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L'abandon de la mésange

L'abandon de la mésange

Titel: L'abandon de la mésange Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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d’aller jouer au salon avec ton frère. Puis, si ça
t’intéresse, pour le souper, j’ai un poulet au four.
    Micheline entra dans la cuisine et, sans gêne
aucune, ouvrit la porte du réfrigérateur.
    – Oh ! la belle salade de
fruits !
    – C’est pour cette nuit.
    – Aurais-tu un beigne ? Juste un.
J’ai ma fringale de quatre heures.
    – Comment ? Il est déjà quatre
heures ?
    Élise avait froncé les sourcils. Non seulement
Côme n’était pas arrivé, mais elle n’avait pas eu de nouvelles de la pharmacie,
qui allait fermer dans quelques minutes. Abandonnant sa mère et sa sœur, elle
se dirigea d’un pas décidé vers le vestiaire et y décrocha son manteau.
    – Voyons ! Où vas-tu ?
    Côme entrait à l’instant, les joues rouges de
froid. Elle l’embrassa rapidement et s’excusa.
    – Un oubli ! Je reviens.
    La neige l’assaillit et lui fit perdre
l’équilibre. Elle reprit son souffle, croisa les bras et fonça vers la
pharmacie, dont elle ne pouvait distinguer les néons, tant la tempête était
forte. Elle ne savait si elle devait s’en réjouir ou non. Un Noël sous la neige
était toujours plus agréable qu’un Noël sous la pluie, mais un Noël qui
empêchait les gens de sortir, voire d’aller à la messe de minuit, risquait
d’être un Noël sans souvenirs. Cette réflexion fut pourtant fugace
comparativement à l’autre qui l’obsédait. Vivement une réponse !
    Voyant qu’on éteignait les lumières de la
vitrine de la pharmacie, elle se mit à courir. Pourquoi ne l’avait-on pas
appelée ? Elle distingua une silhouette qui sortait par l’avant et elle
accéléra encore le pas. Elle reconnut la caissière, qui poussa un petit cri en
la voyant.
    – Ah ! Élise, j’allais justement
chez toi.
    Élise ferma les yeux.
    – Puis ?
    – C’est négatif.
    Élise fut assommée. Elle s’accroupit et se
tint les genoux en disant que ce n’était pas possible ; que jamais de sa
vie elle n’avait accusé un retard de plus de deux jours ; qu’elle était
régulière comme un métronome, et qu’elle et son mari faisaient tout, tout, tout
pour qu’elle soit enceinte. Elle se releva et mit une main sur l’épaule de
Jacqueline, qui ne savait que faire devant son désarroi.
    – Est-ce que c’est possible que le test
soit pas bon ?
    – Ça peut arriver, mais c’est quand même
pas dramatique.
    – C’est que je veux être enceinte !
Ça fait trois mois que… et j’ai attendu Côme pendant presque trois ans. Et lui
et moi, on veut une douzaine d’enfants, et en plus…
    Elle retenait ses sanglots avec tant d’efforts
que Jacqueline en fut touchée.
    – C’était mon cadeau de Noël. La promesse
de l’arrivée imminente d’un bébé. Qu’est-ce que je vais dire ?
    – T’as rien à dire. Tu rentres, puis tu
fais comme d’habitude. Élise pensa à la lettre qu’elle avait mise au fond de la
crèche.
    – Il faut que j’y aille, Jacqueline.
Qu’est-ce que tu fais, ce soir ?
    – Rien. Peut-être la messe de minuit, si
je m’endors pas avant.
    – Avec ta famille ?
    – J’ai pas de famille, Élise.
    – Pas d’amoureux non plus ?
    – Plus d’amoureux. On a rompu.
    – Pas de réveillon ?
    – Non.
    – T’en as un ! Je t’emmène à la
maison !
    Élise la prit par le bras et l’entraîna.
Jacqueline eut beau lui dire en riant qu’elle portait son uniforme blanc, Élise
ne voulut rien entendre. Lorsqu’elles furent enfin devant la porte, Élise prit
Jacqueline par le bras.
    – Élise, tu viens de me faire la plus
inattendue des surprises de Noël, mais j’arrive les mains vides.
    – On est deux.
    Les deux jeunes femmes n’avaient pas encore
atteint l’étage qu’une belle amitié venait de naître. Jacqueline fut la
bienvenue et Élise expliqua qu’à cause de la violence de la tempête elle avait
préféré aller la chercher immédiatement.
    – Je suis désolée, mais je n’ai pas eu le
temps de me changer.
    – Pas grave. J’ai mon petit foulard à la
Patti Page, rouge avec des pois blancs. Ça va être parfait avec ton ensemble.
    Micheline le lui noua autour du cou pendant
qu’Élise, feignant d’arranger les cadeaux sous le sapin, reprenait sa carte et
allait l’enfouir dans son chevet. Au retour de la messe de minuit, au moment de
déballer les cadeaux, Élise mentit sans vergogne. Elle expliqua à Micheline
qu’elle lui avait commandé une boîte de jolis mouchoirs et que la livraison
avait

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