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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’envisageant œil à œil, me
daguerais-tu, si elle me baptisait fils de Belzébuth ? Moi qui vais à
messe, à confesse et à communion ?
    — Assurément,
Monsieur, dit-il promptement, comme s’il avait jà tourné le problème en sa
cervelle, assurément, Monsieur, je le ferais. Fort heureusement, ajouta-t-il
sans sourire le moindre, je n’en ai pas la force et brandirais ma dague avec
tant de lenteur que vous me pourriez désarmer en un battement de cil.
    À quoi, je lui
souris d’un seul côté du bec, mais sans qu’il me contresourît, chattemite même
vis-à-vis de soi, du moins touchant la fidélité à « sa bonne
maîtresse », comme il l’appelait. Car pour ce qui est de sa complexion il
était franc comme écu non rogné.
    Cependant
ainsi devisant, nous étions parvenus au bout de la longue galerie que j’ai
dite, laquelle de hautes fenêtres donnant sur la rivière de Seine éclairaient
tout à plein. Nous montâmes alors deux étages par un petit viret, Franz, sans
plus songer à visiter les hottes, m’expliquant que la duchesse avait ses appartements
au plus haut du logis, abandonnant le rez-de-chaussée et le premier étage à ses
gens, pour ce qu’elle craignait prou l’humidité de la rivière.
    — Madame
la Duchesse, dit Franz après avoir déclos l’huis d’un petit salon, peux-je
donner l’entrant au marchand drapier que j’ai dit ?
    — Fais
donc, dit une voix aigre que j’eusse entre mille reconnue.
    — Madame
la Duchesse, dis-je en ôtant le chapeau et quasi balayant le sol de mon cheveu,
je suis votre très humble, très obéissant et très dévoué serviteur.
    M’avisant
alors qu’il y avait là, assises avec la Montpensier sur des cancans (comme eût
dit ma belle drapière), M me de Nemours – que j’avais deux ou
trois fois aperçue en compagnie de Catherine de Médicis, du temps que je vivais
à la Cour – et Jeanne de La Vasselière qu’hélas je connaissais beaucoup
mieux, je fis à ces deux hautes dames des saluts mesurés à l’aune de leur
importance et de mon propre néant, un marchand drapier, à leurs yeux, tirant à
moindre conséquence qu’un petit chat. Et me retournant vers la Montpensier,
commençai :
    — Madame
la Duchesse, peux-je dire…
    — Ni mot
ni miette, coupa-t-elle du ton le plus offensant. Quand je voudrai que tu dises
ta râtelée, drapier, je te le commanderai.
    À quoi, je
m’accoisai et lui fis derechef un profond salut, ravalant mes homicidières
pensées, et M me de Montpensier poursuivant comme si je n’étais pas
là son propos, je l’ouïs conter l’histoire, justement, de La Chapelle-Marteau
et de son propre petit chien, ce qui me donna le temps, voilant mes aigus
regards sous un apparent respect, d’envisager à loisir la jaseuse et les
écouteuses.
    Le lecteur
connaît jà M lle de La Vasselière qui, pour lui rober une lettre,
avait dagué ès auberge (après s’être à lui prostituée) mon pseudo-valet
Mundane, lequel était dans la réalité un gentilhomme de la reine Elizabeth que
j’avais, sur l’ordre de mon roi, caché dans ma suite, quand j’accompagnai
d’Épernon en son ambassade auprès de Navarre en Guyenne. Et de cette démone
incarnée, je ne dirai rien d’autre, sinon qu’elle était grande, et brune, et
frisquette, et belle, si le lecteur la veut belle, encore que je doute, s’il la
connaissait tant bien que moi, qu’il aurait appétit à ses sulfureux appas.
    La Montpensier
avait, si je présume de m’exprimer ainsi, la cruauté plus innocente, et comme
naturelle, pour ce que fille d’un François de Guise, qui aspirait à la royauté,
sœur d’un Henri de Guise qui appétait au sceptre, et ces deux-là ayant été
successivement occis, elle était la sœur d’un Mayenne qui, à son tour, rampait
sur sa bedondaine vers les degrés du trône, et donc ne se pouvait concevoir
autrement que royale et quasiment au-dessus de la commune humanité. Cependant,
en sa quotidienne pratique, et combien que les prêches de ses curés fussent
assassins, elle ne tuait point au-delà du nécessaire et sans y mettre la furia et l’acharnement de La Vasselière.
    De son être
physique que je connaissais bien, pour ce que lors de ma prime et unique visite
en son logis – sous mon véritable visage – elle m’avait contraint,
quasi le cotel sur la gorge, à coqueliquer avec elle de la façon bizarre que
j’ai contée (la dame étant de ces Messalines qui, selon le mot de l’auteur
latin

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