L'abandon de la mésange
que tu veux faire avec ta
picouille, ma douce ?
– La regarder vivre. Peut-être même
l’atteler ou y attacher une petite voiture pour les filles.
– Voyons, ma douce, ce que tu viens de
dire est complètement con ! Tu travailles du matin au soir. Tu te
promènerais la nuit, maintenant ?
Élise était irritée par le ton condescendant
que venait d’utiliser son mari.
– Voyons, Côme, ce que tu viens de dire
est complètement con ! Des fois, je trouve que tu ressembles à un vieux
schnock.
Le soleil tardait à se coucher. Les invités
étaient encore tous là, heureux et souriants. Les petites racoleuses, Violaine
dans son pyjama jaune, les yeux caillés, et Viviane dans son pyjama vert, les
yeux grands ouverts, avaient récolté des dizaines de bises.
– Ah ! mes beautés ! Attendez
que votre parrain vous présente son Dany. Vous allez vouloir lui lécher les
joues, parce que son père me dit qu’il est presque couleur miel.
Blanche s’approcha d’Élise pour lui dire
qu’elle s’absenterait pour une petite heure, puis elle escorta le père Frigon
jusqu’à sa voiture. Seul Marcel vit le prêtre passer une main sur la joue de
Blanche sans qu’elle réagisse et sans même qu’elle recule d’un pas. Il se
mordit les joues. Il vit ensuite le père Frigon ouvrir la portière et Blanche
se glisser sur la banquette de la Renault rouillée, qui disparut bientôt en
direction des rangs. Blanche le décevait presque. Elle ne lui avait même pas
dit au revoir. Il passa au salon pour saluer les invités, rompu de fatigue et
d’émotion, dit-il.
M. Philippe l’aurait bien imité si Wilson
n’avait pas été en grande discussion avec Micheline. Élise, subitement tendue,
accompagna Marcel à sa voiture.
– Avez-vous vu partir ma mère,
Marcel ?
– Par là-bas avec le Père Blanc. J’espère
ne jamais regretter d’avoir insisté pour faire baptiser Violaine et Viviane.
Bonne nuit, mon petit.
Élise rentra dans la maison. Les Avoine
conversaient avec Whillelmine, tandis que Côme et M. Philippe étaient
assis l’un près de l’autre, sans se parler. Tous deux dévisageaient Wilson et
Micheline, dont la discussion tantôt s’échauffait, tantôt éclatait en rires
sonores. Élise se dirigea vers eux et leur demanda s’ils avaient besoin de
quelque chose.
– Non, rien. Avec un homme comme Wilson,
on n’a besoin de rien…
Élise la foudroya du regard.
– Je crois, Wilson, que tes parents
voudraient rentrer.
Wilson lui jeta un regard et répondit qu’ils
partiraient dès que le soleil serait couché.
– J’en profite… Les jours sont presque à
leur plus long.
Et il reporta toute son attention sur
Micheline, qui éclata encore de rire.
Élise alla s’asseoir près de M. Philippe
et lui prit la main.
– Vous allez être un parrain-grand-père
pour Viviane.
– Attends, mademoiselle Élise… La
prochaine fois, je viens la voir avec toute la famille ou je te l’emprunte…
– Pas tout de suite ! Elle est trop
petite ! Je ne veux pas la prêter !
– Alors, je viendrai ici.
Il suivit le regard d’Élise et posa également
le sien sur son fils.
– Wilson, je rentrerais. Si on partait,
peut-être que ces gens-là voudraient se coucher.
Ils se levèrent tous, et Jacqueline, restée
dans la cuisine pour ranger des choses, vint les retrouver. Les Avoine
sortirent les premiers, pour jeter un coup d’œil à Poussin et à P’tit Poussin.
M. et M me Philippe se dirigèrent vers la voiture de
Wilson, qui traînait derrière, toujours en discussion avec Micheline. Il salua
finalement Côme, en lui écrasant la main, puis s’approcha d’Élise.
– Ta sœur, mademoiselle Élise, est
formidable.
– C’est ce que m’a dit son amoureux.
– Ah ! Alors, je ne t’apprends rien…
– Non. Merci, Wilson, d’avoir accepté
d’être le parrain de Violaine, et merci d’être venu.
Wilson fronça les sourcils.
– Mais je n’avais pas le choix !
C’était le baptême !
– Ah ! c’est vrai ! Où ai-je
donc la tête ?
Ils partirent tous enfin et Côme monta se
coucher. Élise et Micheline restèrent seules un moment dans la balançoire, à
attendre leur mère, silencieuses. Micheline souriait et parfois éclatait de
rire, ce qui irritait Élise au dernier degré.
– Tu ris de moi, Micheline ?
– Mais non ! Je ris de la vie… Elle
est tellement étonnante !
– Comment va Jean-Charles ?
– Très bien.
– Et
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