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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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penchait pour soulever le sien quand Micheline le prit de
vitesse. Élise la regarda, étonnée.
    – C’est pas possible, Élise. Ça fait deux
semaines que t’es partie, puis je sais plus quoi dire à maman. On a fait le
tour de tous les sujets, je te jure. Je peux quand même pas lui parler de
Claude…
    – Qu’est-ce qu’il a, Claude ?
    – Il a moi.

– 16 –
     
     
    Chaque fois qu’Élise s’apercevait que la lune
épiait par la fenêtre leurs ébats amoureux, elle imaginait les traits de
l’enfant qu’ils concevraient. Tantôt il était beau comme son père, tantôt il
ressemblait à sa mère. Tantôt c’était un garçon, tantôt une fille.
    Noël approchait et Élise craignait l’arrivée
de ses règles, qui, pour la première fois depuis son mariage, avaient trois
jours de retard. Elle aurait tout juste le temps d’avoir une certitude qu’elle
pourrait offrir en cadeau à son mari et à ses familles. Si sa mère s’était
faite discrète sur l’arrivée d’un héritier, M me  Vandersmissen
avait compati avec sa belle-fille, pour finalement cesser de l’interroger,
craignant de lui porter malheur.
    – Notre Côme est arrivé si rapidement.
    – Il a mis huit petits mois… et c’est
bien parce que j’ai fait des voyages express en France pour m’acheter des
capotes anglaises. J’avais ta réputation à cœur, Mimine. Laisse-les
tranquilles.
    Pendant dix jours, Élise n’osa s’assoupir,
trop excitée, bien sûr, mais aussi parce qu’elle craignait d’endormir la
vigilance constante qu’elle exerçait sur son ventre. Elle était à l’affût du moindre
pincement près du nombril, du plus petit mouvement au sommet du mont de Vénus,
de la plus infime saute d’humeur. Elle montait ou descendait l’escalier moins
rapidement, au cas où, et prenait maintenant un jus d’agrumes tous les matins.
Côme, n’ayant pas remarqué ces légers changements à la routine, continuait à la
labourer d’amour toutes les nuits, ce dont elle ne se plaignait pas, toujours
aussi affamée de lui. Pour son premier Noël, Élise avait insisté pour recevoir
sa famille au réveillon, au grand désespoir de sa belle-mère, qui se demandait
où logeraient leurs invités.
    – Nous ne serons pas très nombreux.
Seulement six personnes, peut-être sept si mon oncle Paul accepte notre
invitation. De toute façon, j’y tiens !
    Elles avaient fini par s’entendre. Blanche et
Micheline dormiraient à l’appartement des nouveaux mariés, qui, avec l’oncle
Paul, s’installeraient dans la maison paternelle.
    Le temps des fêtes arriva enfin pour donner un
sens à la neige qui avait envahi depuis des semaines les terres noires et
glacées ainsi que les routes de terre. À l’insu de Côme, Élise alla porter son
urine au pharmacien, en suppliant ce dernier de n’en rien dire.
    – C’est quand même triste de penser qu’il
y a vingt ans on aurait peut-être sacrifié une pauvre petite lapine à cause de
moi.
    Lorsque Élise sortit de l’officine, la
caissière, qu’elle trouvait fort gentille et dont elle souhaitait se faire une
amie, lui souhaita bonne chance.
    – Merci. Je devrai patienter.
Heureusement que j’ai des tonnes de choses à faire avant Noël, à commencer par
le sapin que Côme et moi on va aller choisir dans le bois cet après-midi.
    – Qu’est-ce que vous allez prendre ?
Un sapin ? Une épinette ? Une pruche ? Un pin ?
    Élise ne s’était jamais posé cette question,
un sapin de Noël ayant toujours été pour elle un simple sapin qu’elle allait
choisir avec sa mère au coin de la rue, chez un marchand de sapins.
    – Il y a une différence ?
    – Dans la forme des aiguilles plus que
dans la couleur. As-tu beaucoup de décorations ?
    – Non, justement. C’est ce que je fais en
ce moment.
    – Choisis un pin. Ça prend presque rien
pour être beau. Deux circuits de lumières, une douzaine de boules…
    – J’ai pas de boules.
    – Ah ! c’est vrai que t’as pas
grand-chose.
    Élise éclata de rire. Elle savait déjà qu’elle
fixerait aux branches de son arbre les belles fleurs blanches de papier crêpé
qu’elle et Micheline avaient confectionnées pour la noce. Elle s’était promis
de les conserver toute sa vie puisqu’elle avait rendu la jolie robe blanche à M me  Vandersmissen
et la bleue à sa mère pour que sa sœur puisse la porter à son tour si elle le
désirait. En revanche, elle n’avait pas voulu d’un gâteau aux fruits

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