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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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chambre
avec des hommes armés, je vous salue aussi.
    — Monsieur,
dit d’Andelot d’une voix forte, voilà un gentilhomme (et du doigt il désigna M.
de Sigogne) qui est mon prisonnier, et une cornette blanche à votre chevet qui
me doit appartenir. Partant, Monsieur, je vous prie de me remettre l’une et
l’autre ès mains.
    — Voire !
dit Rosny qui, malgré ses navrures, et tout le sang perdu, retrouva en un
battement de cil sa native énergie à voir son bien et son butin si insolemment
revendiqués. Hé ! Vrai Dieu, Monsieur ! Que pensez-vous dire ?
Je crois que vous vous moquez !
    — Pardieu !
hucha d’Andelot, tant encoléré que sa large face devint tant rouge qu’un
jambon, pardieu, Monsieur, point ne me moque ! M. de Sigogne et la cornette
de M. de Mayenne sont à moi et je suis résolu de les avoir !
    — Ho !
Ho ! dit Rosny, qui n’était point homme à se laisser morguer, c’est donc
sérieusement que vous parlez ! Vrai Dieu, j’en suis béant ! Que si
j’avais les bras et les gambes en aussi bonne disposition qu’hier, la dispute
en serait bientôt vidée…
    M. d’Andelot
blêmit à ce défi si clairement formulé et quant à moi, voyant les choses se
gâter et Nicolas, à la noise de l’algarade s’étant désommeillé, je lui dis à
l’oreille d’aller en tapinois rameuter tous les arquebusiers valides qu’il
pourrait en le château encontrer et de les ramener céans. À quoi se glissant
hors ma coite comme un chat, le page saillit à patte de velours de la chambre
par l’huis entrebâillé sans que nul ne l’aperçût.
    — Monsieur,
dit d’Andelot, en se tournant vers M. de Sigogne, j’en appelle à votre
témoignage.
    À quoi M. de
Sigogne se levant, et lui faisant de prime un salut, et un autre à M. de Rosny
(toujours étendu sur sa coite, mais soulevé sur un coude) obéit avec la verbosité
qui était, pour ainsi dire, consubstantielle à son être, et fit un long
discours, confus assez, mais dont il ressortait que, tandis que M. de Rosny
était engagé à quelques pas de lui à parler avec le comte de Thorigny, au sujet
du pauvre Châtaigneraie, M. d’Andelot, l’accostant, lui avait dit qu’il le
tenait pour son prisonnier et le prenait sous sa main et protection, ainsi que
la cornette blanche de M. de Mayenne. À quoi M. de Sigogne n’eut pas le loisir
de répondre, M. d’Andelot l’ayant quitté tout soudain sur le commandement du
maréchal d’Aumont, lequel avait ouï que l’ennemi se ralliait pour une nouvelle
charge (bruit qui se révéla faux).
    — Hé,
Monsieur ! Vous voyez bien ! dit Rosny qui n’avait point le triomphe
modeste, M. de Sigogne n’a pu vous donner sa foi, ni vous remettre sa cornette,
puisque l’une et l’autre, il me les avait déjà baillées.
    — Hé
quoi, Monsieur ! dit d’Andelot, M. de Sigogne n’a rien dit de ce genre, et
n’a pu vous remettre ès poings la cornette, puisque la portait, dans les moments
où je lui parlais, un de ses gentilshommes dont la face, bien je me ramentois,
était maculée de sang séché.
    — Monsieur
d’Andelot, dis-je alors, en m’asseyant sur mon séant pour donner plus de force
à mon propos, plaise à vous de m’ouïr et que j’en dise ma râtelée. Je suis le
baron de Siorac, et mon père, le baron de Mespech, a servi sous le vôtre au
siège de Calais et le tenait, comme je vous tiens vous-même, en très grand
respect. Mais il y a en cette affaire, un flagrant malentendu : le gentilhomme
qui portait la cornette de Mayenne au moment où vous avez accosté M. de
Sigogne, n’était point à M. de Sigogne, mais bien à M. de Rosny. C’était moi.
    Encore que
j’eusse mis, comme à mon accoutumée, beaucoup d’huile en mon vinaigre pour dire
ceci – non point tant par prudence que par une sorte d’amitié que je porte
à l’animal humain, et qui me fait désirer de ne le point blesser, si je
puis – c’est le vinaigre qui brûla d’Andelot et lui vint si au rebours de
son estomac que me tournant un dos fort froidureux, il dit à Rosny d’une voix
furieuse :
    — Ce
gentilhomme étant à vous, je dénie, récuse et rejette son témoignage.
    — Monsieur,
dis-je dans son dos, si vous récusez ma parole de gentilhomme, vous devrez m’en
rendre compte, dès que je serai sain derechef.
    — À votre
guise, dit d’Andelot par-dessus son épaule. Monsieur, poursuivit-il en
s’adressant à M. de Sigogne, plaise à vous de me suivre. Vous êtes

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