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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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M. Vandersmissen et de Côme
pendant que Micheline criait un « au revoir et merci » sans
conviction après avoir rapidement parlé à l’oreille de Côme.
    – T’es mieux de l’aimer, ma sœur, Côme
Vanderchose, parce que tu as fait des affaires qui se font pas. Des péchés
mortels, quand on se marie pas.
    Élise fit un tout petit signe de tête à
M. Vandersmissen, qui vit bien qu’elle n’avait pas regardé Côme. Il en fut
inquiet et il mit la main sur l’épaule de son fils, qui se tenait droit, avec
fierté. Élise transpirait à grosses gouttes et elle enleva son chapeau pour s’essuyer
le front. Elle ne pouvait prendre ce train et risquer ainsi encore une fois la
vie de sa famille. Mais comment taire la vérité à sa mère afin de ne pas la
bouleverser ? Elle avait si mal et si peur qu’elle crut s’évanouir. Elle
posa un pied sur le marchepied et se remit à trembler. Elle le retira, respira
profondément, puis tenta une nouvelle fois de monter dans le wagon. Rien n’y
fit. Il y avait là une barrière invisible qu’elle était incapable de franchir.
    Micheline était déjà assise et Blanche l’avait
rejointe. Élise était soudée au quai, tétanisée. Elle lança un regard suppliant
à Côme, qui ne la vit pas, occupé qu’il était à aider une dame âgée. Elle
s’approcha de la fenêtre, se planta devant sa mère et fit non de la tête. Sa
mère en fut contrariée. Si seulement Élise avait pu lui parler, lui dire
qu’elle se croyait maudite ! Sur les lèvres de sa mère, elle pouvait
lire : « Monte, Élise. »
    Elle remit son chapeau, pendit à son épaule la
bandoulière de son sac de paille, agrippa sa valise et, tandis que le
conducteur criait «  All aboard  », elle courut du quai à la
gare, puis de la gare à la rue. Elle vit de loin le visage de sa mère, encadré
de ses mains, scrutant le quai, et elle lui fit un signe qui lui disait de
partir. Elle s’arrêta finalement dans un garage, essoufflée et terrorisée. Le
garagiste, étonné, la dévisagea comme si elle avait été un spectre.
    Elle se planta devant la fenêtre et vit partir
le train. Le garagiste la regardait, interloqué, et il remarqua qu’elle
tremblait des mains comme des lèvres.
    Côme poussa la porte du garage, sourit
doucement au garagiste et s’approcha d’elle.
    – Tu viens avec moi, Élise. J’ai promis
de te reconduire. Viens.
    – J’aurais pu tuer maman si j’avais pris
le train. Un mauvais pressentiment. Elle était assise à la même place que mon
père. Pas le même wagon, pas le même train, mais la même place. Ah ! Côme,
sors-moi de mes cauchemars !
    Côme la ceignit de ses bras et la berça pour
la rassurer.
     
    * * *
     
    Élise aurait souhaité le trajet sans but et
sans fin. Après avoir déposé son père, Côme dit à son amie qu’il ne fallait pas
qu’elle croie qu’il lui avait manqué de respect. Jamais.
    – C’est tout moi, Élise, pas juste ma
tête, mais tout moi qui te dis de m’attendre.
    – Pourquoi t’attendre ? Pourquoi on
ne se fiance pas ? On a eu une relation…
    – Parce que c’est impensable. Toi à
Montréal, moi à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
    Elle ferma les yeux en une vaine tentative
pour retenir les grosses larmes rondes qui en jaillissaient.
    Côme la regarda longuement, aussi malheureux qu’elle.
    – Cesse de pleurer, ma douce. On pourra
se voir l’été prochain. Peut-être aussi à Noël ou à Pâques.
    – Se voir deux fois par année ?
    Élise sanglota de plus belle. Côme rangea la
voiture sur le bord de la route et éteignit le moteur pour pleurer avec elle.
    – Si on décidait de s’attendre ?
    Élise s’était calée dans la banquette et
tournait la tête de gauche à droite, en pleurant. Côme, décontenancé par tant
de chagrin, ne savait comment la consoler.
    – Je déteste au plus profond de mon cœur
les années qui s’en viennent, Côme. Je ne serai nulle part si je ne suis pas
avec toi. Je déteste avoir dix-huit ans et être encore obligée d’attendre ma
majorité pour prendre des décisions. Et puis tu me forces à t’attendre dans une
ville qui grouille de vermine malade. Qu’est-ce que tu veux de moi, Côme ?

– 7 –
     
     
    Avant qu’Élise et Côme ne se séparent pour un
interminable calendrier de saisons, il lui avait demandé de lui téléphoner si
elle n’avait pas ses règles. Troublée de l’entendre aborder le sujet, elle ne
réussit plus ensuite à trouver le

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