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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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pardonner. J’ai cru bien faire en pourvoyant aux sûretés de
mon maître, et aussi aux vôtres, puisque vous voilà alliés.
    À quoi le roi
sourit et dit :
    — Vous
avez bien fait, Monsieur de Vignelles, à Dieu plaise que j’aie toujours d’aussi
bons serviteurs que vous.
    Et là-dessus
il me présenta la main.
    — Vous
avez ouï, Baron ! dit Vignelles en me serrant le bras à me faire mal, le
roi de France m’a présenté la main ! Laquelle main, dégantée, me parut si
douce et si suave que c’est à peine si j’osais la gâter en y posant mes
lèvres !
    Ayant dit, il
me dépoigna le bras et s’en fut, avide, à ce que je m’apensai, d’aller conter à
d’autres l’honneur qu’on lui avait fait, tant est que je pus rejoindre les
miens et me livrer avec eux à notre petit délire d’amitié au mitan du délire
général.
    Lecteur, je
passe ici nos brassées, nos poutounes, nos décousus, rieurs et véhéments
propos, Giacomi m’apprenant tout de gob que sa Larissa…
    — Mais
mon Pierre, dit-il en s’interrompant, sais-tu que ma maison de Paris m’a été
confisquée par les Seize ?
    — Ta
maison confisquée ? Ha ! Giacomi ! Che peccato !
    — Ma
anche la tua, carissimo amico ! dit Giacomi avec un sourire.
    — Ma
anche la mia ! [3] dit mon Quéribus de sa voix de fausset.
    À quoi, nous
entrevisageant tous trois, nous nous esbouffâmes à gueule déployée.
Cornedebœuf ! m’apensai-je cependant, me voilà bel et bien de retour à la
Cour de France, puisque nous parlons italien…
    — Voilà
d’étranges gentilshommes ! dit Chicot. Ces pendards de Seize leur
robent leurs maisons de ville et ils rient !
    — C’est
que la raison de la roberie est honorable, dit Giacomi, levant au ciel son long
bras d’escrimeur, vu qu’en raison de notre fidélité au seul légitime souverain,
les Seize nous tiennent pour les suppôts d’Enfer d’un roi excommunié.
    — Et qui
sont ces Seize crottés, au demeurant ? dit mon beau muguet de cour
en mettant les mains aux hanches et en tordant le torse pour faire valoir sa
taille de guêpe : des huissiers, des procureurs, des sergents à verge et
autres barricadeux de basse extraction : trublions rebelles et
maillotiniers, poussés sur le pavé de Paris comme champignons sur le fumier,
hommes de peu de conscience et d’encore moins de consistance, tourneboulés par
les prêchereaux, serviles au pape et vendus à l’Espagne.
    — Toutefois,
dit Du Halde qui sans rire le moindrement du monde, tournait vers nous sa
longue et austère face, étant, bien que catholique, plus sévère en ses mœurs et
plus sérieux en son pensement que le plus rigoureux huguenot, ces Seize, que vous déprisez, sont de présent les petits rois de Paris, épurent le
Parlement, imposent les fortunes, déchoient le roi, nomment Mayenne lieutenant-général,
pendent les royalistes, lèvent des armées, et tiennent, par le moyen de la
soi-disant Sainte Ligue, plus de la moitié du royaume, et toutes les grandes
villes, hors Bordeaux.
    — Du
Halde, dis-je, tu parles d’or. L’union du roi et de Navarre ne doit pas nous
celer que la réconciliation des Français n’est pas faite, que le royaume est
coupé en deux, et que nous avons contre nous d’immenses forces. Cependant,
Navarre est un grand capitaine…
    — Mayenne
aussi, dit Du Halde.
    — Ho !
Ho ! Du Halte ! cria le bouffon Chicot (il appelait Du Halde «  Du
Halte  », depuis que le valet de chambre lui avait un jour interdit le
seuil de la chambre royale). Mayenne n’est point si habile qu’il puisse péter
plus haut que son cul. Mayenne mange comme quatre et dort comme quarante. Il
est goutteux et bedondainant. À trente-cinq ans, paraît le double. C’est un
gros pourceau qui s’apparesse sur sa putain. Il n’y a plus moyen de l’en
bouger, quand il s’y est mis. Au lit comme au champ de bataille c’est un
tardif, un délayant. Il ne battra jamais Navarre qui s’enconne en garce et s’en
déconne avec la rapidité de l’éclair.
    À quoi nous
rîmes, hors Du Halde qui trouvait les propos de Chicot malséants, sauf quand,
faisant rire le roi, ils le tiraient de sa malenconie.
    — Mais,
dis-je, mon Giacomi, tu me parlais de Larissa.
    — J’y
reviens, mon Pierre. Du fait que ces scélérats m’ont robé ma maison de Paris,
Larissa s’est ensauvée avec mes gens et loge avec Angelina en ta seigneurie de
Montfort l’Amaury.
    — Ma
Catherine aussi, dit mon beau

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