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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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à l’autre bout du jardin d’ifs et il y fait très froid, aujourd’hui, mais j’ai dans mon bureau quelques figures présentant mes résultats. Aimeriez-vous les examiner ?
    J’aurais accueilli avec intérêt cette occasion de me familiariser avec le bureau, cependant Mason ne s’adressait qu’à Rob. Celui-ci répondit par un « Naturellement ! » courtois et les deux hommes s’en furent, emmenant leur verre. Les dames n’étaient pas invitées.
    Je dus donc refréner mon irritation et restai avec Ann. Dégustant mon vin, je lui demandai où étaient ses petits chiens.
    — L’un d’eux est mort de maladie, puis un autre est passé sous les roues de notre carrosse alors que mes garnements le pourchassaient. Le tout dernier est devenu vicieux à cause de leurs taquineries et a mordu Cathy. Nous lui avons trouvé un foyer chez le Dr Forrest, le prêtre anglican du village. Les enfants s’en sont attristés, mais ont dû comprendre que c’était la conséquence de leurs actes. Cela les a calmés un peu.
    — Puisque je suis venue vous aider à parfaire leur éducation, voudriez-vous me parler d’eux ?
    — Bien sûr ! George a treize ans et Philip douze. Ensuite il y a Penelope, qui vient d’avoir onze ans. Elle a l’esprit vif et, depuis quelque temps, elle s’intéresse à ses études. Elle assiste maintenant aux leçons de latin et de grec avec ses frères – quoique, je le crains, elle soit encore indisciplinée. Ils le sont tous ! Puis il y a Jane, qui a neuf ans, et Catherine – chaque famille se doit d’avoir sa Catherine, n’est-ce pas ? – dont on a fêté les sept ans en novembre dernier. Mon petit Henri n’a pas encore dix-huit mois. Il n’est pas désobéissant, mais le deviendra sans doute ! Il dort, pour l’instant. Bien entendu, vous vous occuperez surtout des filles.
    — Sept en tout ! Vous avez donné naissance à une grande famille !
    — Ils m’épuisent quelquefois, avoua Ann, buvant à petites gorgées et paraissant un peu embarrassée, comme si d’ordinaire elle ne s’asseyait jamais pour se désaltérer tranquillement. Enfin, c’est le rôle de la femme en ce monde.
    Je ne répondis pas. Dale n’avait jamais été enceinte – à son profond soulagement, m’avait-elle confié. Quant à moi, malgré la force de mon amour pour Meg, j’avais tant souffert à sa naissance que Gerald m’avait appris à me servir d’une éponge imprégnée de vinaigre pour éviter la conception. Nous attendrions, m’avait-il dit. Mettre ma vie en péril eût été risquer de priver la petite Meg de sa maman. J’en avais été reconnaissante, mais je ne pensais pas qu’Ann le comprendrait.
    Elle remarqua mon silence, toutefois, et changea de sujet.
    — Si vous avez terminé, aimeriez-vous que je vous montre votre chambre ?
    C’était celle-là même que Dale et moi avions partagée auparavant, très claire, avec des murs blanchis à la chaux et un haut plafond à poutres apparentes. Les fenêtres surplombaient le jardin entretenu selon l’art topiaire, entre les deux ailes de la maison. Les ifs offraient un aspect lugubre. Les buissons étaient taillés plus ou moins en forme de pièces d’échiquier, mais comme tant de choses à Lockhill, ils avaient besoin d’être rafraîchis. Le bâtiment en bois, à peine visible au-delà, devait être l’atelier.
    La chambre était bien rangée, et pendant qu’Ann nous montrait la garde-robe vide et tirait le lit d’appoint pour Dale, Jennet entra, des serviettes sur le bras, un broc d’eau chaude à la main. Le savon se trouvait déjà sur la table de toilette.
    — Là ! approuva Ann. J’espère que vous serez bien. Nous dînons dans une heure. Plus tard, je suppose que vous voudrez parler à mes filles, Mrs. Blanchard – cela ne vous ennuie vraiment pas que l’on vous appelle ainsi, j’espère ? Leonard dit…
    — Oui, qu’il veut suivre l’usage moderne.
    Je n’appréciais guère cette forme d’adresse particulière, mais je constatais qu’elle se répandait.
    — Cela m’ira très bien, assurai-je.
    — Parfait. Leonard n’est pas indifférent, expliqua Ann, mais souvent distrait. Son travail occupe tout son esprit. Parfois, il reste dans son bureau jusqu’au milieu de la nuit, puis il s’assoupit dans la pièce voisine afin de pouvoir reprendre dès l’aube. Ou alors, il vient se coucher, mais se relève parce qu’une idée lui est venue et qu’il veut l’explorer

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