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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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robe violette, et suivis de quelques clercs, mais sans
hommes d’armes ni capitaines. Rosny leur fit de loin un grand salut, mais sans
approcher, et lui devant, et moi humblement derrière, nous musâmes de l’autre
côté du cloître, lequel était fort beau, et aussi fort vaste, circonscrivant
par les quatre côtés de son déambulatoire une cour pavée d’une grande
amplitude, mais qui, sur le coup de midi, parut soudain fort petite, quand elle
fut envahie, non sans quelque noise et vacarme par la suite du roi, laquelle
comptait bien un bon millier de gentilshommes, sinon plus, tous l’épée au côté,
et arborant cuirasse, le roi qui marchait devant eux, fort pressé par cette
multitude, portant seul un pourpoint pour lequel il avait été à quelques frais
de toilette, car il me parut neuf assez, et sa couleur feuille morte, point
trop passée.
    À son advenue
les deux prélats s’inclinèrent profondément mais sans se génuflexer, ni lui
baiser la main, ce qui voulait dire, j’imagine, qu’ils ne le reconnaissaient
point pour le roi de France. Henri, quant à lui, sans marquer le moindrement
qu’il en fût piqué, leur ôta son chapeau avec quelque bonhomie et, se recoiffant,
leur souhaita la bienvenue d’une voix enjouée en les priant de lui dire
succinctement la matière de leur ambassade. Et comme à cet instant, il fut
quasiment trop serré par sa suite de gentilshommes, lesquels se bousculaient
quelque peu pour se pousser au premier rang, dans la curiosité qui les tenait
d’ouïr et de voir ce qui s’allait passer, Henri sourit, et dit au prélat :
    — Ne
trouvez pas étrange, Monsieur le Cardinal, si je suis ainsi pressé par mes
gentilshommes. Ils me pressent encore davantage aux batailles.
    Quoi oyant,
les gentilshommes cuirassés, fort contents qu’on louât leur vaillance, firent
entendre, si j’ose m’exprimer ainsi sans disrespect, le grondement d’aise de
chiens à l’attache qu’on va désenchaîner. Quant à moi, me trouvant au coude à
coude avec M. de Rosny, et prenant des notes de cet entretien, comme il me
l’avait commandé, je vis bien que l’œil d’Henri eut un petit pétillement de
plaisir et de malice à voir ainsi étalée sa force aux yeux des ennemis.
    — Messieurs,
reprit-il de son même ton enjoué, qu’avez-vous affaire à moi ?
    — Sire,
dit le cardinal de Gondi, qui fut le seul de nos deux chats-fourrés à prendre
la parole en cet entretien, la robe pourpre ayant préséance sur la robe
violette (ce qui n’est pas à dire que le rusé et avisé archevêque de Lyon
n’avait pas eu son mot à dire dans le façonnement de cette entrevue, tant en
matière qu’en manière), une Assemblée des plus notables de Paris nous a
délégués à vous pour tâcher de rhabiller les grands maux qui visitent de présent
ce royaume tant désolé.
    Henri eut ici
un haussement de sourcil, comme s’il voulait donner à entendre que ces maux
n’étaient pas de son fait, lui qui était le roi légitime de la France, mais
bien de ses sujets rebelles. Cependant, sans donner voix au pensement que sa
mimique avait révélé, il se contenta de dire :
    — Messieurs,
voulez-vous me montrer le pouvoir que ladite Assemblée vous a donné pour parler
en son nom ?
    Ce qui prit
quelque temps, car le roi voulut lire le document d’un bout à l’autre, sans en
omettre un mot.
    Et tandis que
mon roi se trouve ainsi occupé, belle lectrice, qui a bien voulu m’agréer comme
son régent et gouverneur en l’exposé des affaires politiques, peux-je vous
dire, tandis que votre chambrière vous pimploche, et qu’une autre vous tend le
miroir où vous admirez vos grâces, que ce cardinal de Gondi, qui traitait avec
le roi quasi en égal, émanait d’une grande famille florentine qui, en France
comme en Italie, brillait, avait brillé et devait briller jusqu’à la fin des
siècles, dans les trois branches de l’activité humaine qui requièrent le plus
de sagacité : la Banque, l’Église et la Diplomatie.
    Quant à ce
Pierre de Gondi plus précisément, Pierre – comme Pierre d’Épinac, mais je
doute que sur ces pierres-là, qui sont de complexion si changeante, on puisse
bâtir une Église éternelle –, il était le neveu de Jean-Baptiste de Gondi
qui fut à la fois le banquier et le maître d’hôtel de Catherine de Médicis, à
la faveur de qui le Florentin dut, et sa fortune, et celle de son neveu, ici
présent, et bien sûr, de sa famille entière, ces

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