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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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mes bonnes cousines perdissent de leurs aimables rondeurs.
    — Hélas !
Hélas ! dit Duplessis-Mornay, ne savons-nous pas tous, Sire, combien vous
êtes de ce sexe trompeur entiché ! Et n’est-ce pas un scandale aussi,
Sire, que ces amours si découvertes, lesquelles vous consument tant de temps et
vous robent tant de force !
    — Passe
pour le temps, dit le roi, mais pour la force, elles la nourrissent aussi.
    — Enfin,
Sire, dit Duplessis-Mornay qui contre-feignit de n’avoir pas ouï, le moment
n’est-il pas venu que vous laissiez là ces batifolages, et que vous vous
contentiez, d’ores en avant, de faire l’amour à la France ?
    — Duplessis-Mornay,
dit le roi avec une émotion soudaine, voilà un beau mot et dont je me
ramentevrai. Siorac, reprit-il de sa voix rapide, êtes-vous à mon plan
acquiesçant ?
    — Tout à
plein, Sire, sauf que je n’aimerais approcher les princesses que lorsque je
saurai qu’elles commencent à pâtir de la faim.
    — Voilà
qui est raison ! dit le roi. Ventre affamé a plus d’oreilles que ventre
plein. Duplessis-Mornay, poursuivit-il, vous demanderez à M. d’O les pécunes
nécessaires à cette mission, sans lui en dire du tout la raison et, ajouta-t-il
en levant l’index, sans lésiner.
    — Je le
ferai demain, Sire, dit Duplessis-Mornay, à la pique du jour.
    — Siorac,
mon ami, reprit le roi, je suis à ce coup-ci bien assuré de votre bonne
affection à moi et au bien de l’État, et vous aimant plus que vous n’imaginez,
je désire fort qu’il se présente une bonne occasion pour te le faire
apparaître.
    Cette phrase
si aimable, l’air dont elle fut prononcée, ce vouvoiement qui finissait en
tutoiement tant me troublèrent que pour une fois, moi qui suis pourtant si bien
fendu de gueule, je ne sus rien dire, ni rien faire autre que baiser la main de
Sa Majesté en me génuflexant. Quand je me relevai, le roi était jà hors logis,
Duplessis-Mornay le suivant aussi vite que le lui permettaient ses pas
majestueux.
    — Moussu,
dit Miroul, l’huis à peine reclos sur eux, qui de votre suite sera de cette
aventure, à part vous et moi ?
    — Mon
Miroul, dis-je en riant à cette adroite question, qui te fait apenser que tu en
seras ?
    — Moussu,
c’est qu’il faut un commis à un marchand drapier.
    — C’est bien
vu, Miroul, et un cocher aussi pour conduire sa coche, et un valet d’écurie
pour panser ses chevaux. Adonc, Pissebœuf et Poussevent.
    — Mais,
Moussu, ils parlent d’oc à couper au couteau, ne s’étant pas comme vous et moi,
Moussu, décrassés de leur parladure en Paris ! En outre, Pissebœuf est
grand jaseur.
    — Il
mettra un bœuf sur sa langue, Miroul, et quant à Poussevent, il est muet comme
tombe. Seul son cul est éloquent. Et, la Dieu merci, les pets n’ont pas
d’accent.
    — Moussu,
je suis bien aise de retrouver votre joyeuse humeur. La malenconie où je vous
vis au Chêne Rogneux ne vous sied pas du tout ! M. de Saint-Ange en
sera-t-il ?
    — Que
faire, Miroul, en souterraine intrigue, d’un ange accoutumé à voler dans
l’azur ? Je le donnerai à mon père ainsi que nos deux galapians.
    — Voilà
qui est chié chanté ! dit Miroul, à qui le gouvernement des pages donnait
quelques écornes. Et quand départons-nous, Moussu, reprit Miroul tout flambant
d’impatience, pour ce qu’il était de Paris raffolé, et se promettait cent plaisirs
de muser en ses rues, même dans les dents du plus mortel péril.
    — Demain,
pour Châteaudun.
    — Pour
Châteaudun, Moussu ?
    — Tu m’as
ouï.
     
     
    Le lendemain à
la pique du jour, Duplessis-Mornay m’apporta mon viatique, lequel n’était ni
tant libéral qu’il eût été du temps de mon défunt maître, ni tant chiche que je
l’avais craint, se montant à deux mille écus. Je dépêchai incontinent Miroul
acheter une coche de voyage et vendre du même coup la jument alezane que
j’avais dégagée des morts sur le champ de bataille d’Ivry, et qui s’était bien
curée de ses navrures. J’eusse voulu que Miroul vendît aussi la selle, qui
était de beau cuir et magnifiquement ouvragée, mais étant d’elle quasiment
amoureux, il avala mon commandement, et bien il fit, car le même jour, en
l’appropriant, il trouva dans une des fontes de l’arçon, caché sous un mauvais
chiffon, un sac de cuir contenant mille écus : somme qui était à coup sûr
la picorée que le gentilhomme wallon qui montait la jument avait faite

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