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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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archevêque
de Reims et que vous ayez, vous, ces bénéfices ! Je n’ai pas voulu que
votre aîné ait tout et que vous n’ayez rien. Vous seriez donc un ingrat,
Monsieur, et un grand fol, si vous deviez gâcher les chances que je vous ai
données. Avec les revenus de votre archevêché, vous êtes le plus riche de mes
fils. Vous portez une robe violette qui vous va à ravir et qui vous fait
respecter partout. On vous donne du Monseigneur, on vous baise la main, les
princesses se génuflexent devant vous – vous, un cadet ! Et si vous
êtes sage, Monsieur, mais il faudra être sage, le Pape, d’ici quatre ou cinq
ans, vous donnera, comme autrefois à votre oncle, le chapeau de cardinal et
vous aurez alors préséance à la cour sur les princes du sang. Est-ce rien,
dites-moi, de monter si haut dans l’État ? Avec votre peu de mérite !
    Je regardai l’archevêque tandis que Madame de Guise lui
tenait ce discours. Il était bien vrai que la robe violette allait à ravir à
Louis de Lorraine qui était blond, rose, l’œil pervenche comme sa mère, la
taille bien prise et eût été fort joli, si son menton n’avait été un peu court.
Il écouta la semonce maternelle avec une certaine confusion et quand elle eut
fini, lui prenant les deux mains avec élan, il les baisa à plusieurs reprises
et lui dit avec effusion :
    — Madame, vous êtes la meilleure des mères ! Et il
en sera fait selon vos volontés. Je repartirai demain pour Reims. Toutefois,
ajouta-t-il avec une humilité qui ne me parut pas feinte, ce n’est pas ma main
que l’on baise, c’est mon anneau…
    Son ton, son geste et ses paroles me touchèrent et je me dis
que si l’archevêque était à ranger parmi les écervelés, du moins avait-il un
bon naturel. Ce qu’il montra derechef en m’accueillant chaleureusement, quoique
très à l’étourdie.
    — Ah ! Monsieur mon cousin ! me dit-il, que
je suis aise de vous connaître ! Ma mère me dit que vous savez le
latin ! Et que vous écrivez le français comme un ange ! De grâce,
demandez au Roi de vous nommer évêque, et je n’aurai de cesse que je ne vous
aie comme coadjuteur. J’ai grand besoin de quelqu’un pour écrire mes homélies,
célébrer les messes les plus longues, chevaucher sous un dais dans nos
interminables processions, et veiller à la bonne marche de mon diocèse :
toutes choses, qu’ayant tant d’esprit, vous feriez infiniment mieux que moi.
    — Monseigneur, dis-je, si je vous entends bien, nous
serions, dans cette affaire, à égalité. J’administrerais votre archevêché et
vous en toucheriez les revenus.
    À quoi Madame de Guise et la Princesse de Conti rirent à
chaudes gorges. Hilarité à laquelle l’archevêque, après un temps de retard, se
joignit, étant si bon garçon et ne songeant même pas à me garder mauvaise dent
de ma petite pique.
    À ce moment, Monsieur de Réchignevoisin, que je n’aurais
jamais pensé être capable de donner à sa voix suave un tel volume, annonça
l’entrée du Duc de Montpensier, du Duc de Bellegarde et de Madame Charlotte des
Essarts. Et tout soudain, je me retrouvai seul. Madame de Guise dirigea ses pas
vers le Duc de Montpensier. La Princesse de Conti courut accueillir Bellegarde
et l’archevêque, Charlotte des Essarts.
    — Vous voilà intrigué, Chevalier, dit Sommerive dont je
m’aperçus, en me retournant, qu’il était venu se placer à ma droite comme mon
ange gardien. Vous auriez pensé, sans doute, que Madame de Guise suffisait à
souhaiter la bienvenue aux nouveaux arrivants, et en premier lieu, bien sûr, au
Duc de Montpensier, puisqu’il est prince du sang et son cousin germain. Mais
outre que ses enfants peuvent se sentir quelque obligation à l’assister en
cette occasion, l’inclination prend ici le relais du devoir. Nul n’ignore, et
vous devez le savoir, car une ignorance à la cour pourrait vous être fatale,
que la Princesse de Conti, avant son mariage, a eu quelques amabilités un peu
vives pour le Duc de Bellegarde. Et quant à notre sémillant archevêque,
pourquoi un cœur ne battrait-il pas sous une robe violette ?
    — Pour Charlotte des Essarts ? Pour la
favorite ? Est-ce possible ? Et qu’en pense le Roi ?
    — Le Roi ne s’en soucie guère. Il pense que
l’archevêque obéit à sa mère et qu’il n’aura qu’un mot à dire à sa bonne
cousine pour qu’elle le renvoie à Reims.
    — C’est fait. Elle vient de le lui commander.
    — Ma bonne tante

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