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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Italiens, comme on sait,
ayant, même quand ils sont papes, un merveilleux attachement à la gens [27] dont ils sont issus.
    Au contraire
de Pierre d’Épinac, qui n’avait qu’un seul cœur tout entier attaché à la Ligue,
Pierre de Gondi en avait trois : le premier pour la pécune, le second pour
l’autel, le troisième pour les grandes affaires du royaume, ces trois cœurs
s’accommodant entre eux comme ils le pouvaient, la tournure des choses n’étant
pas si simple, ni l’avenir si clair, pour qui appétait avant tout à surnager,
une fois qu’aurait pris fin, d’une manière ou d’une autre, la tempête de nos
guerres fratricides. Et pour moi, à envisager sa physionomie fine, aimable et
renardière, je me pris à penser que quiconque triompherait en cette
guerre – Henri IV ou Philippe II d’Espagne – serait bien
assuré de pouvoir employer à son service les talents si souples et si divers du
cardinal de Gondi.
    — Sire,
dit le cardinal d’une voix suave, vous avez pu lire par le présent pouvoir que
les plus notables de Paris nous ont délégués vers le roi de Navarre pour
rechercher une pacification générale du royaume, et s’ils ont son agrément,
iraient ensuite trouver le duc de Mayenne, pour l’induire à rechercher avec lui
ladite pacification.
    — Monsieur
le Cardinal, dit le roi d’un ton roide assez, et en sourcillant quelque peu, je
vous arrête là. Vous ne parlez pas céans au roi de Navarre. Si je n’étais ici
que le roi de Navarre, et si vous me considériez véritablement comme tel, je
n’aurais que faire de pacifier Paris et la France, et vous n’auriez que faire
de me demander cette paix.
    À quoi, le
cardinal de Gondi, qui ne pouvait, ni reconnaître à Henri la qualité de roi de
France, puisque la Ligue dont il était l’ambassadeur la lui contestait, ni la
lui refuser, puisqu’il lui demandait la paix (ce qui était bien, en quelque
mesure, reconnaître de facto sa légitimité) prit un parti auquel les
diplomates excellent, quand ils sont à l’impuissance réduits : Il se tut.
Mais il se tut avec beaucoup de grâce, faisant à Henri une profonde révérence,
accompagnée d’un sourire connivent et d’un brillement de son œil velouté,
lesquels laissaient entendre qu’il était en son for d’accord avec son royal
interlocuteur sans cependant pouvoir l’exprimer par des mots – ne fût-ce,
de reste, qu’en raison de la présence à ses côtés de l’archiligueux d’Épinac
qui, se peut, n’avait été à lui adjoint que pour le surveiller.
    Ce que voyant
Henri – dont la subtilesse gasconne valait bien la finesse
italienne – et qui entendait bien que ce genre d’homme fluctuait au gré
des marées, descendant avec l’une et remontant avec l’autre, il se radoucit
prou et reprit avec son ton enjoué :
    — Encore
que ce terme de « roi de Navarre » que votre pouvoir emploie aille
contre ma dignité, je ne m’amuserai pas plus avant à cette question de forme,
si grand est mon désir de voir mon royaume en repos. Car j’entends bien que
vous m’invitez à rechercher avec le duc de Mayenne une pacification générale au
terme de laquelle Paris me serait rendue. Est-ce bien cela votre propos ?
    — C’est
bien cela, Sire, dit le cardinal de Gondi avec un nouveau salut.
    Le roi
s’éloignant alors de lui, et se tournant vers trois de ses principaux
conseillers, Duplessis-Mornay, Rosny et le maréchal de Biron, les espincha d’un
œil entendu et gaussant, et sotto voce, dit en oc à Biron, qui était
périgordin :
    — Tout ce
que ces chattemites cherchent, c’est gagner du temps, pour permettre au duc de
Parme de les secourir.
    Ayant fait
là-dessus un clin d’œil, il revint vers les ambassadeurs et se campa devant eux
et dit d’une voix claire qui fut ouïe de tous :
    — Messieurs,
je ne suis pas dissimulé. Je dis rondement et sans feintise ce que j’ai sur le
cœur. Je veux une paix générale. Je la veux. Je la désire, afin de pouvoir par
elle acquérir les moyens de soulager mon peuple, au lieu qu’il se perde et se
ruine, comme hélas je vois. Que si pour gagner une bataille, je donnerais un
doigt, pour une paix générale, j’en donnerais deux ! Mais ce que vous
demandez ne se peut faire.
    Après cette
dernière phrase prononcée d’une voix forte, Henri s’accoisa et tournant le dos
aux deux prélats, marchait qui-cy qui-là dans le cloître.
    — Sire,
dit le cardinal de Gondi qui parut plus

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