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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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pourra.
     
    Le téléphone sonna. Baillard ouvrit les yeux. Il entendit Jeanne décrocher, pousser un cri aigu. Il crut d'abord qu'il émanait de la rue. Puis il y eut le bruit du combiné tombant sur le sol.
    Sans savoir comment, il se retrouva debout, sensible au changement de climat qui venait de s'opérer à l'intérieur de la maison. Il se tourna vers le bruit de pas montant précipitamment l'escalier.
    «  Qu'es ? demanda-t-il aussitôt. Que se passe-t-il, Jeanne ? la pressa-t-il. Qu'est-il arrivé ? Qui a téléphoné ? »
    Elle le regarda d'un air absent.
    « C'est Yves. Il est blessé. »
    Audric la regarda à son tour, horrifié.
    «  Quora ? Quand cela s'est-il passé ?
    — La nuit dernière. Une voiture l'a renversé. On a prévenu Claudette. C'est elle qui vient d'appeler.
    — Comment va-t-il ? »
    Jeanne ne parut pas l'entendre.
    « On envoie quelqu'un pour me conduire à Foix.
    — Qui ? Est-ce Claudette qui a organisé ce transport ? »
    Jeanne secoua la tête.
    « Non, la police.
    — Veux-tu que je t'accompagne ?
    — Oui », acquiesça-t-elle après une brève hésitation.
    Puis, comme un somnambule, elle regagna le palier. Baillard entendit la porte de la chambre se refermer.
    Impuissant, désemparé, il regagna la sienne. Il savait que ce n'était pas une coïncidence. Il aperçut la lettre qu'il avait écrite et esquissa un pas pour s'en saisir, se disant qu'il pouvait encore mettre un terme à l'inévitable enchaînement des événements pendant qu'il était encore temps.
    Mais sa main retomba le long du corps. Détruire cette lettre reviendrait à anéantir tout ce pour quoi il s'était battu, tout ce qu'il avait enduré.
    Il devait aller jusqu'au bout du chemin.
    Baillard tomba à genoux et se mit à prier. Au début, les anciennes paroles lui vinrent difficilement. Puis elles jaillirent en un flot ininterrompu, le rattachant à tous ceux qui les avaient prononcées avant lui.
    Un coup de klaxon le ramena au présent. Il se mit péniblement debout, écrasé de lassitude et de tension nerveuse. Glissant la lettre dans la poche de sa chemise, il décrocha son veston et alla prévenir Jeanne qu'il était temps de partir.
     
    Authié alla garer sa voiture dans un des grands parkings municipaux et anonymes qui jouxtaient la porte Narbonnaise. Des hordes d'étrangers armés de guides touristiques et de caméras vidéo essaimaient partout. Cette exploitation de l'Histoire à des fins commerciales pour le plaisir des Japonais, des Américains et des Anglais ne lui inspirait que mépris. Tout comme il abhorrait ces murs restaurés, ces tours aux toits d'ardoise dépourvus d'authenticité, ce passé imaginaire organisé pour les idiots et les mécréants.
    Braissard l'attendait comme convenu, et lui fit son rapport en termes succincts : la maison, déserte, était d'un accès aisé côté jardin. Selon les voisins, une voiture de police était venue chercher Mme Giraud un quart d'heure plus tôt. Un homme âgé la soutenait.
    « Qui est cet homme ?
    — On l'a déjà aperçu auparavant, mais personne ne semble connaître son nom. »
    Ayant congédié Braissard, Authié descendit la colline. La maison se trouvait aux trois quarts du chemin des berges de l'Aude. La porte avait beau en être verrouillée et les volets fermés, elle avait toutes les apparences d'une demeure occupée à l'année.
    Il poursuivit jusqu'au bout de la rue, tourna à gauche rue Barbacane, puis longea la place Saint-Gimer. Quelques riverains se prélassaient, assis devant leurs maisons. Des garçons à bicyclette, leur torse nu tanné par le soleil, traînaillaient sur les marches de l'église. Authié ne leur prêta pas attention. Il se hâta vers la ruelle qui longeait les façades arrière de la rue de la Gaffe, puis bifurqua sur la droite et emprunta un sentier qui sinuait le long des pentes, en contrebas des murs de la Cité.
    Authié ne tarda pas à apercevoir la maison de Jeanne Giraud côté jardin. Les murs étaient peints du même jaune poudreux que celui de la façade. Un portillon donnait accès à un jardinet partiellement pavé. Un énorme figuier chargé de fruits gorgés de sucre dissimulait aux trois quarts la terrasse. Les dalles étaient teintées de mauve aux endroits où les figues tombées de l'arbre avaient éclaté.
    Des portes vitrées s'ouvraient sur une pergola recouverte de vigne vierge. Authié nota qu'elles étaient verrouillées de l'intérieur, et que la clé était

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