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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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Bien souvent elle n’est pas là où elle le devrait, et on l’a vue en des lieux – des salles, des cours, les jardins de résidences royales – où elle n’avait aucune raison d’aller. Quand on s’en étonne, elle fournit toujours une excuse, mais elle a déjà été mêlée à une intrigue, comme vous et moi le savons. Nous avons pensé qu’il vous plairait peut-être de la surveiller.
    — Je reviens à la cour demain, Sir William.
    — Meg s’amuse-t-elle encore avec sa boîte ? me demanda-t-il en faisant tomber quelques feuilles de sycomore de son pourpoint.
    — Non, répondis-je. Meg est encore petite. Elle l’a cassée au bout de quinze jours.
    — Et vous avez dit à Mew qu’elle jouait avec, pour le consoler ? Vous êtes vraiment une jeune femme surprenante. À demain, donc. J’espère que vous serez complètement remise. Soignez-vous bien.
    Il disparut dans la maison, et je restai assise sur le banc, espérant que je me sentirais la force de reprendre ma vie à la cour au matin.
    Il est vrai que j’avais souffert de maux de tête après ma visite à la Tour, toutefois ils n’avaient duré qu’une journée. J’avais été réveillée, le lendemain, par une autre sorte de douleurs.
    À Lockhill, j’avais passé une nuit avec Matthew, une seule nuit. Durant notre brève vie de couple, à l’automne précédent, je m’étais protégée à l’aide d’une éponge imprégnée de vinaigre, mais à Lockhill je n’y avais tout simplement pas songé. Et une nuit avait suffi.
    Non que cela importât encore. Mon émotion à la vue de Mew dans sa cellule de condamné, qui m’avait valu ces migraines, avait aussi provoqué une fausse couche le surlendemain.
    L’enfant de Matthew eût été une complication considérable dans mon existence, mais l’intensité de ma peine me surprit moi-même. Comment supporter la cour, comment rester la tête droite et sourire, alors que le monde s’était écroulé et que je me sentais brisée ?
    Je n’avais d’autre choix que de m’appuyer sur quelques motifs de satisfaction. J’avais percé à jour la conspiration de Lockhill et j’avais fait de mon mieux pour adoucir le sort du pitoyable Mew. Ma poche secrète ne contenait pas seulement mes crochets, ce jour-là : j’avais tiré parti de mon large vertugadin pour dissimuler mes gestes à ceux qui m’observaient, sur le seuil, et quand j’avais pris la main de Mew, j’avais pressé la fiole contre sa paume. Cela avait été plus efficace que la prière, bien que j’eusse tenu parole et passé une heure à genoux pour lui, le soir même.
    Je me levai du banc et descendis le sentier vers le fleuve avec précaution. Je saignais encore, moins pourtant, à présent.
    Que pouvait bien tramer Catherine Grey ? Elle s’était gravement compromise, peu auparavant. Elle avait de qui tenir. Sa mère, nièce du roi Henri, avait été la plus grande intrigante que le monde eût jamais portée. Elle avait manœuvré comme un pion la sœur de Catherine, Lady Jeanne Grey, dont la mort sur le billot aurait dû décourager toute velléité de comploter contre la reine. Cependant, je savais mieux que quiconque que cet avertissement n’avait pas été tout à fait dissuasif.
    Catherine avait trouvé une amie véritable, bonne et sensée, en Jane Seymour, cette même Jane Seymour qui venait de disparaître. Celle-ci avait toujours été fragile. Désormais, Catherine n’avait plus personne pour la guider par de bons conseils.
    Néanmoins, si je devais la suivre comme son ombre à la cour, il me faudrait user de prudence. Elle ne m’aimait pas. Cela représenterait un défi, cependant je me sentais tenue de le relever, pas seulement pour le gain d’argent mais dans l’intérêt de Catherine. Si elle s’apprêtait à commettre quelque sottise, je pourrais peut-être, en étant assez prompte, l’en détourner avant qu’elle ne risque sa tête.
    Souriant à Bridget et aux enfants en passant devant eux, je me dirigeai vers le débarcadère. Près de la rive, à l’abri de la jetée, l’onde était calme en dépit du vent et je voyais mon visage s’y refléter. Je ne ressemblais pas à Élisabeth, car elle avait les cheveux roux clair et des yeux d’un brun doré, tandis que mes cheveux étaient noirs et mes yeux noisette, paraissant souvent plus foncés. Cependant, comme elle, j’avais le visage pointu et le teint laiteux. Alors que je le contemplais, je remarquai soudain qu’il avait lui aussi la

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