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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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amitié son bel œil bleu, sa
bouche friande, ses larges pommettes et surtout son front ample, et d’autant
ample que son cheveu blond s’en retirait prou : Que je suis aise de vous
encontrer sain et bien allant et de vous voir céans ! Derechef le
confident et conseiller de Sa Majesté ! Maugré votre petite brouille et
bouderie touchant le gouvernorat de Mantes !
    — Ah
bah ! dit Rosny, portant très haut la crête et immensément paonnant, le
roi a bien, fait de ne me le point bailler, puisqu’il l’avait promis à un
royaliste papiste. Au demeurant, qu’ai-je à faire de ce hochet ? J’appète
à plus ! Je n’ai boudé le roi que sur le principe de la chose. Peu me
chaut la chose même ! Et quant à Henri, reprit-il avec sa piaffe
coutumière, je n’étais pas absent de lui depuis deux mois que, ne pouvant se
passer de moi, il m’a envoyé, par chevaucheur, un billet pour me rappeler à
lui.
    — Vous y
courûtes, j’imagine ! dis-je en riant.
    Mais à mon
rire jugeant au-dessous de lui de mêler le sien, Rosny dit gravement :
    — Mon
cher Siorac, j’ai cette faiblesse de me croire utile à l’État.
    — Et
certes, vous l’êtes ! dis-je avec un salut, et plus qu’aucun autre
gentilhomme de ce royaume !
    À quoi sans
protester le moindre – si grande était l’idée qu’il se faisait de ses
mérites –, Rosny me rendit mon salut.
    Comme il
l’achevait, on entendit quelque bruit à l’huis donnant sur la rue, puis des pas
pressés sur le viret qui menait à l’étage, et la porte de la chambre où nous
jasions se déclosant, le roi apparut, sans suite aucune, et comme à son
ordinaire, pressé, joyeux, impatient de toute préface et cérémonie.
    — Barbu,
dit-il en me laissant à peine le temps de me génuflexer et m’arrachant sa main
(laquelle sentait l’ail) avant même que je l’eusse baisée, Ventre Saint-Gris,
je suis content de te revoir sain et gaillard ! Assieds-toi sur cette
escabelle, là, près de la cheminée. Et toi, Rosny, ne demeure point debout avec
ta gambe qui cloche, ou tu ne te cureras jamais. Barbu, je t’ois ! Qu’en
est-il de cette ingrate Paris, comme disait le feu roi ?
    Ayant dit, et
tandis que je lui contais paucis verbis [25]  –
le serviteur se devant mettre au diapason du maître – ce que j’avais vu et
observé en les semaines que je venais de vivre, il marcha, comme à son
accoutumée, à grands pas dans la pièce, ses courtes gambes, maigres et
musculeuses, frappant le sol avec vigueur, les mains à’steure derrière le
dos ; à’steure de l’une ou l’autre se tirant le nez – qu’il avait
long et courbe – son œil tantôt méditatif et tantôt acéré, m’espinchant de
côté, ou sur le sol fiché, et son vaste et robuste crâne faisant sa provende,
j’imagine, de tous les faits, menus et grands, que j’avais moissonnés pour lui.
    — Pauvres
Parisiens ! dit-il quand j’eus fini mon récit, que je déplore leur
misère ! Et que j’ai plus grande pitié encore de les voir si sottards et
si badauds ! Que ne voient-ils pas à vue de nez que cette âme damnée de
Mendoza se gausse d’eux en leur faisant manger tant de ce pain des morts qu’il
voudrait qu’ils en fussent tous crevés pour s’emparer plus vite de leur bonne
ville ! Et de la France aussi, s’il le pouvait. Ventre Saint-Gris !
Lui seul et son maître Philippe empêchent la paix et le repos de notre pauvre
royaume tant désolé ! Mais, Barbu, poursuivit-il, tout soudain changeant
de ton, de tour et de voix (ni l’élégie ni la tristesse n’étant son fort) qu’en
est-il de mes bonnes cousines les princesses lorraines (à quoi Rosny sourcilla
prou), lesquelles il ne se peut que tu n’aies vues, puisque Nemours t’a baillé
passeport ?
    Je contai
alors ce qui m’était échu en l’hôtel de la Montpensier, et le fis à plus grand
détail qu’auparavant, pour ce que je savais que, parlant des dames, je ne
pouvais lasser si vite la patience de Sa Majesté. Et en effet, il parut prendre
autant de plaisir à mon conte que Rosny en prit peu, sans cependant le
commenter en aucune manière, sauf en disant à Rosny quand j’eus fini :
    — Mon
ami, vous compterez cinq cents écus sur ma cassette au baron de Siorac, pour
qu’il achète viandes et vivres pour nourrir nos cousines.
    — Certes,
Sire, je le ferai, dit Rosny d’un air fort mal’engroin, mais c’est folie que
d’envitailler ces vipères.
    — Elles
ne sont point

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