchais à me rapprocher de celle qui est devenue mon épouse, monsieur. Ayant obtenu une charge à la cour de madame la reine mère, je l’ai quittée pour partir dans le Midi.
    Comme visiblement O attendait la suite, il poursuivit :
    — J’étais avec deux amis, deux fidèles compagnons. La France est bien malheureuse, monsieur, nous n’avons vu que des villages dévastés, partout des cadavres de pauvres gens pendus ou noyés. La misère règne dans ce royaume où le Diable dirige tout.
    Il se tut un instant, encore ému par ce qu’il avait connu.
    — Nous avons été capturés par un peloton de catholiques, mais ce n’étaient que des protestants déguisés. Ils nous ont conduits auprès de leur maître, que nous ne connaissions pas. Les protestants voulaient nous pendre; lui nous a interrogés avec une grande bonhomie. Je lui ai dit la vérité sur notre voyage et il a décidé de nous libérer. Ce n’est que plus tard que j’ai appris avoir eu affaire à Henri de Navarre.
    » C’est un homme bon qui sera un grand roi, monsieur le marquis. Ma route a croisé à nouveau la sienne à Cognac où j’ai eu
     la chance de lui sauver la vie lors d’un attentat conduit par Mme de Montpensier. Je suis ensuite resté sous ses ordres sans
     qu’il ne m’ait jamais demandé de changer de religion. J’ai rencontré ses capitaines, feu M. de Condé, M. de La Rochefoucauld,
     M. de Turenne, M. de Mornay et M. de Rosny. Ce sont tous des hommes que j’estime. Et pour finir, j’ai vu le roi de Navarre
     combattre à la tête de son armée à Coutras. Jamais je n’ai vu gentilhomme plus valeureux. Il saura conquérir le cœur des Français,
     comme il a conquis le mien.
    — Le mien aussi, monsieur, assura Cassandre, qui avait écouté religieusement.
    — Et le mien, intervint gravement Caudebec.
    Le marquis d’O fit la moue.
    — Il n’y a point de médaille qui n’ait son revers, et j’ai du mal à vous entendre, monsieur de Fleur-de-Lis. J’ai bien connu Navarre quand je suis rentré de Pologne. C’était un jeune homme frivole, gâté, avili par les mœurs corrompues de la cour. Après avoir abjuré, il avait même imposé la religion catholique à ses sujets du royaume de Navarre. Notre roi Henri lui avait donné son amitié sans réserve et il a abusé de sa

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