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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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nourrissent cette rumeur. J’ai vingt-deux ans et fus initié à l’art médical dès l’enfance, ainsi que je forme à mon tour mon apprenti.
    Il s’agissait d’un demi-mensonge mais le bailli n’avait aucun moyen d’apprendre son âge véritable.
    — Hum… Et donc, si j’en crois maîtresse Cécile, vous y allâtes d’avis pertinents au sujet de ces meurtres ? Je ne vous cache pas, monsieur, que je n’ai guère de temps à perdre, et que l’assassinat de mon secrétaire m’est affaire particulière.
    La mise en garde était limpide et Druon avança sur des œufs :
    — Pertinents, je ne sais. J’ai fait remarquer à votre secrétaire, son âme repose en très grande paix, que le meurtre de maître Borée trahissait un acte personnel, inspiré par un événement passé, un souvenir, et que l’hypothèse d’un bandit de passage ne me convainquait pas. J’ai souligné qu’il était bien étonnant qu’un moine se promène au soir échu dans un bois assez éloigné de son abbaye et que la disparition de sa main me surprenait. Votre secrétaire a évoqué la possibilité qu’un animal l’ait emportée.
    — Et tous trois auraient été assassinés par le même monstre ?
    — C’est l’hypothèse qui s’impose de prime abord, toutefois, par profession et philosophie, je me méfie des conclusions hâtives. (Druon hésita puis se lança, sans grand espoir :) À l’évidence… si nous en savions davantage au sujet de ce moine, nous découvririons peut-être un lien.
    — Hum, c’est également mon sentiment. Certes, l’abbaye échappe à mon autorité … Cependant, j’espère que l’abbé, Constant de Vermalais, comprendra mon insistance à découvrir le coupable et à le châtier.
    Le regard bleu pâle ne lâchait pas celui de Druon. Le bailli se pencha et demanda d’un ton de confidence :
    — Et pourquoi accepterais-je votre aide dans cette enquête ?
    — Parce que cela ne vous coûte rien et que j’ai démêlé l’affreuse affaire qui menaçait la baronne d’Antigny.
    — Hum… L’argument est recevable. Toutefois, sachez que si vous me mettiez des bâtons dans les roues par quelque invention fâcheuse que ce soit, notamment vis-à-vis du seigneur abbé, il vous en cuirait.

XXVII
    Château de Saint-Denis-d’Authou, novembre 1306
    C yr abandonna son guet et s’écarta de la meurtrière. Son père, accompagné de deux de ses truands, venait de partir pour la chasse. Comme chaque fois, il pria qu’il se fasse mettre en pièces par un sanglier ou un cerf blessé. Sans grand espoir. Le coquin était toujours aussi fort qu’un taureau. Le jeune homme lutta contre l’impérieuse envie de se rendre dans les appartements d’Ivine, sous un prétexte quelconque, juste pour la contempler quelques instants, emporter l’image de son ravissant visage, savourer son parfum léger. Mais non, un serviteur pouvait l’apercevoir et narrer sa visite à son père que la colère enflammerait. Pas encore , résister encore . Résister en se fondant aux ombres, en devenant l’une d’elles, et réfléchir.

    Il n’avait cessé de peser le pour et le contre, depuis sa rencontre dans la forêt avec son aîné et les fâcheuses révélations de ce dernier sur le passé criminel de leur père.
    Le château devenait sien pour quelques heures, débarrassé de l’odieuse présence de Philippe. Il serait bientôt sien pour toujours. Sa dame Ivine poserait avec douceur la main sur son avant-bras et il la mènerait, fier et comblé. Un sourire involontaire joua sur ses lèvres à cette évocation.
    Devenir seigneur d’Authou, prendre Ivine pour épouse… Seul Amâtre pouvait faire échouer cet admirable futur en révélant par vengeance ou rage leur piètre ascendance. Dans leurs veines s’écoulait le sang d’un coupe-jarret de la pire espèce, d’un bandit de chemin condamné à mort par plusieurs provinces, pas d’un bâtard noble reconnu sur le tard par acte de notaire. Jamais Philippe n’avouerait la mystification, pas même sous la torture. Son arrogance et sa fatuité l’en empêcheraient. Amâtre devait donc disparaître le premier.
    Les coquins prêts à larder de coups de couteau un ivrogne en sortie de bouge en échange d’une bourse ne manquaient pas et Cyr en connaissait quelques-uns, dont cet Antoine Lavigne qui se prétendait ancien baleinier. Cyr lui avait oint la paume 1 afin qu’il prenne langue 2 avec Amâtre, logé au Rondeau-Béni, qu’ils se rincent le

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