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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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cris des enfants ! Vraiment !
    Avec ou sans chiens, pensai-je, sidérée, cette maison devenait de plus en plus chaotique. Ann envoya Jennet à la cuisine pour nous apporter du vin, puis elle reparut, se frottant le front du bout des doigts comme si elle avait la migraine.
    — Je suis navrée de tout ce remue-ménage. Qu’allez-vous penser de nous ?
    Elle déplaça le chat et les affaires afin que nous puissions nous asseoir.
    — Ah ! Voici Jennet.
    — C’est le vin du Rhin, madame. Je ne trouvais pas Redman, alors j’ai choisi au hasard. Est-ce que ça ira ?
    Elle était jeune – une quinzaine d’années –, quoique grande et forte. Elle avait des gestes lents et lourds, de grands yeux marron dans un visage rond, et sa voix, teintée de l’accent du pays, trahissait sa conviction que le vin du Rhin n’irait pas du tout. Ann se borna à la remercier et lui dit de donner des verres. Il y en avait un pour Dale aussi, ce que j’appréciai. Jennet remporta le plateau, tandis qu’Ann souriait avec douceur à la ronde.
    — Je vous dois moi aussi des excuses pour la frayeur que la machine volante de Leonard a causée à vos chevaux. Ces derniers temps, il s’intéresse à l’œuvre de son homonyme, Léonard de Vinci. Avez-vous entendu parler de lui ?
    — Un artiste toscan, n’est-ce pas ? répondit Rob. Je savais qu’il peignait, mais non qu’il avait expérimenté des engins d’aucune sorte.
    — Oh, mais si ! Mon mari dit que c’était un inventeur de génie, qui a laissé des plans et des théories concernant maints projets singuliers. Il a même eu la vision d’ailes capables d’emporter les hommes à travers le ciel, ajouta-t-elle avec une crainte révérencieuse. Je n’entends pas grand-chose à ces questions, mais elles exercent une véritable fascination sur Leonard. Il veut développer certaines de ces idées.
    — Mais à quoi peut servir un faux oiseau ? objecta Rob.
    — Mon mari pense qu’on pourrait en fabriquer de plus grands, assez solides pour transporter un homme.
    — Ce serait beaucoup trop lourd ! s’exclama Rob. Ils s’écraseraient au sol. Aucune personne sensée ne serait volontaire pour l’essayer !
    — Je l’essaierais moi-même, répliqua Mason d’un ton cassant en entrant dans la pièce.
    Ann se mordit la lèvre. Je compris que ce sujet avait déjà nourri des discussions et que son mari restait sourd à ses protestations.
    — Mes théories, poursuivit-il, sont pour la plupart le fruit de ma propre réflexion. De Vinci n’avait fait que les ébaucher.
    — J’ai entendu parler de ses théories, intervins-je. Mon…
    Je faillis dire « mon premier mari », mais m’arrêtai juste à temps. Je devais prendre garde.
    — Mon mari, Gerald, en parlait quelquefois. D’après lui, de Vinci croyait que les hommes trouveraient le moyen de voler en étudiant les oiseaux. Là résidait le secret.
    — À l’évidence, votre époux s’intéressait à toutes sortes de domaines, approuva Mason, assez courtoisement cette fois. Il avait raison. À ceci près, ajouta-t-il, avec le regret et la pointe d’agacement du professeur dont l’élève favori ne répond pas à ses attentes, que de Vinci n’a jamais percé ce secret. Sa réflexion se fondait toujours sur les battements d’ailes, or j’ai observé les faucons et les mouettes. Ils se laissent porter par le vent, les ailes tendues et immobiles. Le secret pourrait-il résider, non dans le mouvement, mais dans la forme des ailes et leurs proportions par rapport au corps ? En outre intervient l’élément de la vitesse. Quand les canards et les cygnes prennent leur essor dans l’eau, ils doivent d’abord s’y préparer et c’est tout un remue-ménage ! Je songe à me projeter depuis la tour à l’aide d’une catapulte, comme on en utilisait pour lancer des blocs de pierre pendant les sièges. En obtenant une vitesse suffisante au départ, on pourrait inventer une machine aux ailes rigides, capable de planer comme un faucon au-dessus d’un terrain, ce qui s’avérerait utile en temps de guerre.
    — Ah ! Maintenant l’idée semble vraiment valable… à condition qu’elle soit possible.
    — Et pourquoi pas ? Nous vivons à l’ère des découvertes, argua Mason. Explorations, progrès, inventions, la connaissance humaine s’étend chaque jour davantage. J’ai expérimenté différentes formes d’ailes, placées à des angles variés dans une rivière. Mon atelier se trouve

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