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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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politique : l’ Utopie de Sir Thomas More, Le Prince de Machiavel – la reine les possédait, et je les avais vus aussi chez Sir Thomas Gresham. Venait ensuite une bonne collection de recueils de poésie, en plusieurs langues, et quelques livres de théologie.
    Rien d’inattendu, donc. Je me tournai vers la table de travail. Formant un contraste aigu avec la classe de Crichton, elle était dans un ordre parfait : des documents rangés en piles, des livres encore, pour certains contenant des marque-pages, des coffrets à charnières en laiton et plusieurs plateaux de bois, qui semblaient être la méthode de Mason pour trier ses papiers.
    J’hésitais, me demandant par où commencer, quand des pas rapides approchèrent dans la galerie. La voix de Brockley, basse mais urgente, m’appela.
    Je battis en retraite, fermant les portes derrière moi, et je le rejoignis dans la galerie où il avançait d’un pas rapide et militaire.
    — Redman arrive, madame. Il ne fait pas sa sieste comme vous le pensiez. Je l’ai entendu dire à quelqu’un en bas qu’il montait d’un moment à l’autre pour allumer le feu dans cette galerie.
    — La peste soit de lui !
    Brockley leva les sourcils, mais je secouai la tête.
    — Inutile de me reprocher mon langage. Je suis furieuse. Pareille occasion ne se présentera plus. Les Mason ne sortent pas souvent, au dire des servantes.
    Cependant, on n’y pouvait rien changer. Je n’osai rester dans le bureau alors que Redman se trouvait à proximité. Il pouvait entrer pour une raison quelconque. Avec Brockley, je courus vers la salle de classe. Mais, à la porte, il s’arrêta net et me fit signe d’attendre. Par-dessus son épaule, je vis la vieille Tilly, plus spectrale que jamais dans sa robe grise, apparaître de l’aile est et glisser sans bruit vers l’escalier. Nous la laissâmes partir avant de sortir de la classe, pour nous retrouver nez à nez avec Redman, qui arrivait déjà par l’escalier de service, une chandelle allumée à la main.
    Nous n’eûmes pas d’autre choix que de nous écarter, comme si de rien n’était, mais je me sentis rougir. J’espérais que, par ce sombre après-midi, cela ne se verrait pas.
    — Il y a un bon feu au salon, Mrs. Blanchard, fit-il en passant, mais le maître a dit que la famille s’assiérait dans la galerie quand la maîtresse et lui rentreraient. On attend du monde. Je vais allumer maintenant, en espérant qu’il fera assez chaud ce soir.
    Il jeta vers moi un coup d’œil curieux. L’après-midi n’était visiblement pas assez sombre. Il entra dans la classe, puis ses pas s’éloignèrent.
    Brockley, retournant sans bruit en arrière, observa le majordome sans se faire voir. Il s’en revint à pas de loup.
    — Il est allé tout droit dans l’antichambre de Mr. Mason. Je pense qu’il voulait vérifier si le lit était défait.
    — Quoi ?
    Je scrutai le visage de Brockley. Ses traits naturellement inexpressifs rendaient difficile de savoir quand il était sérieux ou quand il plaisantait. Toutefois, je le connaissais bien, et je discernai un pétillement amusé dans ses yeux gris-bleu. Je le fis disparaître d’un froncement de sourcils.
    — Je suis navrée, Brockley, répliquai-je avec froideur. Je ferai part de cet incident à Dale. Il me déplairait qu’elle soit blessée par de stupides commérages. Et vous aussi, d’ailleurs.
    Il inclina la tête poliment et n’en dit pas plus. Mon étrange et peu féminine profession était, hélas, par trop semée d’embûches.

CHAPITRE IX

Chasse aux ombres
     
    On ne m’avait pas prise sur le fait. Rien ne s’était passé, excepté qu’aux yeux de Redman ma réputation avait pâti. La tâche que je m’étais fixée m’effrayait depuis le début, et mon échec m’ébranlait au point que c’en était ridicule. Comment, dans une telle maison, trouver un répit suffisant pour mener mon enquête sans danger ? Je ne pouvais, pour l’instant, songer à une nouvelle tentative. Je libérai Brockley et Dale jusqu’au lendemain matin.
    — Je dégraferai moi-même mes manches, dis-je à Dale. Pour le moment, je vais m’asseoir au salon, s’il y fait vraiment bon.
    Une douce chaleur y régnait en effet. J’apportai le pourpoint que j’avais entrepris de raccommoder et m’installai près du feu, sur une banquette ornée de coussins. Enfilant mon aiguille, je sentis cette atmosphère domestique m’envelopper telle une vieille mante confortable.

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