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Lacrimae

Titel: Lacrimae Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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Une proie aisée, donc, bien qu’il soit au fait de certains pièges et apte à reconnaître nombre de contrefaçons. Cependant, certaines sont subtiles. Quoi qu’il en soit, j’en ai tiré grande satisfaction et suis certain que Dieu m’en tiendra compte.
    — À l’évidence. Toutefois… sans doute n’êtes-vous pas informé… Mais frère Étienne a lui aussi été occis. Un peu avant votre aimé cousin. Nous soupçonnons les méfaits d’un unique meurtrier. Sa main fut tranchée, ainsi qu’on le fait pour les voleurs.
    Le notaire se signa d’un geste malhabile et se tassa sur lui-même, tentant de s’accrocher aux rouleaux qui gisaient sur son bureau, à sa corne à encre qui tangua, manquant verser. Louis d’Avre se précipita pour le soutenir par les aisselles. Gentiment, il le guida vers son fauteuil afin qu’il s’y affale. On eût cru que le petit homme dodu 5 venait de courir sur une longue distance tant sa respiration devint pénible. Enfin, il débita, essoufflé :
    — Cela ne se peut… Frère Étienne, un être de lumière… qui ne pensait qu’au bien-être, au rayonnement de son abbaye… jamais… (Soudain, il se leva et tonna :) Jamais ! Je refuse de considérer cette possibilité !
    — Il n’en demeure pas moins qu’il a été assassiné et mutilé d’horrible manière, répéta Louis d’Avre d’un ton doux.
    Ce que l’on avait raconté et ce qu’il sentait du petit bonhomme défait décevait l’enquêteur en lui, mais soulageait l’homme. Une facette de lui aurait aimé se méfier, douter, vérifier, acculer. L’autre se réjouissait d’être presque certain que le notaire n’avait rien à se reprocher. Il entendit la voix de Druon de Brévaux résonner dans son esprit : « Ah, mais entre une presque certitude et une certitude absolue existe un univers ! »
    — Messire notaire, de grâce, fouillez votre souvenir. Un détail, une remarque, n’importe quoi lors de vos échanges avec frère Étienne. À votre connaissance, possédait-il un lien avec mon secrétaire, votre bien-aimé cousin ? J’ai la nerveuse notion que le meurtrier va frapper à nouveau.

    Le notaire plaqua les mains sur les lèvres, dans un geste d’effroi. Avre se fit la réflexion qu’il avait des doigts ronds et roses de jeune enfant, à l’exception des deux taches ovales d’encre qu’avait abandonnées sa plume aux bouts de l’index et du pouce droits.
    — Vous… soupçonnez la malfaisance d’un même assassin, dites-vous, seigneur ? La main de frère Étienne… est-ce à dire que… mon cher Leonnet…
    Louis d’Avre n’hésita qu’un instant. Il aurait préféré produire un pieux mensonge afin de réconforter Charon. Toutefois, seule la vérité lui permettrait d’avancer.
    — Si fait.
    — Ah ! Dieu du ciel, bafouilla le notaire.
    Une grosse larme coula de sa paupière, glissant le long de sa joue poupine. Au fond, Avre l’enviait presque, ce gentil notaire que la vie, ses sinistres soubresauts, avaient épargné au point de lui garder ses émotions intactes. Il insista d’une voix adoucie :
    — Maître Charon, à votre sentiment, existait-il un lien entre frère Étienne et votre cousin ?
    Le petit homme hocha la tête en signe de dénégation et déclara :
    — Pas que je sache. Or nous nous entendions tels de bons frères. Ma douce épouse et moi-même l’avons entouré après le trépas de Martine, son aimée. Il en avait été dévasté au point d’affirmer durant des années qu’il ne reprendrait pas femme. Son désespoir et son très lent rétablissement nous avaient encore rapprochés. Votre pardon… je m’égare… le bouleversement… Quoi qu’il en soit, je pense savoir… avoir su de lui l’essentiel et le détail. Je doute fort qu’il ait eu quelque commerce que ce fût avec frère Étienne. De surcroît, celui-ci n’avait reçu permission de sortir de l’abbaye qu’à l’occasion de nos transactions. Comment auraient-ils pu se connaître ?
    Louis d’Avre soupira de découragement, non que la déclaration du notaire l’étonnât. Le mystère de cette sanguinaire charade s’épaississait encore. Dépité, il murmura pour lui-même :
    — Enfin ! Tous trois ont été occis de similaire façon.
    — Tous trois ? Mais…
    — Si fait, s’ajoute à votre cousin et au moine, le mercier de Tiron, un certain Borée.

    Une stupéfaction mêlée de crainte se peignit sur le visage rond. Évrard Charon lâcha dans un

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