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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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croisassent.
    Je ne sais
comment M. de Rosny parvint, navré comme il était et sur sa selle vacillant,
jusqu’au château d’Anet, mais cet homme-là, comme un chat, possédait sept vies,
et je ne vois pas qui, ou quoi, put jamais épuiser son inépuisable vigueur. Le
gardien du château lui apprêta une vaste chambre et Rosny, se laissant choir
sur l’une des deux coites qui étaient là, me baillant un page pour m’aider en
cette mission, me pria de lui quérir, primo, un habile chirurgien qui
pût panser et bander la plaie qu’il avait à la hanche, laquelle, comme je l’ai
dit, venait sortir sur le devant par le petit ventre. Secundo, un pichet
de bon vin pour lui faire du nouveau sang et remplacer celui qu’il avait
répandu. Et encore que je doutasse fort que le vin pût jamais à cela servir, la
croyance de son bénéfique effet en cette usance est si répandue chez nos
capitaines – reposant sur le fait que sang et vin sont rouges – que
je ne voulus pas y contredire, m’apensant, de reste, que cette potation, prise
modérément, le retiendrait à tout le moins de trop pâmer. Et partant en quête,
avec le page, à travers le château, la tête fort dolente encore, qui
encontrai-je, au détour d’une galerie, sinon mon Miroul, lequel pâlit de prime
à me voir, m’ayant cru mort et parmi les morts du champ de bataille m’ayant
cherché, et venant à peine d’ouïr par Larchant que j’étais sauf. Je crus quasi
étouffer de ses brassées et de ses poutounes, auxquels il mêlait des larmes,
tant de par sa joie à me voir là que de par son dol à m’apprendre que des
vingt-cinq hommes de mon escorte, quinze avaient perdu la vie au combat, y
compris le page Guilleris, ce qui avait tant affecté mon autre page Nicolas
qu’il se fût occis de sa propre dague, si on ne l’avait empêché.
    — Ha !
Miroul ! dis-je, amène-le-moi en ma chambre que je le conforte, ses années
étant si vertes, et son cœur si sensible.
    Je trouvai un
chirurgien qui, à le voir panser un de nos capitaines, me parut habile assez,
et lui baillant quelques écus, le décidai à me suivre dans la chambre de Rosny,
où je veillai à ce qu’il se lavât les mains, avant que de toucher la plaie du
petit ventre de mon ami, la propreté n’étant pas le fort de cette confrérie,
comme bien on sait. Et à la parfin, quand il eut bandé toutes les navrures de
Rosny, qui en avait bien cinq ou six, je le priai de se laver derechef les
mains, avant que d’examiner celle que j’avais à la tête. Ce qu’il fit, me
rassurant en disant que le crâne, en son opinion, n’était point fêlé, le cuir
étant seulement meurtri, ce qui m’avait fait perdre beaucoup de sang. Après
qu’il eut, sur mon commandement, nettoyé la meurtrissure avec de l’eau-de-vie,
je dus pâmer, je gage, sur la coite où j’étais, car bien je me ramentois Miroul
me soulevant par les épaules et me faisant boire du vin et mes yeux se déclore
sur une chambre fort illuminée aux chandelles, qu’il me sembla découvrir pour
la première fois, M. de Rosny étant étendu fort pâle sur sa coite avec, le long
de son flanc, la cornette blanche de Mayenne dont il serrait la hampe maugré sa
faiblesse ; et ses trois prisonniers assis sur un tapis dans la ruelle et
le dos accoté au mur, MM. de Chanteloup et d’Aufreville très accoisés et M. de
Sigogne jasant et jacassant.
    Je tâchai de
prime d’ouïr son propos, mais le trouvant dénué de sens, je rapportai ce
dénuement à moi-même et j’augurai que j’étais encore à demi pâmé. En quoi
j’errais, car je m’aperçus que dans le même temps, j’entendais fort bien ce que
me contait Miroul sur ce qui s’était passé lors de la charge des lanciers
wallons. Et Miroul s’étant tu, j’observais alors plus curieusement M. de
Sigogne, en la compagnie de qui j’allais vivre les dix jours qui suivirent.
    M. de Sigogne
n’eût eu rien de remarquable en sa face, ses yeux se trouvant vides assez, si
la nature ne l’avait doté d’un nez tant grand et tant large qu’il l’entraînait,
pour ainsi parler, en avant, tant est que lorsqu’il passait une porte, ceux qui
s’encontraient déjà dans la pièce, voyaient son nez entrer avant lui. Au
demeurant, bon homme assez, mais sottard, et comme il arrive aux sots, tirant
de son insuffisance une suffisance insufférable, il paonnait et piaffait comme
pas un fils de bonne mère en France, ne pouvant ouvrir le bec pour dire un rien
sans avoir

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