Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
Vom Netzwerk:
Vendôme, tentait un
coup de main par le nord et s’emparait du faubourg Saint-Symphorien, lequel est
si faiblement tenu, la possession de cette île lui serait d’un immense avantage
pour faire le siège de Tours.
    — En
effet, Sire, dit Gerzé, la crête rabattue assez.
    Observant
quoi, Navarre reprenant son ton de bonhomie lui posa des questions enjouées sur
sa province et sa parentèle et ne laissa Gerzé à l’autre bout du pont qu’il ne
l’eût par sa bonne grâce tout à plein conforté.
    — Siorac,
me dit Navarre, comme nous chevauchions au botte à botte dans les rues à’steure
désertes de Tours, le fluet page nous suivant, le roi est-il tant lève-tôt
qu’on le dit ?
    — Assurément,
Sire. Il ne s’acagnarde jamais au lit. Dès cinq heures, il abandonne sa coite,
au grand dol de la reine.
    — Que ne
l’y retient-elle ? dit Navarre avec l’ombre d’un petit sourire. Et
qu’opines-tu, poursuivit-il, de la manière dont Tours est défendue ?
    — Sire,
dis-je, non sans quelque prudence, encore que je n’aie pas appris la guerre, il
me semble que vous ne la trouvez pas fort bonne.
    — C’est
peu dire.
    — En ce
cas, dis-je, comme il s’accoisait, pourquoi ne pas le laisser entendre à Sa
Majesté, puisqu’il m’apparaît que c’est chez Elle que nous nous rendons.
    — C’est
que j’ai autre chose à lui dire, et de plus grande conséquence, sur la conduite
de la guerre. En outre, Siorac, ajouta-t-il avec un fin sourire, ton maître et
moi, nous ne sommes alliés que d’hier et je ne sache pas qu’il soit adroit d’y
aller d’une main trop lourde : mieux vaut laisser son enfant morveux que
lui arracher le nez.
    Voilà,
m’apensai-je, mon Béarnais craché : le parler peuplacier et la pensée
subtile.
    Nous n’eûmes
aucun mal à trouver l’hôtel où logeait le roi, tant les rues avoisinantes
étaient remparées de gardes, Navarre me priant de chevaucher au-devant de lui
pour me faire reconnaître et ouvrir le chemin. Ce qui se fit à l’aise, sauf
devant l’huis où je trouvai le brave Crillon, lieutenant-colonel de
l’infanterie française, lequel, homme vif et de primesaut et à son roi fidèle,
avait, comme le lecteur, se peut, s’en ramentoit, enfoncé son chapeau sur la
tête plutôt que de saluer le Guise, quand celui-ci, en arrogante désobéissance
d’Henri et contre son plus formel et répété commandement, avait osé apparaître
en Paris, déclenchant de par là, comme il y comptait bien, la rébellion des
Parisiens.
    — Par la
sang Dieu ! cria Crillon, c’est toi, Baron, à’steure ! Et demandes-tu
l’entrant chez le roi, à la pique du jour ? Et cuides-tu, mordieu, le
pouvoir obtenir de moi, tout médecin du roi qu’on te dise, toi qui manies épée
mieux que lancette.
    — Ce n’est
pas je qui le quiers, dis-je en riant, mais le roi de Navarre qui me suit
(lequel, en effet, s’était arrêté à quelques toises de nous, son petitime page
derrière lui).
    — Gausses-tu,
Siorac ? dit Crillon sotto voce, est-ce là le roi de Navarre, suivi
de ce seul petit pou de page, monté sur ce petit arabe encore trop gros pour
ses petites pattes et précédé d’un unique gentilhomme qui n’est même pas à
lui ?
    — Foi de
Périgordin, c’est lui !
    — Foi de
Provençal, dit Crillon, à peu que je n’en tombe sur le cul, tant me voilà
béant. Ha ! Brave, brave Navarre ! poursuivit-il à voix basse ;
s’aller fourrer tout seul ès mains de Sa Majesté, lui donnant toute sa fiance
d’un coup, Elle qui, hier, le combattait encore ! Bagasse, Siorac !
Que vaillant ! Que noble ! Que généreux ! Par la sang Dieu, je
sens que je vais adorer cet homme !
    Qu’il y eût là
vaillance, comme le voulait Crillon, je n’en doute point, mais aussi politique
subtilesse, Navarre voulant, à mon sentiment, se rattraper d’avoir la veille
occupé le château de Plessis avant d’encontrer le roi. Et je vis bien que le
roi, à la façon dont il l’accueillit, entendit fort bien et la bravoure et la
finesse, pour ce qu’il bailla à Navarre, de prime une forte et grande brassée,
ne l’en aima que davantage à partir de ce jour et lui rendant fiance pour
fiance, renvoya ses gens, hors Du Halde et moi-même et commença incontinent à
l’entretenir des affaires du royaume sur le ton du plus complet abandon. Quant
à ma personne, assise modestement avec Du Halde sur un coffre, dans un coin
retiré de la chambre royale, avec quel

Weitere Kostenlose Bücher