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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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regarder son fils avec une douceur qui atténuait la vivacité de son
propos. Quand elle appelait son fils, son « Côme » pouvait claquer
comme un fouet ou glisser dans l’air comme un mot d’amour. Sa mère à elle ne
lui avait jamais parlé sur ce ton. Peut-être parce qu’elle n’était pas
européenne. Peut-être parce que sa fille n’était pas un fils. Peut-être parce
que la mort de son mari lui avait arraché du cœur trop de tendresse.
Heureusement, Élise se savait aimée d’elle.
    Elle avait les yeux gonflés de chagrin et de
nuits blanches. Elle tenta désespérément de penser à autre chose, mais en vain.
Elle aurait à faire tout le trajet sans Côme à tenir par la main, avec sa sœur
qui lui poserait des questions auxquelles elle n’aurait pas envie de répondre.
    Côme et elle avaient passé toute la nuit à se
promettre l’éternité de leur amour et leur indéfectible fidélité. Elle avait
pleuré et il avait délicatement aspiré ses larmes ou les avait cueillies avec
un doigt pour les mêler aux siennes. Elle avait sangloté et il lui avait
caressé le dos en faisant d’abord un petit cercle vis-à-vis de son cœur, qu’il
agrandissait ensuite et rapetissait au rythme de ses chuchotements dans son
oreille. Ils se sentaient tous les deux sur un esquif abandonné aux vagues
d’une mer tourmentée. Élise ne croyait toujours pas à la chance qu’elle avait
d’être aimée d’un garçon aussi extraordinaire. Un futur agronome qui voulait
tenir parole et rendre tous les siens fiers de lui !
    – J’ai encore deux ou trois choses à
faire, madame, si vous voulez bien m’excuser.
    – Allez-y, mon petit, je comprends.
    En fait, elle ne pouvait comprendre, puisque
Élise et Côme s’étaient donné rendez-vous derrière le tas de pierres, dans le
champ, pour pouvoir s’y faire leurs vrais adieux sans être vus ni de la maison
ni de la route. Elle retint la porte moustiquaire pour l’empêcher de claquer et
partit sur la pointe des pieds. Dès qu’elle fut certaine que M me  Vandersmissen
ne pouvait plus la voir, elle courut à travers le champ.
    Côme l’attendait en faisant des ronds de
fumée, couché sur une couverture à carreaux dérobée à l’écurie. L’entendant
venir, il tourna la tête, jeta son mégot d’une chiquenaude et lui ouvrit les
bras. Élise s’agenouilla à ses côtés et posa une main sur sa poitrine couverte
de poils blonds et frisés.
    – On a combien de temps avant qu’ils
arrivent ?
    – Une bonne demi-heure. Mon père met
davantage d’énergie dans ses mâchoires que sur l’accélérateur. Viens là.
    Élise s’allongea en prenant soin de tirer sur
sa jupe pour éviter de la froisser. Côme s’accouda sur le sol pour l’admirer
une dernière fois et lui taquiner la joue de son index. Se rapprochant d’elle,
il mit son pouce sur une joue et le reste des doigts sur l’autre. Exerçant une
légère pression qui fit s’entrouvrir les lèvres d’Élise, il se pencha doucement,
puis glissa sa langue sur ses dents avant de les forcer délicatement à lui
laisser un passage vers l’intérieur de sa bouche. Élise lui téta légèrement le
bout de la langue avant d’agiter la sienne en guise d’accueil. Elle goûta
encore sa salive, qu’elle avait d’abord imaginée salée, mais qui était aussi
claire que de l’eau de source. Puis elle sentit la main de Côme détacher les
agrafes de son soutien-gorge. Elle se figea, se demandant si elle devait
s’abandonner à ses envies ou refuser la main qui lui caressait maintenant le
mamelon, lequel s’était durci comme lorsqu’elle entrait dans l’eau froide.
Cette pensée la fit sourire car elle sentait la sueur lui couler dans le dos,
depuis la nuque jusqu’à la courbure des reins. Les frissons qui avaient envahi ses
jambes, ses bras et son ventre ressemblaient aux frissons de bonheur qu’elle
avait eus à quelques reprises au concert en entendant un pianiste ou un
flûtiste ou même à ceux qu’elle avait eus le soir de son arrivée en écoutant le
chant de la nature. Mais ces frissons que Côme lui donnait venaient des rayons
du septième ciel. Elle ne refusa donc pas cette main qui se glissait maintenant
entre ses cuisses qu’elle ne réussissait pas à tenir serrées. Tout en elle
s’ouvrait si facilement qu’elle en prit peur.
    – Côme, Côme, je n’ai jamais… Je ne sais
pas si…
    – Chut ! Tout s’apprend…
    Élise se tut, rassurée par la voix de

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