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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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l’avait attendu. Il était
rentré par autobus, ce qui avait choqué Élise.
    – Mais pourquoi est-ce que Côme ne nous
l’a pas dit ?
    – J’imagine que c’est parce que Côme a
oublié…
    – Je vous jure, Marcel, qu’il me dépasse…
    Retrouvant son sérieux, Marcel s’assit à la
table de la cuisine, soucieux.
    – Qu’est-ce qui arrive à mon fils,
Élise ? Est-il toujours aussi…
    –… absent ? Oui, Marcel, de plus en plus,
et j’ai le sentiment que vous pensez ce que je crois et redoute depuis des
années…
    Marcel soupira en hochant la tête.
Heureusement pour Élise, qui ne pouvait consoler son beau-père, dont la colère
sourde et silencieuse lui bouillait toujours entre le cœur et la bouche, prête
à éclater.
    – J’ai trop aimé la Belgique, Élise… Et
les cousins… Une fête ici, une soirée là, une frite par-ci, une moule par-là,
une course, une belle veuve…
    – Marcel ! Vous n’irez quand même
pas vivre en Belgique ! Et les petites et moi, Marcel ?
    – C’est ce qui me retiendrait,
Élise : vous trois. D’autant plus qu’à ta façon tu es aussi un peu veuve,
avec tes soirées vides et ton lit défait seulement d’un côté plus souvent
qu’autrement. Mon Côme est probablement sorti d’un gourmand de notre arbre
généalogique et non du tronc !
    Élise dut s’asseoir à son tour. Elle prit la
main de Marcel et la caressa longuement.
    – Êtes-vous amoureux, Marcel ?
    – Si être amoureux, mon petit, c’est me
sentir guilleret quand elle arrive au cinéma, ne pas trop lui parler de Mimine
et supporter qu’elle me parle de son Jacques, alors oui, je suis amoureux, ou,
disons, très charmé et intéressé.
    – Et son nom ?
    – Madeleine.
    Côme rentra et se frappa le front en voyant
son père.
    – Quel jour on est ? Merde !
Pardonne-moi, papa. Quel con je suis !
    En moins de deux, il fut mis au parfum, et il
n’attendit pas que les petites soient endormies pour hausser le ton. Il
arpentait le plancher de la cuisine de long en large, assommé par ce qu’il
venait d’entendre.
    – C’est ça, papa, retourne en
Belgique ! Efface tout ce qu’a été ta vie et force-nous à vendre !
    – Baisse le ton, Côme ! Les petites
sont inquiètes.
    – Bon, bon, d’accord. Mais comment est-ce
qu’un homme qui n’a pas encore l’âge de la retraite peut penser tout balancer
et se prendre pour un prodigue ?
    – Peut-être, fils, parce que c’est ce que
je suis. Je n’ai jamais été regardant quand il s’est agi de ton bien-être.
    – Je parle de l’enfant prodigue, papa…
    – J’avais compris ça aussi ! Je ne
suis pas con ! Et c’est ce que je pourrais devenir pour ma famille là-bas.
    – Tu es témoin, Élise. Mon père n’est pas
retombé en enfance, mais il est arrivé directement à l’adolescence… Il a une
blonde et il veut partir de la maison !
    – Je ne suis témoin de rien, Côme. Ton
père peut faire ce qu’il lui plaît.
    – Es-tu prête à retourner vivre en
ville ? Parce que la ferme, c’est gros, et moi je suis agronome et je suis
souvent appelé à m’absenter.
    – Tu m’en diras tant ! Personne n’a
parlé de vendre sauf toi, Côme.
    Sans ajouter un mot, Côme sortit en faisant
claquer la porte. Violaine éclata en sanglots.
    – Mais non, ma choucoune, mais non… Papa
n’a pas fait exprès.
    – Mais veux-tu me dire, Élise, quelle
mouche l’a piqué ?
    Élise pinça les lèvres avant de sourire.
    – Pour autant que ce ne soit pas un
morpion !
    – Je t’admire, ma bru. Crois-tu qu’il
veuille vendre ?
    – Si oui, c’est nouveau…
    – C’est drôle qu’il dise que j’effacerais
ma vie, alors que c’est lui qui en est le propriétaire… De tout ce que j’ai
fait, de tout ce que j’ai semé, c’est lui qui récolte !

– 37 –
     
     
    Blanche regardait Napoléon plier et ranger ses
effets sacerdotaux dans une valise qu’il rapporterait à l’évêché.
    – Le plus drôle, c’est que ça va
probablement retourner dans les missions pour aider un jeune prêtre du pays.
Mais c’est mieux comme ça…
    – Es-tu heureux, Napoléon ?
    – Oui, comme un homme qui débarque chez
sa maîtresse après un divorce… C’est douloureux, Blanche. Heureusement que j’ai
la récompense que je n’espérais plus : être avec toi. Ça fait des années
que je regrette que ma fougueuse passion de jeunesse m’ait fait pécher par
excès de confiance en te

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