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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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été
abandonnées à la nature. Sa timidité s’estompa.
    L’automobile alla presque embrasser la porte
d’un petit bâtiment avant de s’immobiliser à côté d’un tracteur. Élise
regrettait son père, qui aurait pu la présenter et mettre toute la maisonnée à
l’aise par ses blagues toujours à propos. Elle inspirait profondément pendant
que M. Vandersmissen portait sa valise. Avant même qu’ils ne posent le
pied sur la première marche de l’escalier, elle devina les traits du fils
Vandersmissen, à demi révélés par la moustiquaire de la porte. Il était
impossible qu’il fût aussi beau que ce qu’elle avait furtivement aperçu. La
porte s’ouvrit en faisant chanter le ressort, puis se referma en claquant. Le
fils Vandersmissen était devant eux, mais Élise n’osa lever les yeux. Il
arracha la valise des mains de son père et rouvrit la porte, cédant le passage
à Élise avec tellement d’élégance et de politesse qu’elle s’enticha de ses
chaussettes de laine, étonnantes en cette fin d’été, de ses jeans à la fesse
rapiécée, des carreaux de sa chemise et des poils qui sortaient en chamaille du
col. Mais elle n’osa pas regarder son visage, tant elle redoutait que sa première
impression ait été erronée. Où donc étaient passés sa peur et le sourire carié
de Conrad Ballard ?
    M me  Vandersmissen, un énorme
bandage autour du doigt et du poignet, choisit ce moment pour entrer dans la
cuisine. Elle se dirigea vers Élise en pleurnichant son bonheur de recevoir
enfin sous son humble toit la fille de ce cher M. Lauzé.
    – Qui nous manque encore, mademoiselle
Élise. Terriblement.
    Élise s’émut, accepta les mains de M me  Vandersmissen
dans les siennes en faisant attention de ne pas la blesser davantage et se
retrouva écrasée contre sa poitrine comme si elle avait été une enfant
prodigue.
    – Côme, porte la valise de M lle  Élise
à sa chambre.
    Le jeune homme disparut dans l’étroit escalier
et Élise entendit la valise frapper le mur à deux reprises. M me  Vandersmissen
l’assit presque à table, puis déposa devant elle un morceau de gâteau et un
verre de lait. Elle lui tendit ensuite une serviette roulée dans un anneau.
    – À chacun son anneau.
    Élise la remercia, même si elle n’était pas
familière avec la coutume d’avoir un anneau et une serviette qui lui fussent
propres. Côme revint et Élise le regarda alors droit dans les yeux.
« Papa, pensa-t-elle, je suis piégée. » Étant la seule à avoir une
collation, elle prit une bouchée qu’elle mastiqua lentement, ne sachant plus
comment le faire, intimidée par l’insistance du regard de ses hôtes, surtout
celui de Côme qui, debout, les coudes appuyés contre un meuble, ne la quittait
pas des yeux.
    – Alors, mon quatre-quarts, il vous
plaît ?
    Élise s’empressa d’avaler son morceau de
gâteau et elle but une gorgée de lait pour l’y aider. Des morceaux de crème
collèrent au verre.
    – J’ai jamais mangé un aussi bon cacard .
    Les Vandersmissen échangèrent un regard amusé.
Apercevant un vase vide au-dessus d’une armoire, Élise s’excusa et alla
chercher les fleurs, légèrement flétries, qu’elle avait laissées sur la
banquette. M me  Vandersmissen éclata d’un rire attendri, demanda
le vase à Côme et, pointant son doigt enveloppé vers le fond du terrain,
désigna une talle de fleurs colorées et spectaculaires. Elle s’empressa de
rassurer Élise.
    – Mes fleurs sont tellement décoratives
dans le jardin que je me résigne difficilement à en couper. Vous avez eu une
très bonne idée.
    Côme et son père allèrent travailler aux
champs, promettant d’être de retour pour le repas. Côme fit de grands yeux et
pinça les lèvres pour faire comprendre qu’il n’avait pas le choix et Élise fut
prise de panique à l’idée de se trouver là à se demander ce qu’elle pourrait
dire d’intéressant à cette dame qui sentait le bon pain chaud.
    – Vous pouvez monter et ranger vos
effets. Votre chambre est au fond, à droite. Soyez bien à l’aise.
    Facile à dire, pensa Élise en se retrouvant
dans une pièce où elle vit une machine à coudre, une petite table et le
renflement d’un tuyau de cheminée, caché dans le mur. Devant elle, une
minuscule chambre à coucher, apparemment celle de Côme. Elle s’y rendit à pas
feutrés pour y jeter un coup d’œil. Le lit était de métal, et la commode, de
bois peint. Une cotonnade rayée,

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