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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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mais la manière
dont vous avez envisagé M me de Nemours. Votre violente amour des
personnes du sexe, jeunes ou vieilles, vous aura perdu, Baron ! vous allez
entrer dans un très long repos, et des mains d’une femme. N’est-ce pas pour
vous bien confortant ?
    À voir cette
furie si gaussante, ricanante et parleresse, nullement pressée de m’expédier,
mais prolongeant, si je puis dire, la volupté du moment, je conçus aussitôt le
projet de l’entreprendre en jaserie, afin que de laisser le temps à Miroul,
dont je voyais nulle trace, de venir à secours.
    — Madame,
dis-je, je n’entends pourquoi vous ardez si vivement à ma mort. Je ne suis pas
un ennemi des Guise : je les envitaille.
    — Ha !
Baron ! dit-elle avec un petit rire, me croyez-vous si sottarde ? Ce
cauteleux renard de Navarre, dont vous êtes l’outil, dispose d’une arme
redoutable : sa mansuétude. Soit calcul, soit naturelle bonhomie, il sait
gagner les cœurs par l’oubli des offenses. Il a fait des conditions si douces
aux habitants de Saint-Denis pour obtenir leur reddition que ces fols, de
présent, lui mangent au creux de la main ! Croyez-vous que ma cousine,
s’il l’envitaille, le haïra autant qu’elle le devrait ? Je ne parle même
point de sa mère qui, à défaut de voir son Nemours sur le trône, le voudrait du
moins marier à la sœur de ce bouc !
    — Madame,
dis-je, avez-vous toutefois réfléchi que si je ne les nourris point, elles
mourront ?
    — Voire
mais ! La belle perte pour la Ligue ! s’écria La Vasselière avec une
dérision infinie. Ma tante est une poire blette qui tant est molle que le doigt
s’y enfonce. Quant à ma cousine, elle n’est dure que d’écorce. Grattez, vous
trouverez la femelle. Avant le jour des barricades, il m’a fallu barguigner
avec elle une grosse demi-heure avant que je pusse à votre vie attenter, tant
elle vous gardait bonne dent de vos coqueliquades.
    — Mais
vous-même, Madame, dis-je, poussant ma pointe, n’avez-vous pas joué à la
femelle femellisante ès auberge avec Mister Mundane ?
    À cela je crus
qu’elle allait tout de gob me tirer comme un lapin, tant elle pâlit de
frémissante rage.
    — Ha !
cria-t-elle, l’abominable remembrance ! Et comme je vous sais mauvais gré
de me l’avoir ramentue ! Sachez, Monsieur, puisque vous allez mourir, que
j’ai prononcé des vœux secrets, que je ne suis dans le monde que sur ordre et
qu’en cette auberge que vous dites, j’accomplis avec ce porc anglais le plus
nauséeux sacrifice jamais fait pour une sainte cause !
    — Madame,
dis-je, la relançant encore et priant Dieu que Miroul pût intervenir à temps,
soit par ses cotels, soit par ses épées, si vous êtes dans les Ordres, je ne
m’étonne guère que le pain ne vous fasse point défaut. Mais éclairez-moi d’un
doute. Vous m’allez, dites, dépêcher. Et assurément, cette galerie en a vu
d’autres. Elle est si isolée. La Seine est si commode. Toutefois, un coup de
pistolet fait grande noise. Et ne craignez-vous pas que la vacarme n’attire
céans Madame votre cousine qui pourra s’étonner que, ne partageant point avec
elle vos vivres, vous dépêchiez au surplus le sire, fût-il le baron de Siorac,
qui la devait envitailler.
    — J’y ai
rêvé, dit-elle, aussi ces pistoles ne sont là que pour vous empêcher, à la
désespérée, de vous ruer sur moi. Mon propos est de vous tuer de ma main, à
l’épée, dans un duel loyal, pour peu que vous ôtiez incontinent la cotte de
mailles dont vous êtes, sous votre habit, revêtu, et qui vous a tiré tant de
grimaces, à chacune de vos courbettes.
    — Ha !
dis-je, un duel ! J’aime mieux cela !
    — Voire !
dit-elle avec un petit rire.
    — S’il
doit y avoir un duel, dit tout soudain Pissebœuf, avec son terrible accent
gascon, alors je pose ma hotte à terre.
    Ce qu’il fit,
se rendant incontinent libre de ses deux bras, La Vasselière sourcillant, mais
les laquais ne faisant rien pour l’en empêcher.
    — Madame,
dis-je pour divertir son attention, qui retiendra vos laquais de me passer une
épée au travers le corps dès que j’aurai ôté ma cotte de mailles ?
    — Ils
n’oseraient me rober ce plaisir, dit La Vasselière, son œil de jais étincelant.
    — Adonc,
à Dieu vat, Madame, pour peu que loyal soit le duel !
    — S’il ne
l’est pas, dit La Vasselière, aucun des présents ne survivra assez pour le
dire.
    — Avez-vous
ouï, compagnons ?

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