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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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confiance pour s’enfuir traîtreusement de la cour 1 et abjurer la foi catholique. À mes yeux ce n’est qu’un félon…
    — Je ne peux vous laisser dire cela, monsieur! intervint Caudebec en se levant avec colère.
    À ces mots, le marquis se dressa lui aussi, les traits figés et main sur son épée. Le Sarmate Dimitri s’avança vers la table,
     tout aussi menaçant.
    Cassandre était à côté de Caudebec, Mme d’O – pétrifiée par la rapidité de l’altercation – étant placée entre lui et Olivier.
    — Calme-toi, ami! intervint la fille de M. de Mornay en prenant la main du capitaine de son père, je suis certaine que M. le marquis n’a pas voulu offenser Mgr de Bourbon. Simplement, il ne le connaît pas vraiment. Henri de Bourbon n’a jamais varié, monsieur, dit-elle à O. Vous oubliez qu’il était prisonnier, qu’il était contraint de porter une jaquette de mailles chaque jour, craignant pendant quatre ans pour sa vie. Jouer le rôle d’un sot était le seul moyen qu’il avait de survivre. Il a souvent raconté à mon père, et à M. de Rosny, comment il se jouait ainsi des amis de Guise.
    Le marquis avait les articulations de ses mains blanches tant il les serrait et Caudebec ne paraissait nullement amadoué.
    Olivier demanda doucement à M. d’O :
    — Monsieur, savez-vous ce que répète ce roi dont vous dénoncez la frivolité et l’inconstance? « Catholique ou protestant, peu importe à mes yeux! Ceux qui suivent leur conscience sont de ma religion… » La tolérance le guide, cela devrait vous convenir, car l’on m’a rapporté que vous n’êtes pas d’un tempérament sectaire… Et puis, un bon renard ne mange point les poules de son voisin. Vous êtes dans le même camp.
    À cette dernière sentence, le marquis ne put retenir un sourire. Il eut un geste d’apaisement à l’attention de Caudebec.
    — Je n’ai pas voulu vous blesser, monsieur, fit-il d’une voix maîtrisée.
    Il se rassit.
    Toujours maussade, le huguenot hocha la tête. Cassandre lui tenait toujours une main et sur une pression, il se rassit à son
     tour.
    — C’est moi qui suis trop impétueux, monsieur, s’excusa-t-il.
    Charles arriva et trouva tous les convives silencieux. Mal à l’aise, il proposa le service suivant. Le marquis d’O restait
     plongé dans ses pensées, songeant à la comédie qu’il avait jouée durant quatre ans, songeant au roi, qui jouait aussi un rôle
     pour échapper à la pression des Guise. Il avait fait venir Hauteville et sa femme pour tenter de comprendre le mystère Navarre
     et il venait de se conduire comme un sot.
    — Comment avez-vous trouvé Sa Majesté? demanda-t-il enfin, en s’adressant à Mme de Saint-Pol.
    — Je crains que l’inquiétude et les tourments ne ruinent sa santé, répondit-elle prudemment.
    Tristement, O approuva de la tête.
    — Henri n’a pas toujours été ainsi. Je l’ai connu en brave capitaine… fit-il sourdement.
    Il faillit ajouter : à Jarnac, mais se retint en se souvenant que c’était là que le père de Mme de Saint-Pol avait trouvé
     la mort, tué par un capitaine d’Henri III.
    — La première fois, c’était au siège de La Rochelle, puis je l’ai suivi en Pologne, poursuivit-il les yeux dans le vague. C’est un bon roi, malgré ses hésitations et les médisances de madame la Ligue. Dans d’autres circonstances, il aurait pu amener la paix et la prospérité dans ce pauvre royaume.
    Il se tut un instant avant de reprendre d’une voix brisée :
    — Mon roi est malade, comme l’était son frère Charles… Cette maladie le tuera, plus sûrement que les assassins de la Ligue.
    Olivier comprit à ce moment pourquoi le marquis les avait fait venir. O était un seigneur féodal qui ne pourrait rester sans
     maître. Si le roi disparaissait, il devrait choisir entre Guise ou Navarre. Mais en vérité, il n’avait guère le choix : Henri
     de Bourbon était petit-fils de Saint Louis et serait le roi légitime. Son seul défaut était d’être hérétique.
    — Parlons rond, mes amis, croyez-vous que Mgr de Navarre se convertira? demanda enfin le marquis d’O.
    — Jamais! répliqua Cassandre.
    — Je ne le pense pas, monsieur le marquis, nuança Caudebec.
    — Et vous, monsieur de Fleur-de-Lis, que dites-vous?
    — Je ne sais pas, monsieur. Mais je veux croire que cela importe peu. Catholique ou protestant, ceux qui seront braves et bons seront de sa religion. C’est pour cela que

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