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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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sans presser le point
davantage, elle fit au roi des compliments infinis et, toute grâces et souris,
demanda un congé qui lui fut gracieusement accordé et s’en alla dans un grand
froissement de son vertugadin, lequel laissa derrière lui un parfum qui certes
m’agréait davantage que celui du roi.
    — Sire,
dit Rosny, j’admire fort cette impertinente.
    — Je
l’admire aussi, dit le roi en riant, tant il se sentait soulagé en son for que
cet entretien fût fini. Mais on tolère chez une femme des audaces qu’on ne
souffrirait pas chez un homme. Raison pour quoi, j’imagine, c’est my Lord
Stafford qui me fait les compliments et my Lady Markby qui se charge des
remontrances. Ma bonne cousine Elizabeth est une femme très avisée.
    — Et
aussi, dit Rosny, une alliée incommode et sourcilleuse.
    — Nous
allons la désourciller, dit le roi. Le temps nous presse, en effet, Parme et
Mayenne vont bien finir par me tomber sus. En cela du moins my Lady Markby n’erre
pas. Aussi ne vais-je pas tarder davantage d’ordonner une attaque de tous les
faubourgs de la capitale. L’heure est venue de resserrer Paris davantage en ses
murs afin que d’en venir à bout.
    — Demain,
Sire ? dit Rosny, fort trémulant, et de joie, et d’espoir.
    — Demain,
l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés capitulera, mais il nous faudra attendre un
petit encore.
    — Quoi et
qui, Sire ? s’écria Rosny.
    — Châtillon
et ses forces fraîches. Ha ! Rosny ! reprit le roi avec une brusque
bouffée de poésie, je n’attends rien de plus que Châtillon et le joyeux premier
soleil qui brillera sur ses cuirasses.
    — Ha !
Sire ! m’écriai-je, ivre d’allégresse, voilà qui est bel et bon !
Peux-je l’annoncer à my Lady Markby ?
    — Ce soir
même, dit Henri, l’œil goguenard et gaussant, sur l’oreiller. Et que grand bien
pour toi s’ensuive, Barbu.
    À quoi il
s’esbouffa à rire, Rosny et moi-même l’imitant.
    — Rosny,
reprit tout soudain le roi toujours riant, mais l’œil réfléchi, ne laisse
d’ores en avant approcher de moi que des gens qui soient gais, comme toi-même,
mon Rosny ou comme le Barbu, ou Roquelaure : Je ne peux me servir d’un
homme mélancolique ; un homme qui est mauvais pour lui-même, comment
serait-il bon pour les autres ? Un homme mécontent de soi, comment pourrait-il
me contenter ? Le bon chien est celui qui trotte, la queue en l’air. Foin
des yeux tombants, du poil pauvre, et des queues tristes.
     
     
    Ne pouvant, ni
quitter ma déguisure ni, après l’avoir quittée, la reprendre, sans qu’elle fût
découverte de tous, je ne pus participer à l’assaut général des faubourgs, et
fus du très petit nombre de ceux que le roi emmena avec lui à l’abbaye de
Montmartre, d’une fenêtre de laquelle, dominant de si haut, il voulait
embrasser l’ensemble de la capitale pour surveiller à chaque instant les
progrès de son armée. Celle-ci, d’après ce que me dit Rosny, il avait divisée
en dix parts égales et ycelles disposées pour attaquer en même temps, les
faubourgs Saint-Antoine, Saint-Martin, Saint-Denis, Montmartre, Saint-Honoré,
Saint-Germain, Saint-Michel, Saint-Jacques et Saint-Victor.
    L’attaque se
fit le 27 juillet à minuit par une nuit fort noire. Tant est qu’étant à
ladite fenêtre de l’abbaye avec le roi, M. Duplessis-Mornay, M. de Rosny (que
le roi avait fait asseoir en raison de ses navrures) et, si j’ai bonne mémoire,
M. de Fresnes, nous pensâmes de prime ne rien apercevoir du tout dans cette
obscurité, mais quand l’escopeterie commença à faire rage de tous les côtés à
la fois autour de la ville, ce fut un spectacle tout à fait merveilleux que de
voir ces bluettes de feu courir au-dessus des faubourgs, telles, et si
nombreuses, et si admirables qu’on eût souhaité qu’un peintre les eût pu fixer
sur une toile. Mais, ce qu’il n’eût pu rendre assurément, ce fut la noise et la
vacarme (tantôt reculée, tantôt proche) des voix confuses dans la nuit, des
cris, des appels et des arquebusades. Et pour moi qui aime à me faire des
réflexions de tout, je me dis qu’à voir les choses d’un point de vue
commodément lointain, la guerre est fort belle, si peu qu’elle le soit pour
ceux qui la vivent de près. Et de près l’ayant vécue, à Ivry, et la vivant
maintenant de loin, je ne doutais plus que pour d’aucuns princes vivant
resserrés en leur palais, et non comme le nôtre chargeant avec

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