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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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l’autre, dévorés
par Philippe. Bien au rebours, si nous demeurons amis et alliés, nos royaumes
seront saufs des atteintes de l’Espagne, et la liberté de conscience, en nos
deux royaumes, préservée de la tyrannie du pape.
    — Ha !
Sire ! dit my Lady Markby en jouant, à l’alentour, de son bel œil noir, et
penchant le cou pour que ses bouclettes brunes vinssent caresser le blanc
laiteux de son cou, certes, vous m’encouragez prou, mais comment aurais-je
l’outrecuidance, moi faible femme (à quoi Henri sourit), d’oser contredire vos
graves conseillers, lesquels puisent une infinie sagacité dans leur longue
expérience (quoi disant, elle fit de la tête à M. de Rosny un salut des plus
gracieux).
    — Parlez,
Madame, je vous en prie et supplie, dit le roi qui n’était pas, à ce que je
crois, sans pressentir l’objet de cette visite. Personne ici n’en prendra
ombrage, ni moi ni M. de Rosny, et moins encore M. de Siorac qui est, si
j’entends bien, votre particulier ami.
    — Eh
bien, Sire ! dit my Lady Markby, voici mon sentiment puisqu’il vous faut
le dire. J’ai ouï, mais il se peut que j’aie ouï d’une mauvaise oreille, que
Votre Majesté, cédant aux pleurs, prières et supplications des Parisiens
affamés qui ont à elle délégué, a permis que trois mille d’entre eux aient la
liberté de sortir des murs et de gagner le plat pays.
    — C’est
vrai, Madame, dit le roi d’une voix ferme, la chose est décidée et se fera
demain.
    — Ha !
Sire, s’écria my Lady Markby en baissant ses beaux yeux noirs d’un air désolé,
moi qui connais bien la reine Elizabeth, peux-je vous dire en tout respect et
révérence, qu’elle en sera excessivement mécontente. Et si j’osais céans être
son interprète…
    — Osez,
Madame, dit le roi, la face imperscrutable.
    — Je
présumerais, Sire, d’articuler que c’est là de votre part une peu pardonnable
nonchalance.
    — Nonchalance,
Madame ? dit Henri, en arrêtant devant elle.
    — Ou
laissez-faire, Sire, si le mot vous plaît davantage. Puisque Votre Majesté veut
prendre Paris par la famine, n’est-ce pas étrange que vous en laissiez sortir
les affamés, lesquels, justement la faim eût poussés à se rendre ?
    — Madame,
dit le roi gravement, trente mille Parisiens sont déjà morts de verte faim.
Combien d’entre eux doivent mourir encore afin que de vous contenter ?
    — Ha !
Sire ! dit my Lady Markby en rougissant, je serais bien marrie que Votre
Majesté pût me considérer inhumaine ou impiteuse. C’est le péril où votre
laissez-faire vous met qui me pousse à parler. Car plus le siège se prolonge,
plus le secours du duc de Parme est probable et vous serez alors jeté à grand
hasard, assiégeant Paris, mais ayant dans le dos une armée espagnole.
    — Madame,
dit le roi en tirant une escabelle à lui et s’asseyant sur elle en l’enjambant
comme s’il montait à cheval, voilà qui demande une franche explication, car je
voudrais chasser ce mauvais goût que votre rapport pourrait donner à la reine
Elizabeth de ce que je n’ai pas exactement gardé la rigueur de la guerre en
cette occasion.
    — Sire,
en effet, dit my Lady Markby, vous ne l’avez pas gardée et la reine dira encore
que vous êtes trop tardif à vous faire du bien et aimez davantage hasarder que
conclure.
    — Nenni,
Madame ! dit le roi, cela n’est pas ! Quand je n’eusse pas permis la
sortie de ces pauvres gens, ils seraient morts au-dedans des murs, et morts
inutilement. La ville pour cela ne se serait pas rendue. Entendez, Madame,
reprit le roi d’une voix pressante, entendez de grâce que ceux qui meurent de
faim dedans Paris et ceux qui s’opiniâtrent dans la rébellion, ne sont point du
tout les mêmes. Ceux-là, qui sont les pires factieux et ligueux, disposent de
tout le pouvoir : Ils ont les pécunes, les armes, les soldats et aussi les
vivres, en ayant amassé de prime plus que leur part. Tant est qu’ils laisseront
périr les premiers sans les secourir du tout, et non plus sans rien céder. Il
n’est donc pas vrai que ma mansuétude prolonge le siège. Elle aura, à la
longue, un effet tout contraire, car elle disposera les esprits de telle sorte
que la ville un jour se rendra d’autant plus aisément à moi qu’elle aura fiance
davantage en ma clémence.
    Je ne sais si
ce discours – où pour une fois la bénignité faisait bon ménage avec
l’habileté politique – persuada my Lady Markby, car

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