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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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avec une
rigueur huguenote, chacun étant au commandement du Béarnais, corps et biens,
tripes et boyaux.
    — Lesquels
boyaux me tordent de mon désappointement, dit Miroul, la crête basse. Au moins,
Moussu, me conterez-vous bien le tout de l’affaire, quand reviendrez ?
    — Tant
promis, tant tenu.
    J’arrivai le
premier à l’entrée du Pont de Tours où les archers, à ma vue, prenant garde
doter les chaînes, allèrent de prime quérir leur officier, qui se trouva être
nul autre que Gerzé, lequel, sortant du corps de garde, s’écria :
    — Tudieu,
Siorac ! Que fais-tu à’steure à cheval ? Et vers où diriges-tu ses
sabots ?
    — Je ne
sais, le roi de Navarre m’a donné jour céans.
    — Quiert-il
l’entrant à Tours ?
    — Je ne
sais.
    — Le beau
mystère que voilà ! dit Gerzé en riant. Allez-vous prendre la ville à vous
deux ? Et en pourpoint ? Par la sang Dieu, voilà qui est
plaisant !
    Ce joyeux
Gerzé, qui avait servi sous les ordres de Larchant à Blois, était maintenant
maître de camp, capitaine d’une vaillance éprouvée et fidèle comme diamant à
son roi, beau et grand gaillard de six pieds de haut, qui se tenait là, à
l’aube de ce premier mai, si heureux de vivre, ses longues gambes écartées,
boutonnant son pourpoint, le cheveu brun ébouriffé, riant de sa blanche et
solide denture. Si on l’avait peint tel que je le vis à cet instant sur fond
d’aurore rosissante, il eût pu bien passer pour l’image même de la santé et de la
force. Hélas, pauvre Gerzé ! Peu se doutait-il dans la tiédeur de ce mai
nouvelet, la nature mettant partout ses feuilles et ses fleurs, que huit jours
plus tard – nenni, pas même huit jours, sept !  — on le
coucherait, froid et sanglant, dans sa tombe.
    Comme il
achevait ses propos gaussants, Navarre apparut, monté sur sa grande jument
blanche, suivi – nous n’en crûmes pas nos yeux – d’aucune suite de
gentilshommes ni de gardes à l’exception du seul fluet petit page, lequel était
monté sur un petit cheval arabe si vif et si fringant en ses allures que je me
demandai s’il n’allait pas, comme Pégase, s’envoler. Et d’autant que le page ne
devait pas peser à son dos plus qu’une puce. Un roi suivi d’un seul page et
d’un unique gentilhomme, je crus que mon bon Gerzé s’allait pâmer de
stupéfaction à voir ce train.
    — Sire,
dit-il se génuflexant, quérez-vous l’entrant ?
    — Oui-da,
mon fils, dit Navarre d’un ton de bonne humeur.
    — Plaise
à vous, Sire, dit Gerzé, de me permettre de vous accompagner jusqu’à l’autre
bout du pont.
    — Seulement
si tu le tiens pour agréable. Fils, quel est ton nom ?
    — Gerzé,
Sire. Je suis maître de camp.
    Navarre
s’accoisa le temps que prirent les archers à ôter les chaînes, et s’engageant
le premier sur le pont, Gerzé marchant à pied à son côté, moi et le page
chevauchant derrière dans l’aube déjà levée, il dit :
    — Gerzé,
combien êtes-vous de maîtres de camp à Tours ?
    — Trois,
Sire. Crillon, Rubempré et moi.
    — C’est
peu. Et j’ai vu peu de troupes à Saint-Symphorien pour couvrir la ville au nord.
    — Nous
avons là, Sire, douze cents hommes de gens de pié et quelque cinquante
chevau-légers.
    — Est-ce
tout ?
    — Le
régiment des Suisses occupe le faubourg de Saint-Pierre-des-Corps et couvre la
ville à l’est.
    — Est-ce
là toute l’armée du roi de France ? dit Navarre.
    — Nenni,
Sire. Le roi a donné une armée au comte de Soissons pour en découdre avec le
duc de Mercœur en Bretagne. Et une autre au duc d’Épernon qui tient
l’Angoumois. Et baillé à Beaugency et Blois de grosses garnisons.
    À cela Navarre
ne dit ni mot ni miette, mais pour moi qui commençais à le bien connaître,
j’opinai en mon for que la disposition des forces royales allait très au
rebours de son estomac.
    — Je vois
peu d’eau couler, dit-il jetant un œil par-dessus la parapète. Peut-on passer à
gué du faubourg de Saint-Symphorien à la grande île que j’aperçois dans le
mitan de la rivière ?
    — Oui-da,
Sire, pour le présent, mais point quand fondront les neiges d’Auvergne. La
rivière alors grossira prou.
    — Mais
pour l’instant elle est guéable, dit Navarre d’un ton qui ne me parut point
trop content. A-t-on mis des troupes dans l’île et l’a-t-on remparée ?
    — Non,
Sire.
    — Il me
semble, pourtant, dit Navarre, que si Mayenne, qui est à

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