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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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tant à Duplessis-Mornay qui, étant si zélé en
sa foi, craignait que cette réconciliation ne se fît par le moyen de la
conversion du Béarnais.
    — Siorac,
dit Duplessis-Mornay, d’un ton vinaigreux, le roi est le roi et vous lui devez
obéissance et service par ce seul fait qu’il est votre roi légitime.
    — Cela va
de soi, Monsieur, dis-je d’un ton roide assez, mais si le roi était ligueux et
appelait les étrangers à la rescousse contre les Français huguenots,
cuidez-vous que je mettrais beaucoup de flamme à le servir ?
    — Bien
dit, Siorac ! dit le roi que la remarque de Duplessis-Mornay avait
impatienté. Ce combat que voici, reprit-il, est celui des bons Français contre
ceux qui ont quitté ce beau nom pour se faire Espagnols. Et contre ceux-ci,
Ventre Saint-Gris, je m’en va mettre incontinent mon armée en besogne ! Siorac,
puisque vous avez été en Paris sous une déguisure durant les journées des
barricades, dites-moi ce qu’il en fut alors…
    Et moi qui
sentais bien qu’on ne faisait pas le même récit à Henri IV qu’à
Henri III, et que le bien-dit, tant chéri de mon défunt maître,
devait, pour le Béarnais, laisser la place au vite-dit, je lui fis,
tambour battant, un conte concis, quoique précis, et dont je vis bien qu’il
était satisfait.
    — Le
défunt roi, dit-il, se parlant à lui-même, n’a pas erré en appelant ses troupes
dedans sa capitale pour se défendre contre les mutins, mais il a erré en les
dispersant dans les différents quartiers de Paris. Il eût dû, bien au rebours,
les resserrer toutes autour du Louvre pour s’y rendre inexpugnable, tant que le
Guise serait demeuré en la ville.
    Cette
remarque, que le roi ne fit qu’en passant, et quasi en a parte, me
frappa tant par sa pertinence que je la veux consigner en ces Mémoires, la
décision d’Henri III d’appeler les Suisses dedans la capitale ayant été si
souvent blâmée par les chroniqueurs, sans qu’ils vissent du premier coup d’œil,
comme le Béarnais, que ce fut la disposition qu’on leur donna et l’usance qu’on
en fit, qui étaient à rebours du sens commun.
    — Et moi,
dit Henri en redressant sa longue face chevaline et dardant de dextre et de
senestre ses regards aigus, je veux aller voir, ce coup-ci, de quel poil sont
ces oisons de Paris !
    Il dit
« poil » et non pas « plume », ce qui me fit sourire, pour
ce que j’y vis quelque dérision de plus. Mais le roi, me voyant sourire, dit
promptement :
    — Ou de
quelle plume ! Mais la plume volera, pour peu qu’elle soit à contre-poil
caressée !
    À quoi
Duplessis-Mornay consentit à sourire parmi les touffes de son austère barbe, et
le roi et moi-même rîmes à gueule bec, mais peu de temps, pour ce que le roi,
avec la rapidité qui lui était coutumière, reprit tout de gob son sérieux et
dit d’un ton bref et expéditif :
    — Siorac,
sous quel nom, et professant quel état, comptez-vous apparaître à Paris ?
    — Coulondre,
marchand drapier, Sire.
    — Il vous
faudra donc une coche pour transporter vos étoffes.
    — Oui,
Sire.
    — Sous le
plancher de cette coche, disposez une cachette pour y loger des vivres. Quoi
fait, allez dret à Paris ! Et à Paris, dret à la Montpensier !
    — La
Montpensier, Sire ! dis-je, béant. Mais c’est proprement prendre le loup
par les oreilles, puisque c’est sa cousine qui a percé ma déguisure en la
journée des barricades !
    — Précisément,
dit le roi. Vous lui remettrez un petit billet de moi vous recommandant à elle,
et à mes bonnes cousines, afin qu’elles vous fassent bailler un laissez-passer
pour saillir et rentrer dedans Paris tout le temps que durera le siège.
Moyennant quoi, vous serez à même de les envitailler.
    Par celles que
le roi appelait ses « bonnes cousines », il faut, belle lectrice, non
seulement que vous entendiez la duchesse de Montpensier, sœur du feu duc de
Guise, mais sa veuve, la duchesse de Guise, et sa mère, la duchesse de Nemours,
laquelle était bien des trois la plus douce et la plus pacifique.
    — Hé,
quoi, Sire ! dit Duplessis-Mornay, levant ses onctueuses mains d’un air de
scandale, vous allez envitailler les princesses lorraines, alors que leurs fils
et frères vous font cette guerre encharnée ?
    — C’est
affaire à eux, dit le Béarnais, envisageant Duplessis-Mornay d’un air gaussant.
Mais quant à moi, je ne fais pas la guerre aux femmes, et ne voudrais pas être
cause que

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