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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’exercitation où je
l’avais contrainte, elle para le coup, mais trop tard : son jarret était
navré bel et bien. Et comme je me retirai vivement, elle poussa un tel cri de
rage et de fureur qu’on l’ouït, je gage, de l’autre côté de la Seine, et se
jeta de toutes ses forces contre mon épée, se châtiant elle-même de ne m’avoir
pas vaincu.
    Je tombai
plutôt que je ne m’assis sur la première marche du viret, la sueur ruisselant
de ma face, et tremblant de tous mes muscles, tant mon effort avait été
violent, envisageant sans y croire, étendu devant moi, le corps de La
Vasselière dont je n’avais pas eu la force de retirer mon arme.
    — Moussu,
dit Miroul en me mettant la main sur l’épaule, que faisons-nous ?
    À quoi,
j’ouvris le bec pour répondre, et ne pus articuler un seul son, ma gorge étant
si serrée et si sèche que le peu de salive qui me demeurait entre les lèvres
s’était quasiment épaissi au point de les coller. Je fis alors vers l’une des
fenêtres qui donnaient sur la rivière de Seine un geste, un seul, et aussitôt
me sentant fort nauséeux, et prêt à raquer mes tripes, j’enfouis ma tête dans
mes mains.
    — Moussu,
les laquais ? dit Miroul.
    — Avec
nous, dis-je.
    Mais ma voix
étant à la parfin revenue, je fus un long moment encore à pouvoir branler du
degré où je me trouvais assis.

CHAPITRE VIII
     
     
    — Moussu,
dit Miroul en me désommeillant le lendemain matin d’un dormissou fort traversé
de cauchemars et de sang, l’usance de l’estoc, à la guerre, vous aura gâté
votre escrime : je vous ai trouvé lent et lourd, affronté à cette guêpe.
Cornedebœuf, quelle lame ! Quelle célérité foudroyante ! Tant je
tremblais pour vous que si vous aviez failli votre botte de Jarnac, je lui
eusse lancé mon cotel entre les deux épaules, au risque que vous ne me
pardonniez jamais. Ce qui, toutefois, à y réfléchir, me laissa béant, c’est
qu’elle ait tâché de prime de vous occire, dès qu’elle eut les deux épées en
main, alors qu’elle tirait si émerveillablement.
    — La joie
de la traîtrise, j’imagine, dis-je en me grattant le chef, lequel me doulait
fort. Qu’as-tu fait des laquais ?
    — Je les
ai nourris à la vesprée et aux matines, tant est qu’abasourdis de vivre encore
et de recevoir viandes, ils m’appellent « Monsieur mon Maître » et me
baisent les mains.
    — Qu’en
es-tu apensé ?
    — Que ce
sont bonnes et honnêtes gens, tout dret venus du plat pays, et sans le plus
petit grain de méchantise ni de malice.
    — Sais-tu
leurs noms ?
    — C’est à
peine s’ils le savent eux-mêmes. En outre, ils baragouinent effroyablement.
L’un, sa maîtresse appelait Picard, pour ce qu’il venait de Picardie. L’autre,
Breton, étant né en Bretagne.
    — Baragouin
ou non, tâche de savoir d’eux leurs patronymes. Je les voudrais mettre sur le
passeport que Nemours me va bailler.
    — Quoi !
Les emmènerons-nous hors Paris ?
    — Nous ?
J’ai ouï «nous »? Que veut dire ce « nous » ?
    — Moussu,
vous me picaniez !
    — Si crois-tu ?
dis-je, le saisissant au col de ma dextre et lui poutounant la joue. Me
pourrais-je passer de mon sagace secrétaire ? Cependant, Pissebœuf et
Poussevent demeureront céans. Et Héloïse.
    — Il faut
bien le logis garder, dit Miroul, satisfait que les arquebusiers ne fussent pas
du voyage.
    — Quoi ?
Point de jaleuseté ?
    — À
partage honnête, point de jaleux.
    — Cependant,
qu’allons-nous bailler à Pissebœuf qui lança si opportunément cette hotte à la
bonne face de Picard ? Trente écus ?
    — Ce
geste-là les vaut.
    — Et à
toi ?
    — Ha !
Moussu ! dit-il, la crête fort haute et comme offensé, j’ai du bien !
    — Bien le
sais-je, tu le répètes assez. Que dirais-tu de ma bague d’améthyste sertie de
petits diamants ?
    — Ha !
Moussu, c’est trop !
    — C’est
donc assez. La furie m’eût lardé sans toi.
    — Ha !
Moussu ! Dix mille millions de mercis !
    Et sa claire
et franche face rougissant en sa vergogne de l’énormité de ce don, non tant des
pécunes que de l’honneur qu’il en tirerait aux yeux de sa Florine – son
œil marron quasi rattrapant son œil bleu en son étincelant soulas – il me
fit un grand salut et s’en allait, fluet, frisquet, le pas dansant quand je
dis :
    — Comment
se fait que tu ne quières pas de moi ce que nous ferons de Picard et de Breton,
une fois

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