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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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complices juste devant la salle de classe.
    — Vous connaissez votre mission ? leur demandai-je.
    — J’attends ici et je guette tout mouvement, en bas ou à cet étage, répondit Brockley. Fran surveille en haut. Si besoin est, nous allons vous chercher le plus vite possible. Peu importe que l’on vous découvre dans la galerie, mais pas au-delà.
    — Parfait.
    — Madame, je préférerais que vous renonciez.
    — Franchement, moi aussi, mais je n’ai pas le choix. J’ai écrit à Cecil pour lui demander de mener une certaine enquête de son côté, mais il est trop tôt pour qu’il ait eu des résultats. D’ici là, je dois tâcher d’exécuter la besogne dont on m’a chargée.
    Je tendis l’oreille. La maison était tout à fait silencieuse.
    — Maintenant ! décidai-je.
    Dale gravit les marches à pas feutrés pour prendre son poste. J’adressai un signe de tête à Brockley, puis entrai dans la classe. Elle était dans un désordre effarant, les chaises repoussées, les deux tables jonchées de livres, d’ardoises et de plumes. J’eus envie de ranger, mais je n’étais pas là pour cela. Je traversai la galerie en courant.
    Celle-ci avait été conçue afin que les dames de la maison puissent se promener à la mauvaise saison, et je mis du temps à la parcourir. À cet instant, j’étais encore dame Ursula Blanchard, en congé de la cour et instructrice des petites Mason. Peu importait que quelqu’un surgisse à l’improviste. Je n’avais encore rien fait d’incompatible avec mon personnage.
    Dès que je franchirais la porte à l’extrémité, je deviendrais une espionne. Mes actes devraient rester secrets, car je ne pourrais les justifier. Depuis mon arrivée, personne n’avait cherché à me nuire, mais si j’étais découverte…
    Jack Dawson, alias Jackdaw, avait-il été surpris alors qu’il cherchait à savoir ce qui se tramait au manoir ?
    Jackdaw était mort.
    Des courants d’air glacés filtraient dans la galerie. Un feu avait été préparé dans la cheminée, mais pas encore allumé. La porte tout au bout était fermée ; je tirai le verrou, de mes doigts engourdis. Telle était donc la petite pièce où Leonard Mason dormait quelquefois. Des couvertures et un oreiller étaient posés sur un divan. Je laissai la porte ouverte derrière moi, au cas où Dale ou Brockley m’appelleraient, et m’approchai du bureau. Ann me l’avait montré brièvement en me faisant faire le tour du propriétaire, ne me laissant jeter qu’un coup d’œil à l’intérieur. Pour elle, c’était là le temple de l’érudition, que l’on se devait de traiter avec silence et respect. La porte s’ouvrit lorsque je la poussai. Leonard s’abstenait de fermer à clef, tenant pour acquis que nul n’entrerait dans son sanctuaire sans y être invité.
    Vue du seuil, la pièce était à coup sûr la plus triste de la maison. Elle mesurait environ quatorze pieds sur dix, avec de larges fenêtres à demi occultées par les livres empilés sur leur rebord. Les pans de mur visibles étaient lambrissés de bois sombre, les autres disparaissaient derrière des bibliothèques croulant sous les volumes à reliure de cuir brun, et une énorme armoire en chêne, à double porte. Je me demandai comment on avait pu manœuvrer ce meuble monumental et le faire passer par la porte.
    Le parquet nu n’était égayé que par un seul tapis en fourrure marron, et la chaise du bureau, unique siège de la pièce, était garnie d’un coussin recouvert de velours brun. L’encrier et le chandelier à trois branches, sur la table de travail, étaient en étain. L’air sentait le vieux cuir, le suif et le renfermé.
    Il y faisait aussi froid que dans la galerie. Le petit foyer était vide. Laissant également cette porte-ci ouverte, je m’avançai sur la pointe des pieds et j’inspectai les étagères.
    Les ouvrages étaient de ceux qui figurent dans la bibliothèque de tout gentilhomme ou érudit. Certains étaient en latin ou en italien, un ou deux en français. Mason, je le savais, était versé dans les langues, cependant il se passionnait pour de nombreux sujets. L’astronomie en faisait partie, de même la géographie et l’histoire.
    Je reconnus les New Chronicles of England and France, de Robert Fabyan – que le précepteur de mes cousins nous avait fait étudier. Les étagères suivantes contenaient des traités de théorie musicale. À côté voisinaient des ouvrages de philosophie et de

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