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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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écarté ? Je le voudrais, cependant le señor Borghese m’a aussi remis ceci.
    Se tournant, il se pencha vers le buffet derrière lui pour prendre un document qui se trouvait à portée de main, et me le tendit.
    — Il s’agit d’une copie fidèle à l’original, m’a assuré le señor Borghese. Sa lecture vous contrariera. J’en suis désolé.
    L’après-midi était sombre. Cecil poussa une chandelle vers moi. Je tendis le parchemin vers la flamme et le parcourus des yeux.
    — Oh, non ! m’écriai-je, consternée, quand j’eus fini.
    J’étais si bouleversée que, pendant quelques instants, j’oubliai mon dessein à demi formé de me rendre en France. Je me trouvais transportée par la pensée à l’automne précédent, avant mon mariage avec Matthew, quand je voyageais dans le Berkshire. J’avais passé quelques jours à Lockhill, chez Leonard et Ann Mason, et ce séjour, quoique bref, était resté dans ma mémoire.
    Par quelle amère infortune fallait-il que, dans ces circonstances précises, je rencontre le nom de gens que j’appréciais et qui m’avaient offert leur toit ? Je les revoyais comme s’ils se tenaient devant moi.
    Leonard, érudit et intelligent, me rappelait Cecil par certains aspects. Ils étaient de la même étoffe, toutefois le secrétaire d’État trouvait en sa femme une égale par l’intellect, et cette union heureuse l’aidait à conserver son humanité. Ann Mason, manquant de servantes et débordée par une abondante progéniture, Ann la ménagère qui éprouvait un respect craintif pour son mari sans le comprendre le moins du monde, la pauvre Ann était sans cesse harassée, tandis qu’il se réfugiait dans ses traductions et ses savants ouvrages pour échapper au bruit et au désordre.
    C’était une maisonnée chaotique, mais unie à sa manière. Si l’on découvrait que Leonard Mason était impliqué dans un complot, Ann et les enfants souffriraient terriblement, de chagrin autant que de honte, et si brèves qu’eussent été mes relations avec eux, je me rendis compte que cela m’importait.
    De Quadra n’avait pas été le tentateur, semblait-il. Son correspondant se contentait de l’informer d’un élément susceptible de l’intéresser. Ce complot, s’il existait, n’avait pas ses racines en Espagne, mais en France. Quelques instants plus tôt, le nom de Marie Stuart avait été lancé sciemment dans la conversation. Jolie, charmante, ambitieuse, Marie Stuart se croyait le droit d’être reine d’Angleterre et d’Écosse, et se faisait annoncer ainsi par les hérauts lorsqu’elle se rendait à la chapelle. Cecil avait raison. Le danger demeurait. Il ne me restait qu’à prier que l’auteur de cette lettre se trompât du tout au tout. Quel qu’il fût.
    Le nom au bas de la page, copié d’une écriture nette et impersonnelle, était « Jackdaw 4  ». Cela ne signifiait rien pour moi.
    — « Jackdaw » est-il le nom d’emprunt d’un espion ? demandai-je à Cecil. Qui est-ce ? Le savez-vous ?

CHAPITRE IV

Le gros d’argent du roi Henri
     
    Cecil, mince et bien tourné, ne paraissait pas ses quarante et quelques années, sinon par ses yeux bleu clair, las et expérimentés.
    — Oh oui, je connais son identité ! répondit-il. Son véritable nom est Jack Dawson. Ou peut-être devrais-je dire « était », car il est mort.
    — Mort ?
    L’expression des yeux avisés s’assombrit.
    — Il espionnait pour le compte de l’évêque de Quadra. Jackdaw était un nom de code, en effet. Nous savions tout de lui, grâce aux bons soins du señor Borghese. Il s’était installé à Windsor et exerçait en apparence le métier de colporteur. Il avait sa tournée régulière, mais il ne refusait jamais de s’écarter de sa route pour porter un message – il rendait service, en quelque sorte. Dieu seul sait combien de confidences intimes ont été lues par Jackdaw, en toute quiétude !
    — Que lui est-il arrivé ? m’enquis-je.
    — Il logeait chez une veuve âgée dans les faubourgs de Windsor et se déplaçait en barque sur le fleuve. Début janvier, il est parti un soir, par une nuit sans lune, rendre visite à une jeune femme de l’autre côté de la Tamise. Le lendemain, on trouva la barque retournée, voguant à la dérive, puis, en aval, le corps de Jackdaw, contre un ponton près de Kingston.
    Il s’arrêta et garda le silence.
    — Noyé ? hasardai-je.
    — Difficile à dire. Le corps portait de multiples

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