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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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d'une atroce douleur. Horrifiée, elle constatait qu'une branche morte, aussi dure et aiguë qu'une pointe de lance, lui avait transpercé le bras.
    Les doigts gourds, Alice tirait désespérément sur l'éclat de bois jusqu'à l'extraire de sa blessure. L'intense douleur lui faisait fermer les yeux. Le sang coulait à flots mais cela ne devait pas l'arrêter.
    Épongeant le saignement avec le bord de sa cape, Alice se levait en titubant et se frayait un passage à travers les branches nues et les buissons pétrifiés. Les brindilles craquaient sous ses pas tandis que le froid mordant lui pinçait les joues et lui tirait des larmes.
    À ses oreilles les sons devenaient plus intenses, plus insistants. Elle défaillait, aussi évanescente qu'un spectre.
    Contre toute attente, la forêt s'évanouissait et elle se retrouvait debout sur le bord d'une falaise. Elle ne pouvait aller nulle part. À ses pieds béait un précipice abrupt et boisé. Devant elle, s'étiraient des montagnes enneigées, à perte de vue et pourtant si proches qu'elle aurait presque pu les toucher.
    Alice se débattit dans son sommeil.
    S'il vous plaît, laissez-moi me réveiller.
    Elle lutta pour s'arracher à son rêve, sans y parvenir. Son cauchemar l'enserrait dans ses anneaux reptiliens.
    Les chiens jaillissaient du couvert des bois en aboyant furieusement, emplissant l'air de leur haleine méphitique, les crocs rouges de bave sanguinolente. Les pointes des piques que brandissaient les chasseurs jetaient des éclairs dans l'aube naissante. Les regards brillaient d'excitation et de haine. Elle entendait les murmures, les railleries, les huées.
    Hérétique, hérétique.
    À cet instant, sa décision était prise. Si le temps était venu de mourir, ce ne serait pas de la main de tels hommes. Alors, ouvrant les bras, elle sautait et offrait son corps au vide.
    Le monde devenait incontinent silencieux.
    Le temps perdait toute signification, alors qu'elle flottait lentement dans l'espace, sa jupe verte virevoltant autour d'elle, et elle s'apercevait qu'un morceau d'étoffe en forme d'étoile était épinglé dans son dos. Non, pas une étoile, une croix. Une croix jaune, une rouelle . Alors qu'elle s'interrogeait sur le sens de ce mot inconnu d'elle, la croix se détachait et tournoyait près d'elle comme une feuille d'automne.
    Le sol cessait de se rapprocher. Alice n'était plus effrayée. Les images de son rêve commençaient à se disloquer, tandis que son subconscient appréhendait ce que sa conscience ne comprenait pas : ce n'était pas elle, Alice, qui tombait, mais quelqu'un d'autre.
    Et ce rêve n'en était pas un, c'était un souvenir. Le fragment d'une existence qu'elle avait vécu voilà très, très longtemps.

17
    Carcassona

    J ULHET 1209
    Brindilles et feuilles craquèrent, quand Alaïs changea de position.
    Une entêtante odeur de mousse, de terre et de lichen lui emplissait les narines et la bouche. Quelque chose lui piqua le dos de la main, minuscule coup d'épingle qui la démangea aussitôt. Un moustique ou une fourmi. Elle sentait le venin se répandre dans son sang. Lorsqu'elle voulut chasser l'insecte, ce simple geste lui provoqua un haut-le-cœur.
    Où suis-je ?
    La réponse vint en écho : Defòra. Dehors.
    Elle gisait face contre terre, la peau humide, fraîche de rosée. Aube ou crépuscule ? Son vêtement répandu autour d'elle était détrempé. En s'y prenant lentement, elle parvint à se mettre sur son séant et, pour ne pas perdre l'équilibre, s'adossa contre un hêtre.
    Doçament. Doucement…
    Entre les arbres qui se dressaient au sommet de la côte, elle voyait un ciel blanc virant au rose à l'horizon. Des nuages flottaient indolemment comme des moutons immobiles. Elle distinguait les contours obscurs des saules pleureurs. Derrière elle, poiriers et cerisiers étaient incolores et dénudés à cause de la saison avancée.
    L'aube, donc. Alaïs tenta de scruter l'alentour qui lui semblait très lumineux, presque aveuglant malgré l'absence de soleil. Non loin, elle perçut le clapotis d'un ruisseau cascadant joyeusement sur les pierres et, dans le lointain, le hululement distinctif du grand duc rentrant de sa nuit de chasse.
    Alaïs jeta un coup d'œil à ses bras, couverts de boursou flures et de morsures d'insectes, aux égratignures et aux entailles de ses mollets, à ses chevilles sur lesquelles s'étaient formées des croûtes de sang séché. En levant les mains, elle sentit que ses articulations

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