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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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d’étain étaient astiqués avec soin.
    En regardant alentour, je remarquai que, comme les Cecil, les Mason avaient embelli leur salle à manger depuis ma dernière visite. Là aussi, je découvris de nouvelles tapisseries. Au lieu des anciennes, toutes fanées, les murs se paraient de panneaux aux riches couleurs célébrant le retour du fils prodigue.
    Rob suivit mon regard et remarqua à l’adresse de Mr. Mason :
    — Elles sont splendides. Florentines, n’est-ce pas ?
    Mason s’était mis en frais pour ses hôtes, revêtant un pourpoint cintré en soie fauve, brodée de feuilles bleues et vertes. Le Dr Crichton, en revanche, était toujours aussi mal fagoté dans sa robe d’un noir douteux. Décidément, il n’avait aucune prestance. Les enfants, bien lavés, en brocart et collerette, étaient de loin plus élégants que leur maître.
    Au lieu de répondre à Rob, Mason regarda Crichton, qui confirma avec assurance :
    — Tout à fait exact, Mr. Henderson. L’artisan venait de Florence. Les étoffes drapées dont les personnages sont vêtus se retrouvent dans bien des tableaux florentins.
    Je m’étais tournée pour observer le panneau le plus proche.
    — Je pense… commençai-je, mais Leonard Mason m’interrompit.
    — En fait, bien qu’il soit trop modeste pour le dire, ces tapisseries appartiennent à Nicholas Crichton. Un oncle les lui a laissées en héritage. N’ayant pas de maison où les accrocher, il me permet avec bonté d’en décorer mes murs. Je n’aurais jamais les moyens d’en acquérir d’aussi belles. Celles que je possède me viennent de mon père et sont rongées aux mites. Je suis reconnaissant à Crichton de me prêter les siennes.
    — Et moi, je suis heureux de disposer d’un endroit où accrocher mon héritage, répondit le précepteur, dont la voix plate et monocorde expliquait qu’il obtînt peu d’attention de ses élèves. Mon oncle les possédait depuis des lustres, mais par bonheur elles sont demeurées en bon état. Sur ces murs, elles continuent à procurer du plaisir ; nous pouvons les contempler et discuter de l’art italien. Et cela, les enfants, est en partie la raison pour laquelle je désirais que vous preniez vos repas avec nous. Ce faisant, vous apprenez non seulement à vous tenir en société, mais vous améliorez votre éducation en écoutant une conversation intelligente. Penelope !
    La fillette, qui venait de pousser un cri strident, envoya un coup de poing à Philip, assis à côté d’elle. Je les fixai, sidérée.
    — Il m’a balancé un coup de pied ! s’indigna-t-elle.
    — Les garçons, dit Leonard Mason avec froideur, je songe à vous trouver un pensionnat. Le Dr Crichton pourra continuer ses leçons à vos sœurs, mais il est temps que vous complétiez votre instruction loin de la maison. Quoique je le regrette, vous vous verrez soumis à un régime plus sévère que je n’ai permis à Crichton de vous l’imposer. Une conversation intelligente, vraiment ! Comment peut-on tenir la moindre conversation, si elle doit être ponctuée de telles interruptions ?
    Cependant, Rob Henderson se révélait d’une nature espiègle.
    — Tu as flanqué un coup de pied à ta sœur ? demanda-t-il à Philip. Pourquoi ?
    Maussade, l’enfant appuya le bord de sa cuiller contre une boulette et refusa de répondre. Penelope s’en chargea à sa place :
    — Il croit que ça ne sert à rien que les filles écoutent des conversations intelligentes, parce que, d’après lui, elles ne sont même pas capables d’y participer. Il m’a frappée pour me le rappeler.
    George étouffa un rire, et Jane et Cathy pouffèrent. D’un ton grave, je fis observer :
    — La reine d’Angleterre ne serait pas d’accord avec Philip. La reine Élisabeth a l’esprit le plus brillant que j’aie jamais vu et peut suivre tous les méandres d’un débat entre érudits.
    — Et je suis convaincue, ajouta Ann, que la reine Élisabeth ne donnerait ni coup de pied ni coup de poing. N’est-ce pas, Mrs. Blanchard ?
    — Certainement pas, assurai-je avec une bonne foi contestable.
    Je n’avais jamais vu la reine se comporter de la sorte, mais elle giflait parfois ses demoiselles d’honneur, et elle avait un jour lancé une chaussure à Lady Katherine Knollys pour avoir osé remarquer que, étant donné sa réputation, Robert Dudley était admis trop souvent dans les appartements royaux. Élisabeth était moins exemplaire qu’on aurait pu le

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