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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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me semble que vous
devriez discontinuer cet artifice qu’elle avait en sa tyrannie exigé de vous
afin qu’on ne vous puisse l’une de l’autre distinguer.
    — Mais,
s’écria Angelina, l’œil tout soudain hagard, l’air effrayé et le corps
trémulant de la tête aux orteils, c’est qu’elle l’exige encore de moi après sa
mort, et que je n’ose contrevenir à ses ordres, de peur que son âme, revenant
d’outre-tombe, ne se glisse en moi et me vole mon être ! Non !
non ! mon Pierre, je vous en prie et supplie, ne quérez pas de moi de
cesser de me peindre là, poursuivit-elle mettant le doigt sur sa mouche comme
pour la défendre de mes attaques : Il y va de ma vie même !
    — Je ne
songe pas à quérir de vous quoi que ce soit qui puisse vous effaroucher,
dis-je, dans la crainte où j’étais de la voir derechef se tordre sur sa coite
en sanglots convulsifs. Et combien que je ne cuide pas que les morts puissent
commander aux vifs, ni se glisser en eux pour leur rober leur âme, gardez ce
point de pimplochement là où vous le voulez placer. La chose n’est pas de
conséquence pour moi et si elle l’est pour vous, faites à votre guise.
    Ceci l’aquiéta
quelque peu, mais point tout à plein car je ne faillis pas d’observer dans le
cours de la journée qu’elle jetait autour d’elle des regards suspicionneux,
comme si elle eût craint de sentir à l’alentour de son cotillon une présence
invisible. Et à vrai dire, elle portait ces mêmes regards d’extrême défiance
sur les personnes visibles de son entourage, sur Florine, sur Miroul, sur notre
domestique, sur moi en particulier. Avais-je la male heure de prononcer une
parole un peu brusque, elle se jetait dans les larmes, la fureur, ou la
prostration, d’où je ne la tirais que par des protestations infinies et des
cajoleries qui finissaient, comme on l’a vu, par une insatiableté qui me
laissait pantois du changement que quelques mois d’absence avaient opéré dans
les tranquilles dispositions de mon Angelina ; cependant, de tout ce
temps, sur Larissa pas un mot, et sur Giacomi son beau-frère, auquel elle était
pourtant de son vif grandement affectionnée, ni mot ni miette. Pis même, quand
par aventure, je citais leurs noms, baissant la paupière tout soudain sur son
grand œil de biche, elle s’accoisait, l’oreille sourde, les lèvres serrées, et
le front fermé, comme si elle eût été attentive à ne laisser pénétrer en elle
la plus petite parcelle des remembrances que ces noms évoquaient.
    J’allai voir
mon joli frère Samson et Gertrude du Luc en leur apothicairerie de Montfort
l’Amaury et les trouvai fort heureux, bonheur que j’enviais en l’inexplicable
mésaise où je vivais depuis mon retour au Chêne Rogneux. Je fus fort bien reçu
par eux, et par la dame d’atour de Gertrude, Zara, toujours resplendissante en
son indestructible beauté. Comme elle ne quittait pas l’enfantelet qu’elle
avait contraint Silvio à lui faire, mais le portait continuellement sur son
bras, elle avait l’air plus que jamais d’une madone italienne dans le tableau
d’un maître et à mon avis ne servait à rien d’autre qu’à cette décoration du
logis, car je ne la vis pas toucher un gobelet, ni une écuelle, ni un flacon de
tout le temps que je pris ma repue avec mon frère et ma belle-sœur, ma Zara
occupant à table la droite de Gertrude, le bambino dans ses bras, dans tout
l’éclat de sa triomphante maternité et n’ayant pas, à ce que je vis, d’autre
office en le domestique de mon frère que de s’offrir (avec des sourires ravis,
adressés à sa propre chair, et à la chair de sa chair) à l’admiration de tous.
    Cependant, si
chaleureusement que Gertrude et mon frère me reçussent, ils furent bien moins
prompts à me rendre ma visite, et moins encore à me parler d’Angelina, sur le
compte de qui, sauf pour les salutations d’usage, je les trouvai muets.
    À ma grande
liesse et surprise, Fogacer apparut à cheval un matin de cette fin d’août au
châtelet d’entrée du Chêne Rogneux, suivi d’un petit page aux cheveux bruns
bouclés qui ne fut pas sans me ramentevoir Silvio. Il parut fort soulagé de se
mettre à l’abri de mes murs, s’encontrant, dit-il, persécuté derechef pour sa
bougrerie, et en grand danger d’être brûlé, sans, hélas, pouvoir compter sur la
protection du roi comme du temps de notre pauvre bien-aimé maître,
Henri IV, quant à lui, étant, dit-il, sans

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