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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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extraordinaire : la capitulation
de Mantes et l’arrivée du roi en son propre château de Rosny.
    — Vrai
Dieu ! dit Rosny parlant bref et sec, et coupant court à la rhétorique de
Choisy, voilà qui change tout ! Choisy, appelez-moi mon médecin !
Hé ! Choisy ! Choisy ! appelez-moi Maignan !
    Si gros que
fût Choisy, il obéit en un clin d’œil et disparaissant, reparut incontinent
avec ledit médecin, Maignan sur ses talons.
    — La
Brosse, dit Rosny, suis-je en état de voyager ?
    — Non,
Monsieur, dit La Brosse, lequel était un petit homme à face renardière.
    — Je
n’entends pas sur un cheval, dit Rosny en sourcillant, mais en litière.
    — Voilà
qui est tout différent, dit La Brosse, changeant son cap aussitôt, l’amiral de
Coligny, étant blessé, fit en litière une retraite restée fameuse !
Cependant, il y aura davantage péril à courre les chemins sur une litière qu’à
demeurer sur une coite en cette chambre…
    — Foin du
péril ! dit Rosny du même ton rapide et fendant. Maignan ! Où est
Maignan ?
    — Je suis
céans, Monsieur, dit Maignan en avançant son long visage et ses yeux fidèles,
plus attentifs que ceux d’un lévrier attendant de son maître le signal de sa
course.
    — Maignan,
faites fabriquer en toute hâtiveté un fort brancard avec des branches d’arbre,
sans du tout les peler, cela prendrait du temps et serait inutile, d’autant que
dessus on mettra ma coite. Quoi fait, incontinent, sonnez le boute-selle et
nous départirons dès que la litière sera prête.
    — Monsieur,
j’y vole, dit Maignan.
    Ce qui n’était
pas qu’une façon de dire. Il vola véritablement, suivi du gros Choisy et du
bedondainant La Brosse, dont j’augurai qu’ils perdraient vent et haleine à le
suivre, sans que je susse pourquoi ils se hâtaient tant quant à eux, n’ayant,
de reste, rien à faire avec le brancard. Mais apparemment, dès que Rosny
donnait un ordre, tous ses gens se mettaient à trotter qui-cy qui-là dans les
alentours.
    — Siorac,
dit Rosny, de sa même voix brève, êtes-vous en état de chevaucher ?
    — Assurément,
Monsieur, dis-je.
    Mais, qu’il
soit grand ou petit, un baron est un baron, et j’osais donc quant à moi
demander à mon mentor où nous allions, et quelle était l’urgence.
    — Immense,
dit Rosny qui, ayant mis ordre à tout, trouva le temps aussi d’en mettre dans
son discours. Primo, j’ai le dessein de regagner mon château de Rosny,
puisque le roi s’y trouve. Secundo, je voudrais que le roi me voie en
l’état que je suis, afin que si je meurs de mes navrures (ce que Rosny ne
croyait pas le moindre) il sache bien que je suis mort pour lui. Tertio, j’ai appétit à bailler à mon roi ce trophée glorieux entre tous : la
cornette du duc de Mayenne. Quarto, conclut-il en parlant d’une voix
forte et assurée, Mantes venant de capituler, je me propose de quérir du roi le
gouvernement d’ycelle.
    Cornedebœuf,
m’apensai-je, voilà un homme qui n’est pas long à réclamer au roi la récompense
de ses services ! Et qui sait aussi se faire obéir de ses gens, car moins
d’une heure, je dis bien, moins d’une heure, brancard fait, les chevaux
harnachés et sellés, les arquebusiers rameutés et rassemblés, on départit sur le
chemin, arrivant à destination bien plus tôt que je n’eusse pensé, vu qu’on
marchait au pas, et entrant dans le bourg duquel Rosny était le seigneur
(lequel était fort commodément proche en effet de Mantes, dont Rosny convoitait
le gouvernorat) nous y advînmes par Beuvron pour éviter à la litière les
montées et descentes de la Rouge-Voyet. Ce qui fit que du haut du coteau, nous
vîmes la plaine à nos pieds, et la vîmes toute couverte de cavaliers et de
chiens. Et quérant des manants et habitants quels étaient les chasseurs, ils
nous dirent que c’était le roi. Vous avez bien ouï ! Pour se reposer
d’avoir la veille remporté l’éclatante victoire d’Ivry, notre indéfatigable roi
chassait !
    Rosny fit
alors arrêter sa litière pour attendre Henri dont on nous dit peu après qu’il
remontait, la chasse finie, dans le bourg où il entra par l’autre côté que le
nôtre, de sorte que les dés étaient jetés et qu’il ne pouvait pas ne pas nous
encontrer sur son chemin. Et puisque cette encontre est imminente et fatale, je
voudrais ici, empruntant pour ainsi parler l’œil du roi, dire en quel appareil,
ou apparat, ou équipage, il vit le cortège

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