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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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vipères, mais femmes.
    — C’est
tout un, dit roidement Rosny.
    — Ho !
Ho ! dit le roi en riant, je croirais ouïr M. Duplessis-Mornay !
Vipère est froide, Rosny ! Femme est chaude, et au-dehors, et au-dedans.
    — Raison
pour quoi celles-ci travaillent si chaudement contre vous !
    — Femmes
ne peuvent qu’elles ne travaillent pour ceux qu’elles aiment ! Telle pour
son frère, telle pour son fils, comme M me de Nemours ! Or il
faudra bien, quand j’aurai pris Paris, que je me réconcilie avec les princes !
Autant commencer de présent, Rosny ! Et par les femmes, qui sont de ces
princes écoutées ! En outre, poursuivit-il, la langue de la duchesse de
Montpensier vaut à elle seule trois régiments. Et je ne voudrais pas qu’elle
agite contre moi ses prêchaillons, quand je serai en mon Louvre.
    — Autant
couper ladite langue ! dit Rosny.
    — Fi
donc ! dit le roi avec un clin d’œil si gaillard et si entendu que Rosny
lui-même sourit. De reste, Rosny n’était point si roide qu’il le voulait
paraître, ni lui-même si ennemi des femmes, encore qu’elles passassent en sa
cervelle bien après le souci de sa gloire.
    On toqua à
l’huis et un page vint dire que my Lady Markby priait Sa Majesté de lui faire
la grâce de la recevoir.
    — Quoi !
dit Rosny comme indigné, le Roi ne peut-il avoir un entretien avec ses
serviteurs que cette commère anglaise n’y vienne fourrer son nez ? My Lord
Stafford ne suffit pas à dire au roi le sentiment d’Elizabeth ? Faut-il
encore, à côté de ses chausses, un cotillon diplomatique ?
    — C’est
que le cotillon parle plus haut que les chausses, dit le roi en riant. My Lady
Markby, à dire tout le vrai, est bien fendue de gueule, mais Elizabeth l’aime
ainsi. Moi-même mêmement. En outre, elle me plaît à voir, étant si belle !
Page, donne-lui l’entrant !
    — Ha !
Sire ! dit my Lady Markby, en pénétrant dans la chambre toutes voiles
dehors, comme un vaisseau de haut bord, et en courant s’agenouiller avec grâce
aux pieds du roi, son vertugadin de brocart s’évasant autour d’elle en corolle,
faisant valoir sa mince taille et son parpal rondi. Sire, je vous fais dix
mille millions de mercis, comme dirait ma maîtresse, pour avoir condescendu à
me recevoir au pied levé et sans cérémonie.
    — Madame,
dit le roi en la relevant et en la menant par la main à l’unique cancan de la
chambre, prenez ce siège, aisez-vous et je vous prie, soufflez, ce viret étant
fort raide. Ma bonne cousine et sœur, la reine Elizabeth, à qui je garde une
gratitude infinie de son aide et secours, a tous les droits sur moi, et votre
beauté vous en donne d’autres de surcroît, tant est que je n’ai pu souffrir une
minute de plus que vous attendiez à mon huis.
    Cornedebœuf,
m’apensai-je, il se trouve donc avéré qu’Henri a deux langages : l’un pour
les hommes qui est gaussant, abrupt et militaire. Et l’autre pour les dames,
qui est fort cajolant. Cependant, ayant assis my Lady Markby sur le cancan et
lui tournant le dos pour venir à nous, le roi lança à Rosny un œil si aigu, si
fin et si connivent que j’entendis bien que cet entretien impromptu et quasi imposé
le trouvait fort sur ses gardes.
    — Madame,
dit-il en se retournant vers elle, mais sans s’asseoir ni arrêter le moindre
son mouvement pendulaire avez-vous affaire à moi en ce beau matin d’été ?
    — Hélas,
oui, Sire ! dit my Lady Markby en poussant un soupir si profond qu’il
souleva ses beaux tétins, sur lesquels, comme pour les apazimer, elle posa ses
deux mains blanches, ce qui eut pour effet d’attirer sur eux l’attention du
roi, la mienne, et je suppose aussi, celle de Rosny, combien que je n’eusse pas,
à cet instant, d’œil disponible pour envisager le baron. Oui, Sire !
reprit-elle avec un second soupir, j’ai affaire, ou plutôt, j’aurais affaire à
Votre Majesté, si je présumais de me mêler des décisions de son gouvernement.
    — Madame,
dit le roi en lui faisant un petit salut, soyez assurée que je n’en prendrai
pas offense et que je tiendrai vos avis parmi les plus précieux de ceux que je
pourrai recevoir. Vous ne pouvez ignorer comme je suis affectionné à ma très
chère et très aimée sœur et cousine la reine Elizabeth à qui je désire rester
uni comme les deux doigts de la même main, étant bien persuadé que sans le plus
étroit des liens, nous ne pouvons faillir à être, l’un après

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