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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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haut le sourcil pour contrefeindre la surprise, Nicolas se
va-t-il donc gâter tout à trac en un jour ?
    — Je ne
dis point en un jour, Moussu, dit Miroul, sentant mon ironie et s’en trouvant
piqué, mais je dis qu’il en prend le chemin. Cependant, faites comme vous
voulez ! Pour moi, je ne me soucie guère, je vous assure, si Nicolas se
gâte ou non ! C’est affaire à vous. Moussu !
    — Mais
c’est affaire aussi à toi, Miroul, dis-je, jugeant que ma gausserie était allée
assez loin, puisque tu es le gouverneur de mes pages et de mes valets. Adonc,
si tu tiens que pour le bien de mon service, le pauvre Guilleris doit être tout
de gob remplacé, et Nicolas remis à ses offices coutumiers, je fais fiance à
ton bon jugement. Va, mon Miroul, va.
    Lequel
départit comme carreau d’arbalète, me laissant peu de doute qu’il m’allait
recruter un second page en un tournemain.
    — Siorac,
dit M. de Rosny qui de sa coite avait ouï cet entretien, vous avez là un bon
secrétaire, et à vous excessivement dévoué. Ce qui est tout à votre los !
À bon maître, bon valet. Pour moi, poursuivit-il, j’ai trois secrétaires dont
je suis content, sauf qu’ils flattent un peu trop mon humaine vanité, laquelle
est plus grande que je ne voudrais, que le Seigneur me le pardonne !
    M. de Maignan,
l’écuyer de M. de Rosny, entra à cet instant, le bras en écharpe et la tête
bandée, et au surplus, un air qui allait bien à son long visage fort maigre, et
maugré sa jeunesse, sévère, étant huguenot fort roide et prenant très à cœur
les intérêts de son maître. Il parut très marri d’avoir à annoncer à Rosny la
mort de son prisonnier, M. de Châtaigneraie, lequel, on s’en ramentoit, Rosny
avait confié à sa prière au comte de Thorigny et que trois gardes du feu roi
avaient occis pour la mauvaise dent qu’ils lui gardaient d’avoir porté par
dérision l’écharpe verte. Meurtrerie que par la commodité de mon récit, j’ai jà
contée, afin que de la placer dans le temps où elle eut lieu, alors même que je
ne l’appris que ce jour où nous sommes, en même temps que M. de Rosny, de la
bouche dudit Maignan.
    — Voilà
qui me fâche ! dit Rosny d’un air, en effet, fort dépit. Si je n’avais pas
accédé à la demande du comte de Thorigny, le pauvre Châtaigneraie, de présent,
serait encore en vie.
    — Et nous
en pourrions tirer rançon ! dit Maignan, qui connaissait trop bien son
maître pour ne pas compléter sa pensée. M. de Thorigny fut bien mal avisé de
croire qu’il pourrait préserver sa vie mieux que nous.
    — Certes,
certes ! dit Rosny, la mine longue, Thorigny porte une lourde responsabilité
dans l’affaire, s’étant engagé d’honneur à me rendre mon prisonnier sain et
sauf.
    — À mon
sentiment, dit Maignan qui était tant plus Rosny que Rosny lui-même, M. de
Thorigny ayant failli à vous rendre votre prisonnier, devrait se tenir obligé
de vous verser la rançon que vous pourriez, à’steure, tirer de Châtaigneraie,
s’il était vif.
    — C’est
bien pensé, Maignan, dit Rosny, mais je doute pourtant que Thorigny me le
propose.
    — En ce
cas, dit Maignan inflexiblement, ne la devrions-nous pas réclamer ?
    — La
chose est délicate, dit Rosny après un moment de silence où il parut peser
l’affaire en ses plus secrètes balances. Sans doute, ce ne serait que justice.
    — Que ne
le faisons-nous alors ? dit Maignan. Monsieur le Baron, voulez-vous que
j’approche M. de Thorigny en ce sens ?
    — Nenni,
nenni, dit Rosny qui poussa un grand soupir comme quelqu’un qui vient de
prendre à rebrousse-poil une décision difficile. Nenni, Maignan. Laissons
courre. Je ne demanderai rien à Thorigny. Primo, pour ce qu’il est mon ami
très particulier. Secundo, pour ce qu’il doit être assez affligé de la
mort de son cousin pour qu’encore j’aille lui en réclamer pécunes.
    Sacrifice qui,
étant donné le chicheté de Rosny, n’était pas, en effet, sans mérite, mais dont
il se repaya en le publiant, et s’en faisant parure. Je le dis sans vinaigre
aucun, aimant et admirant immensément cet homme, à qui le roi et la France
doivent tant.
    À peine
Maignan eut-il sailli de la chambre, la face longue et marrie de la décision de
son maître, que pénétra un des secrétaires de M. de Rosny, M. Choisy, gros
homme pompeux et verbeux qui annonça à son maître deux nouvelles qui ne
laissèrent pas de faire sur lui un effet

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