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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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s’intéresse aux recherches et aux inventions, continua Ann, aussi est-il toujours le bienvenu. Les hommes disparaissent alors dans le bureau ou dans l’atelier. C’est agréable pour Leonard d’avoir quelqu’un à qui parler. Crichton montre une certaine réticence à l’aider.
    Je le savais déjà. Je m’étais promenée deux fois dans le jardin d’ifs pour observer l’atelier et, la seconde, j’avais trouvé Mason en train de fixer sa dernière création, faite de toile et de bois, à coups de maillet, tandis que Crichton maintenait nerveusement le clou. De toute évidence, il craignait pour ses doigts et n’avait aucun goût pour cette occupation.
    L’après-midi, les enfants montaient parfois à cheval. Ann essayait aussi d’apprendre aux filles à tenir une maison, sans beaucoup de succès, car le cuisinier, Stephen Logan, qui était gros et colérique, et son épouse, la femme de ménage maigre et anguleuse, détestaient les avoir « dans les pattes ».
    Le soir, je me chargeais de coucher les filles, puis Dale et moi allions à la cuisine bavarder avec les Logan et les servantes tout en nous préparant une tisane bien chaude. Les Logan se montraient assez courtois envers nous. Ils travaillaient dur et Stephen avait des raisons d’être irascible, car son marmiton était mort quelque temps plus tôt et n’avait pas été remplacé. Il devait maintenant tourner lui-même sa broche.
    Ils avaient un fils, Edwin, robuste et austère, qui vivait au village mais s’occupait du jardin de Lockhill avec deux autres jeunes gens. Il faisait en outre office de boucher au domaine ; il abattait les volailles et le bétail et découpait les carcasses dans l’arrière-cuisine, pourvue d’un attirail macabre de couteaux et de tranchoirs.
    Je n’avais pas vraiment noué connaissance avec le majordome, Redman, mais je mettais un point d’honneur à causer avec les deux servantes quand je le pouvais. Joan était une veuve entre deux âges ; Jennet, comme je le supposais, n’avait que quinze ans. Toutes deux peinaient à la tâche. Lockhill manquait terriblement de personnel.
    Le dernier membre de la maisonnée était la femme de chambre d’Ann, Tilly. Celle-ci était vieille et souffrante, et c’était plutôt Ann qui veillait sur elle que l’inverse. Tilly disposait d’une petite chambre où elle prenait la plupart de ses repas sur un plateau. Je n’avais vu d’elle qu’une silhouette grise et fantomatique errant dans les couloirs. Je ne lui avais encore jamais parlé.
    Je réussissais enfin à me repérer. Le manoir se composait pour l’essentiel d’une façade flanquée de deux ailes vers l’arrière, encadrant le jardin d’ifs. Le grand hall, qui avait la hauteur de deux étages et occupait une large partie du bâtiment principal, était encore plus immense, auparavant ; il avait été cloisonné et doté d’un plafond bas quelque temps plus tôt, afin d’aménager au-dessus deux chambres à coucher supplémentaires – dont la mienne. La partie du hall qui subsistait était appelée la « longue salle » et servait de passage entre les deux ailes.
    Quand on recevait, m’avait expliqué Joan, le dîner était servi dans le hall et les plats rassemblés dans la longue salle, sur les coffres qui renfermaient le matériel de tir à l’arc.
    J’avais aussi appris, à mon grand dam, que non seulement le bureau de Mason pouvait être occupé la nuit, mais qu’il était situé au fin fond de l’aile ouest. Pour y entrer, il fallait d’abord traverser la classe du Dr Crichton, puis une longue galerie glacée et, enfin, l’antichambre où Leonard dormait parfois. Pour s’y rendre de sa chambre à coucher, il lui fallait passer devant ma porte. J’avais ainsi l’explication des pas entendus durant la nuit.
    Je cousais à petits points, réparant un accroc dans la broderie du pourpoint fauve de Mason. Le samedi précédent, j’avais découvert Ann qui s’efforçait de le raccommoder à la hâte, avec une irritation fort peu dans son caractère.
    — Leonard tient beaucoup à ce pourpoint, mais la broderie demande de la patience et la pauvre Tilly ne peut plus m’aider.
    J’avais proposé de le faire pour elle, et maintenant je m’y employais, l’esprit ailleurs, heureuse de voir les filles absorbées par leur nouveau projet. À la fin de la semaine, Mason avait arboré un pourpoint de satin crème orné de motifs géométriques – le point noir espagnol, très en vogue

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